Ce genre de billet pourrait être une série, d’ailleurs c’est le deuxième du genre.
Eh si ! il y a quelques années (4 pour être exacte… bouh que le temps passe vite !!), j’avais raconté l’expérience ultimement désagréable que j’avais vécue avec une secrétaire médicale absolument abjecte.
Quand je reviens encore plus en arrière, au moment de mes recherches immobilières acharnées, et que j’avais trouvé une petite maison dans laquelle je transposais bien volontiers tous mes rêves d’avenir, j’étais aussi tombée sur une belle représentante du club bien connu des connasses.
Mais cette fois, c’était une conseillère financière.
– Hum… Alors… Voyons voir ce que nous avons là…
La conseillère financière quitte enfin l’air effaré qui s’est dessiné sur son visage lorsqu’elle nous a accueillis mes cheveux bleus et moi et se plonge plus sérieusement dans mon dossier.
– D’accord, c’est pour une maison individuelle c’est bien ça ?
Je n’ose pas répondre trop vite, afin de ne pas l’effrayer une fois de plus. Je choisis donc ma petite voix polie et hésitante de jeune fille bien élevée pour lui répondre.
– Oui, tout à fait.
J’en avais fait des visites… des maisons aux chambres sous les toits dans lesquelles je ne pouvais même pas me tenir debout (j’ai imaginé le bordel pour changer la housse de couette), des dépendances avec un jardin au passage obligé pour les autres locataires (j’ai imaginé le barbecue entre potes interrompu et la table décalée pour laisser passer la voisine et sa grosse poussette), des copropriétés avec des escaliers trop étroits (j’ai imaginé monter le frigo le jour du déménagement)…
Malheureusement, avec la poisse des gens qui n’ont jamais bien su choisir leur moment, je me suis retrouvé à chercher la perle rare en plein milieu d’une crise gonflant les taux de prêts, avec mon petit PEL minable sous le bras et la tête d’une vierge candide persuadée qu’elle va rencontrer le grand amour immobilier en trois minutes et vingt-huit secondes.
Ça m’a pris un peu plus de temps, mais finalement je l’ai
trouvée la maison de mes rêves !
Une petite bicoque, à deux pas de chez ma mère, adorable au milieu d’un jardin
pas bien grand mais privatif, quelques pièces toutes refaites, un bilan
énergétique au poil et même une cheminée et une chambre d’amis.
Pas bien grande et face à la nationale d’accord, mais un petit rêve de banlieue
quand même.
Je m’y voyais très volontiers !
– Vous avez des crédits en cours ?
– Non, aucun.
Je suis fière de moi.
De son côté, un très discret sursaut de sourcil m’indique qu’elle aurait parié le contraire. Je sens qu’elle me juge, qu’elle ne s’en cache même pas et ça commence à me déplaire.
– Et vous avez un peu d’apport je vois…
– Effectivement, je peux apporter environ le quart du prix d’achat avec mon PEL.
Cette phrase sort trop spontanément de ma bouche et assortie
d’un ton trop hautain, je m’en rends compte au moment même où je l’achève.
Pourtant cet argent j’en suis très fière, moi qui suis plutôt du genre panier
percé, j’ai réussi à sauvegarder un compte et à y placer tout ce que j’appelle
« l’argent des morts ». Il s’agit des deux héritages qui m’ont été
accordés dans ma vie, celui de ma grand-mère maternelle et celui, plus récent,
de mon géniteur.
Par excès de sensiblerie, il me semblait inconcevable de dépenser cet argent autrement que pour quelque chose de vraiment sérieux. J’ai décidé à juste titre que l’acquisition de mon indépendance aujourd’hui, à 31 ans, 8 mois et 9 jours était le motif idéal.
La conseillère pose très brusquement mon dossier sur son grand bureau et me fusille de ses petits yeux perçants.
– Un quart si on s’en tient uniquement au prix, mais vous oubliez les frais d’agence, les frais de notaire et aussi les quelques frais bancaires nécessaires à l’ouverture d’un crédit immobilier. Finalement le prix de ce bien est au-delà de ce que vous pouvez vous permettre d’acquérir. Je suis désolée mademoiselle mais votre projet est fantaisiste et illusoire !
Je reçois ces deux derniers mots en pleine figure et je suis
estomaquée d’un tel revirement de situation.
