En voyant son nom s’afficher sur mon portable, je me suis réjouie. Probablement qu’elle était dans le coin et qu’elle voulait que nous nous voyions.
Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas croisées, ses études l’avaient menée loin de moi, mais c’est ainsi que va la vie… On les tient au chaud, on les couve en les élevant et puis on les laisse sauter dans le vide sans filet, c’est comme ça.

Entre sa petite sœur et elle, c’est encore elle qui a eu le plus de mal à sauter… La preuve, elle entretient toujours le lien qui nous lie alors que je ne suis rien pour elle, juste son ancienne nounou durant 8 ans.

Je ne me suis pas réjouie longtemps. Ses larmes m’ont immédiatement alertée et je me suis relevée, comme pour mieux l’écouter, comme pour être prête à ce qu’elle allait m’annoncer. J’ai pensé à tout : le chat, les parents, un mec… Tout sauf à ça, et malgré ma volonté je n’étais pas prête, on est jamais prêts à ce genre de chose.

Du haut de sa vingtaine flamboyante, elle m’appelait dès le jour suivant le drame pour m’annoncer le décès de sa petite sœur. Elle a pu trouver ce courage, elle a pu échanger ces mots avec moi, je ne sais pas comment elle a fait !

Les jours ont passé depuis cette inimaginable annonce et je l’ai revue, forcément, aux funérailles.
Je lui ai longtemps tenu la main après avoir parlé.
Je n’imagine pas comment elle a pu traverser tout ça en restant aussi remarquable.

Je l’admire, et je l’aime…