Et pourtant ça commençait bien….


Ma vie de grande malade / mardi, janvier 21st, 2014

IMG_6340L’année dernière avait mal commencé, s’était mal terminée aussi.

Je me suis conditionnée avec beaucoup de volonté à me dire que 2014 serait mieux, mille fois mieux, voire même incomparable, il le fallait, c’était une question de survie.

Ça a bien marché, du moins durant les 19 premiers jours !

Hier, lundi, j’ai été envoyée en CM1 dans une classe que je ne connaissais pas, dans une école que je connaissais peu. Jusqu’ici pas de soucis, remplaçante c’est mon job, et même si j’en ai  vraiment plus qu’assez, eh bien je m’adapte. Je l’ai toujours fait !

On me fait comprendre que c’est une classe difficile. Une fois, deux fois, trois fois, sans compter les encouragements moqueurs des collègues.

Je ne m’en inquiète pas du tout, je travaille dans cette ville depuis 4 ans, alors je sais, j’en ai eu des classes difficiles, ce n’est vraiment pas ce qui me dérange, sinon je n’aurais pas fait ce métier, et encore moins ici.

Effectivement, sur le terrain, ils sont un peu chiants, ils testent pas mal et il faut de la poigne. Mais j’en ai… Mais voilà, deux heures après avoir pris la classe, j’ai été prise tout à coup d’une montée de chaleur impressionnante, élévation du rythme cardiaque, jambes qui tremblent et vue brouillée… Panique. Grosse crise de panique !
Et cet état, couplé aux mises en garde qui m’ont été faites le matin même m’a plongé dans une incapacité paralysante. Je ne pouvais plus m’imposer, je ne pouvais plus rien faire : j’ai eu peur ! Peur de l’image de faible qu’ils pourraient avoir de moi, peur de me laisser dépasser, peur de perdre (encore plus) le contrôle, peur de soudain devenir tout ce que je n’ai jamais été.

J’ai laissé la classe à une collègue et est allée vomir tripes et boyaux, mais ça ne suffisait pas pour que j’aille mieux finalement.
Bien conscients de la petite faille, une poignée d’élèves s’y est engouffrée, assez pour perturber la classe à grand renforts d’objets qui volent ou de petites chansonnettes mais pas assez pour que le chaos soit total.
À 11h30 j’ai pris mes affaires, j’ai prévenu que ça n’allait pas et j’ai filé chez mon médecin généraliste où je me suis copieusement écroulée, en larmes et épuisée…

J’en suis ressortie avec une prescription d’un médicament que je ne prendrai pas (après l’épisode du Séropram je suis terrorisée par ce genre de médocs, je lis la notice et déjà c’est trop pour moi) et un arrêt de travail d’une semaine.

Le plus difficile dans cette histoire, c’est la multitude de doute consécutifs à l’apparition de cette crise d’angoisse…

Et en particulier le pourquoi ?

Pourquoi j’ai angoissé ? Pourquoi à ce moment-là ?
J’ai vécu des situations vraiment bien pires (j’ai été enfermée dans l’infirmerie par un enfant schizophrène, j’ai discuté avec mon agresseur couteau à la main à Jussieu de nuit, je me suis retrouvée à l’aéroport de Dakar sans vol et sans papiers, à la gare de Montpellier de nuit sans train et sans argent, je pars souvent camper seule, à l’arrache, en sauvage ou en festivals…) et je n’ai pas angoissé à ces moments-là !

Alors merde, qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que mon monstre de dépression est toujours là ? tapi dans mes tréfonds, juste à attendre le moment où ça me fera le plus chier pour m’envoyer ses sbires « angoisses » ?
Je fais quoi moi si je ne suis plus capable d’exercer ce métier que j’ai choisi et que je suis si persuadée d’aimer ? Et la honte, qu’est-ce que j’en fais de la honte ?
Parce qu’évidemment que je suis péteuse, j’ai abandonné alors que je suis forte, alors que j’essaye par tous les moyens d’irradier une image de force à tous ceux que je croise, et notamment dans mon boulot. Pas seulement parce qu’il le faut, mais aussi parce que normalement je suis forte !

Mais si ça c’était avant ? Et si aujourd’hui j’étais contaminée, usée, malade ou tout simplement vieille ? Et si je devais tout remettre en question parce que je ne suis plus capable, tout simplement, plus jamais….