Il y a juste 3 semaines, cette même conseillère m’avait assuré au téléphone que
le crédit passerait, je me suis donc pointée sur le marché de l’immobilier
toute confiante, et voilà que cette Messaline tranche en faveur de l’exact
inverse maintenant que nous sommes face à face. Serait-ce la couleur de mes
cheveux qui lui aurait fait changer d’avis ?
En vérité, ce qui m’ennuie le plus, ce n’est ni le vocabulaire antipathique ni l’affront du refus, mais c’est surtout le fait d’avoir déjà signé la promesse de vente à l’agence. Cette maison est mon coup de cœur, l’agent immobilier assurait que selon lui ça passerait, tout le monde disait qu’avec mon emploi stable de fonctionnaire de l’état, cette sécurité d’emploi, mon absence de crédits, mon apport et ma chance habituelle, je ne pouvais pas passer à côté !
Il semblerait que « tout le monde » se trompe souvent, que les agents immobiliers n’ont parfois pas le compas dans l’œil et que les conseillers financiers ont l’apanage de vie ou de mort des rêves d’installation.
Je reste sans voix pendant un si long moment que la briseuse d’espoirs décide de reprendre la parole d’un ton plus doux, presque chantant qu’on pourrait prendre pour une amorce d’excuses.
– Écoutez, je comprends votre déception mais je suis désolée, le taux d’endettement serait vraiment trop juste. De plus, vous êtes célibataire…
Je tique intérieurement. Que se passe-t-il ? Elle
cherche à me brancher ou quoi ? Quel est le rapport avec la choucroute
exactement ? Il y a un sondage sur la vie sexuelle des clients de la
Banque Populaire ?
Estomaquée je ne réagis pas et lui permets de continuer
– … vous n’avez pas peur ?
Vous savez, acheter seule avec la conjoncture actuelle c’est très compliqué. Je
vous conseille vivement de rencontrer quelqu’un d’abord et vous penserez à
acquérir un bien immobilier ensuite, hein ?
L’effet de sa dernière phrase est immédiat et transforme comme par magie ma déception et ma tristesse en quelque chose de beaucoup plus simple à gérer pour moi : la colère.
Ce soir-là je rentre chez ma mère bien remontée contre cette société qui me lance ostensiblement à la gueule que la norme c’est d’être deux. On verra bien, je leur montrerai…
C’est pas parce que je suis seule que je ne suis qu’une moitié bordel !
Ma petite revanche, c’est d’avoir parlé de cette histoire à son patron 3 ou 4 échelons au dessus. Je n’ai même pas fait exprès, c’était le mec de Julie et il m’a annoncé être un grand responsable APRÈS que je lui aie narré mes aventures… Le karma sûrement.
Et vous ? des conseillères financières connasses dans votre banque ?
Bien joué, montre leur qui tu es…
De mon coté j’ai fait comme toi il ne faut pas s’arrêter à une conseillère, s’il faut prend un courtier (CAFPI, Courtinvest ou autre qui a pignon sur rue).
Je me suis présentée avec mon ami et mon gros bidon il y a 15 ans pour acheter un T3 (c’est le minimum quand on attend un bébé). Elle m’a répondu que je pourrais tout juste acheter une baignoire … Je ne me suis pas démontée, 6 mois après (et quelques déboires quand même) je rentrais dans mon appartement. Et même à 2 nous n’avions pas 125% du prix d’achat de l’appartement (et encore moins frais compris) …
Pfft, la tienne aussi avait l’air d’une sacrée connasse dis donc !
Pour le rachat de mon crédit, je me suis faite aider par Pretto, ils ont été géniaux, il faudra que j’en parle dans un prochain billet !
Voilà un moment que je n’ai plus eu le temps de venir te lire et je tombe sur cet article et je tombe (bouh les répétitions)presque de ma chaise face à ce qu’elle a osé te balancer à la figure!!! Je suis littéralement choquée… Je te confirme c’est une conasse!
Ça fait un moment que je n’ai pas écrit de nouvelles choses aussi (j’ai un bouquin en préparation c’est pour ça :))
Ouais, cette nana, à l’époque elle m’avait sidérée !
Wow, violent… Désolée que tu aies dû encaisser cette déception, surtout de cette manière ! C’est vraiment déplaisant comme moment.