Et si le corps se souvenait ?


Ma vie de grande malade / vendredi, mars 20th, 2015

004Voilà quelques jours que je ne suis pas bien. La dépression, cette sale pute, m’a rattrapée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

Sans signes avant-coureurs, sans avertissements qui auraient pu me permettre d’agir en amont. Oui j’étais fatiguée mais ça pouvait être n’importe quoi.

Je n’ai pas beaucoup cherché quelles devaient être les causes à un tel mal-être…
Je suis dans une solitude extrême, mon avenir est sans surprise, mes situations financière et amoureuse sont aussi pitoyables l’une que l’autre.
Je me suis dit que c’était ça.

Et puis certains d’entre-vous qui tentent de m’aider par leur présence et leurs bisous virtuels (merci) m’ont dit que le changement de saison y est probablement aussi pour beaucoup.
Je me contente de ces explications.

Et puis ce matin en me réveillant, j’apprends par une publi sur mon fil FB que c’est le printemps. Et là je me rappelle tout à coup !

Il y a 10 ans, nous étions le lendemain du décès de ma grand-mère. Ma vie venait tout juste de s’effondrer une deuxième fois. Je prenais les décisions pour la cérémonie, les fleurs, l’incinération, la mise en terre. Je ne sais pas pourquoi c’était moi, à 24 ans, qui en ai été chargée mais ça s’est passé comme ça.
Il y a 10 ans je commençais une lutte avec ces enfoirés de pompes funèbres (voleurs et incapables, je vous raconterai une autre fois, à l’occasion), une résistance pour tenir face à la famille et aux amis, un marathon sourd pour que tout soit parfait, comme elle l’aurait voulu ou plutôt comme nous en avions besoin.
Il y a 10 ans je découvrais celles qui allaient accompagner ma vie à présent : les angoisses, l’anxiété, la peur panique de ne pas assurer et de m’écrouler devant les gens. Elles sont revenues, ponctuellement… Elles sont là, tapies comme des hyènes. Maintenant que je le sais j’y fais attention.

Il y a 10 ans, j’enterrais ma grand-mère, j’enfouissais mon enfance.

Il y a 10 ans je pensais que je ne pourrais plus jamais sourire.

Il y a 10 ans je m’apercevais que la vie pouvait s’arrêter…
…pour une grippe
…un claquement de doigt
…une veille de printemps

 


 

 Comment trouver les mots pour leur parler de toi
La plupart ont en tête des images dansantes
Une sensation réelle d’une femme aimante
Quelqu’un qui savait vivre et cela avec joie

Comment si brièvement pourrai-je te résumer
Quelles qualités prévalent, que vais-je mettre en valeur
Il y a tant de moments valables dans mon cœur
Que le choix est ardu et que je ne peux trancher

Comment pouvoir parler des choses de mon enfance
Des tilleuls, des noisetiers du jardin et du chat
Des jeux que l’on faisait, des balades dans Charnoy
Sans t’inclure dans l’histoire, cela en toute évidence

Comment pourrait-on oublier le timbre de ta voix
Tes rires plutôt discrets et tes yeux amusés
Tes talents culinaires et l’art de tout régler
L’ordre dans la maison, la certitude du choix

Comment imaginer qu’aujourd’hui c’est fini
Qu’avant ce printemps là, soudain tu as quitté
La veille justement pour ne pas nous gâcher
Tous les autres printemps du reste de nos vies

Comment faire maintenant de cette journée là
Un moment où l’on pense à ce que tu étais
Que l’on rit plus qu’on ne pleure, car ça tu aimerais
Et sans s’apitoyer parce que tu n’es plus là

Comment te certifier, enfin, de notre amour
Celui qu’on ne peut donner qu’à une femme comme toi.
Tous tes petits enfants s’associent à ma voix :
Tu vivras dans nos cœurs, évidemment toujours.

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21 réponses à « Et si le corps se souvenait ? »

  1. Un billet très touchant ! Ton corps ou plutôt ton esprit se souvient malgré toi de ces moments d’intense souffrance où tu devais au contraire te montrer super forte ! Ne cherche pas, le temps n’a pas de prise sur ces moments-là, ils te rattrapent alors que c’est la fin de l’hiver et que tu te sens vulnérable . Courage Ago ça va aller :) Bisous

  2. Je ne sais quoi te dire. Il est dur de vivre avec un être qui nous manque même si au quotidien cela ne se voit pas. Ton corps lui, n’oublie pas et depuis 10 ans tu as enterré ton enfance, tu as oublié l’insouciance de la jeunesse quand tu as dû assumer toutes ces responsabilités.
    Je suis en pensée avec toi, difficile ces moments surtout lorsque l’on est seule face à ses soucis du quotidien qui nous minent. Des bisous de réconfort.

  3. Les grands chagrins de nos vies s’invitent incognito parfois, quand on pense presque avoir oublié combien ils nous ont fait pleurer.
    Les années n’y changent rien et les dates anniversaires nous font plier sous le poids de souvenirs amers.
    Prends soin de toi Agoaye. Je t’embrasse bien fort
    ps – Ce poème est magnifique, un bel hommage à une femme hors du commun (c’est ce que j’imagine)

  4. Comme je viens de l’écrire sur un autre blog… une fois au fond, tu ne peux plus que remonter ! c’est tout ce que je te souhaite (avec 2 ou 3 machins bien sympas en plus quand même ^^) GRos betch (comme on dis par chez moi) ma belle

  5. courage… c est peu de chose mais dans la dépression il n’y malheureusement que toi qui peut t’en sortir <.

    des bisous guérisseur et beaucoup d'amour virtuel pour toi

  6. Chaque cas est unique. Pour ma part, je pense que les baisses de régime sont dues à plusieurs facteurs. Et d’abord, aux hormones féminines qui ne sont pas faites pour fonctionner sur le mode masculin linéaire. Je pense que le corps se souvient. Clairement. Et quand les conditions sont remplies, il rappelle. Ne dit-on pas que ceux qui sont partis sont toujours avec nous ? Mais peut-être est-ce « en nous » ? Mille bisous.

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