Aujourd’hui j’en suis là. Je doute maintenant de ma force d’avant. Et je suis honteuse, sans doute plus que jamais…

Et j’ai toujours eu horreur de douter.
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31 réponses à « Et pourtant ça commençait bien…. »

  1. Lorsqu’il m’arrive des choses à vivre difficile je réagis avec bon sens, confiance, optimiste et puis lorsque tout va bien, un concert, une ballade, un moment de détente j’ai des crises d’angoisse. C’est incompréhensible pour moi et pour mes proches. Je ne peux t’aider, à part te dire que je te comprends, continues ton travail avec ton analyste. Je trouve qu’écrire c’est déjà un grand pas dans ce travail psychologique. Bisous bien forts.

  2. Je pense pas que tu sois usée, malade ou vieille mais juste que tu restes fragilisée par ta dépression. Parce que tu te poseras toujours la question quand tu auras un moment de blues ou de fatigue.
    Mais là tes collègues t’ont pas aidé en te faisant peur, suffisait d’un peu de fatigue en plus et une fois que la panique est là pour retrouver le contrôle c’est difficile :/
    Dans tous les cas, continue de croire en toi, c’est pas parce que tu es tombée une fois que tu ne peux pas te relever et remarcher :)

    1. Croire en moi est un empire qui s’effondre à chaque fois que je me rends compte que je ne suis pas parfaite finalement…
      Je pense que là, c’est en train de s’attaquer aux fondations, c’est pour ça que c’est dur…

  3. je connais bien cet état. j’ai eu des crises d’angoisse dans les cinémas, pour passer un tunnel, pour aller dans un parking. c’était il y a 15 ans, je n’ai pas fait d’analyse psy pour connaitre l’origine. ce qui m’importait, c’était de guérir. j’ai fait une thérapie cognitive. se mettre en situation en ‘cotant’ l’angoisse. Ce qui m’a sauvé, c’est la respiration abdominale. une fois qu’on maitrise, on sait qu’on gère la situation. Maintenant, je peux prendre l’avion et passer les tunnels. ouf. A ta place, je n’attendrais pas, ça ne passera pas sans un travail psy ou cognitif. bon courage

    1. Ce qui me déstabilise c’est que c’est apparu cette année, et pas du tout avant, avant j’avais peur de RIEN !

      Mais oui, je vais tenter de voir une seconde psy… Et mon naturopathe.
      L’hypnose aussi…

  4. Plus que la peur de quelque chose, c’est la crainte d’avoir peur qui te bloque. En parler te fera certainement beaucoup de bien, même si on ne t’apportera pas forcément de solution, mais ça te permettra d’évacuer un peu, et te permettra d’admettre que tu n’es pas totalement parfaite (99.99% est déjà un bon score, il va falloir t’en contenter :-D ).
    Va aussi falloir te trouver une astuce pour briser ce mauvais cercle, mais je suis sûr que tu vas y arriver, même s’il faudra du temps ;-)

    1. MMMMowww t’es gentil…. (ou alors assez intelligent pour savoir que c’est pas le moment de me traiter de sale connasse :) )

      Oui, il faut que je trouve… Mais je cherche depuis un moment déjà et là, j’avoue que comme je me croyais « sauvée », la rechute est d’autant plus difficile !

      1. Intelligent et gentil, c’est pas possible ? ok ok… je ne suis qu’un Ohm… ;-)
        Essai de te dire qu’il y a des jours ou ça peut merder mais que ce n’est pas grave, le lendemain ça ira mieux ! Dans ce cas par exemple, mis à part la fierté un peu froissée, tu n’as pas été en danger physiquement. Tes collègues n’ont effectivement pas aidé en te mettant indirectement la pression. Mais qu’importe, c’est un mauvais moment à passer, sans doute pas le premier et malheureusement pas le dernier ! 2014 sera positif, et il faut bien quelques bas pour se rendre compte des hauts !!!

        1. Non, je n’ai pas été en danger certes mais je me suis sentie en danger….
          Alors que ça ne m’arrivait jamais ! Même quand je l’étais effectivement…

          C’est pour ça que je m’interroge. Je ne voulais pas que ça change, je voulais continuer à être cette nana un peu barge qui n’en a rien à foutre de rien et qui ose engueuler le gros relou qui l’a sifflé dans le RER…

          Maintenant je ne suis rien qu’une angoissée incapable de ne faire ce serait-ce que son métier :(

          Tu vois…. c’est ça qui me rend triste

  5. Je crois qu’espérer une guérison instantanée d’un problème psy est dangereux…juste te dire qu’il peut arriver une ou deux rechutes, c’est t fragilité, et apprendre avec quelqu’un comment y réagir…
    Mais surtout ne t’en veux pas, ne te rabaisse pas…
    Et repose toi! :-)

    1. Mais je n’espérais pas l’instantanéité de la guérison. Je suis pas bien depuis décembre 2012.
      J’ai identifié l’implant comme étant le « gros con » responsable. Je l’ai enlevé en février 2013. Et là je n’ai fait que me battre contre cet état de merde pour finalement espérer une éclaircie là, ce mois-ci !

      Un an à travailler là-dessus lors d’une analyse qui dure depuis 14 ans, j’espérais pouvoir penser que ça irait…

      Mais tu as raison, je dois travailler à la méthode de gestion des crises

      1. Attaque carrément le problème à sa source puisque la cause du problème a clairement été identifiée. J’vais d’ailleurs me permettre de t’envoyer quelques infos sur le « sujet ».

        1. Tu peux te le permettre, avec plaisir !
          Mais la cause du problème n’a pas été identifiée justement.
          Tu parles de l’implant ? Il a été enlevé depuis 1 an !!!! Je ne peux rien faire de plus

      2. L’implant a été de toute façon un facteur aggravant. Bon maintenant, j’t’enverrai les infos où car même si j’ai évoqué le mot facteur, j’me vois mal faire ça par la poste. Pour ma part, j’te préviens tout de suite, pratiquant le reyclage de mails, me spammer à l’adresse recycle@swing.be ne me causera aucun désagrément

  6. Et si …. Tu n’y accordais pas d’importance ? :)
    Je dis ça comme ça pour te donner une piste de réflexion mais j’ai eu l’impression en te lisant que le « pire » c’est après et toutes les questions que tu peux te poser etc…
    Une crise d’angoisse ou de panique ça arrive, à TOUT le monde, et je ne suis pas sûre qu’il y ai forcément une cause évidente qu’on doit arracher comme une mauvaise herbe de notre « moi intérieur ».
    C’était ptete simplement ton corps qui faisait joujou, ton cerveau qui te joue des tours, je sais pas je suis pas médecin ^^’ (bien qu’ils ont parfois pas réponse à tout).

    Perso quand ça va pas je fais une sorte de méditation. De plus j’essaye de ne pas amplifier les effets en faisant une fixation dessus. Pour moi ça marche plutôt bien.

    Et même quand je suis au fond du trou je me répète inlassablement que avant y’avait le soleil et que ça passera, que c’est TOUJOURS passé et qu’après ça sera de nouveau le soleil :)

    Pleins de gros bisous baveux (beurk xD)

    1. J’en ai déjà fait cet été… Les premières c’était cet été… Et pour me calmer je sais que je dois me rassurer auprès de quelque chose de familier (cocooning et épisode de TBBT ça marche bien).
      Mais effectivement là j’ai peur que ça revienne en classe ! Parce que concrètement je ne peux pas m’arrêter et respirer, ni me carapater sous mon bureau avec une couverture en suçant mon pouce….

      Je n’étais pas sujette à ça, c’est pourquoi j’ai vraiment du mal à accepter que ce soit mon lot maintenant :(

      Merci pour tes bisous (même baveux) :)

  7. Tu es vivante, faite de chair et d’os, de forces, de faiblesses, c’est toi. Et ça personne ne peux te l’enlever même pas la peur. La peur n’évitera jamais le danger mais elle permet de s’en méfier. La prochaine ça ira mieux et la fois d’après tu en souriras, et la fois d’après t’auras déjà oublier. Courage…

  8. Je comprends que vous ayez ressenti la situation comme très humiliante.
    Mais les moments de grande fragilité font partie de nous et heureusement que nous en traversons. C’est à cette condition qu’on sait qui on est, sous toutes nos facettes même les moins glorieuses. Et on s’en trouve ensuite plus forte, confiante, sereine.
    Courage. Et restez à l’écoute de ce que cet épisode d’angoisse vous dit sur qui vous êtes. Sans vous juger.

  9. Mince, j’espère que ça vas mieux.

    J’ai déjà vécus des crises d’angoisse.
    Sauf que j’ai toujours su la cause de ces crises, ce qui fait que c’est plus simple à éviter une prochaine fois.
    Dans ton cas, j’espère que ce n’est que passager et que ça vas passer.
    Peut-être juste la fatigue.

    Et sinon, tu n’a pas à avoir honte, on a tous nos moments de faiblesse.
    Et l’accepter est une force, justement.

    Je te fais de gros bisous pour te remonter le morale.

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