« Vous devez forcément avoir quelque chose qui vous fait envie… quelque chose qui vous tient… quelque chose que vous aimez faire… »
m’a encouragé hier mon psychiatre à 60€ les 25mn.
Il faut dire que le pauvre homme venait d’être sacrément acculé après ma révélation coup de poing : « J’ai oublié de vous dire mais, je ne veux pas d’anti-dépresseurs, non, d’anxiolytiques non plus, merci… »
Il a remis ses chaussures et s’est recalé dans son immense fauteuil en peau de vache morte avant de me poser la question-piège pour tous les dépressifs du monde : « de quoi avez-vous envie ? »
« de dormir », lui ai-je répondu, « car je rêve »
Mes rêves sont les exacts inverses de ma vie.
Dans mes rêves il y a du monde, il y a des gens, je ne suis pas seule.
Parfois je retrouve des personnes chères à mon cœur ou mortes à l’heure actuelle, ou bien des amis perdus, ou même des inconnus mais tout à fait remplis de bonnes intentions.
Ma vie onirique est très sociale, je sors, je vais à des concerts, des spectacles, des expos. Je parle avec les autres. Je suis moi mais en mieux, en plus vivant, en moins sauvage.
Mais je garde mon caractère, mon obstination… Je perdure même parfois dans mes erreurs de têtue butée… Mais mes interlocuteurs sont indulgents et ne s’en offusquent guère. Ils sont bienveillants, bien plus que moi !
Voilà deux nuits que je fais des rêves avec la même ambiance, et la même thématique… Je rencontre quelqu’un, que je ne connais pas, ou assez vaguement seulement, et nous créons des liens rapidement. des liens si forts que notre conversation se solde par une étreinte.
Juste ça.
Il me prend dans ses bras. Et je le laisse faire.
Et c’est agréable et je ne pense à rien.
C’est tout.
Rêve terminé.
Mon second rêve est plus détaillé.
Je suis assise sur un banc dans le public en attente de voir une pièce, ou un concert. L’homme assis à côté de moi se met soudain à glisser en ma direction sur le banc pour laisser ses amis à qui il avait gardé des places (mais manifestement pas suffisamment) s’asseoir.
Il me pousse, je me retrouve serrée, alors je gueule (jusque là ça ressemble assez à ce que je suis dans la vraie vie…).
Il me tient tête en me disant que j’ai largement assez de place et que si je ne suis pas contente je n’ai qu’à m’en aller.
« Ah vous le prenez comme ça ? Très bien, je vais trouver de la place alors » c’est ce que je réplique en m’étalant largement sur lui, lui calant mes genoux sous le nez, et mon coude sur son épaule….
Le spectacle commence et je suis toujours affalée sur mon voisin, mais de moins en moins dans l’optique de le faire chier que de finalement profiter de cet agréable moment de contact. Contact qu’il entretient. Pour finir encore une fois par une étreinte.
Juste ça.
Nos doigts entremêlés. Et une belle sensation.
C’est tout.
Rêve terminé.
Aujourd’hui je profite de ces moments virtuels comme s’ils étaient vrais, je me résigne à me contenter de ces relations humaines inventées de toutes pièces par mon esprit malade.
Alors je voudrais juste arriver à dormir.
La plupart du temps si c’était possible.
La seule chose dont j’ai envie…
Bonjour,
ca ne va pas mieux du tout. T’es sure que rester chez toi te fait du bien? J’ai plutôt l’impression de l’inverse. Le retour au boulot serait peut être bénéfique.
Enfin je dis cela comme ca. Je ne suis pas psy.
Ta situation m’inquiète un peu. Je ne veux pas que cela se termine mal.
sortir ne te dit rien?
Alors, je ne suis jamais chez moi techniquement. En vrai je passe mes journées à faire des travaux dans la nouvelle maison des Môms.
Je défonce des murs, fais du placo, peins, ponce, jardine…
Donc on peut dire en un sens que je sors, que je suis active (je n’ai jamais eu autant de courbatures de ma vie) et que je vois des gens (5 ouvriers et mes môms)…
Je tuerais pour pouvoir justement plus rester chez moi, tranquille :/
Avec tout le respect que je dois à tes mères et aux ouvriers je ne parlais pas de cela.
Je veux dire sortir pour toi. Cinéma, café, promenade, musée…
Et concernant les bêtises lues plus bas sur les difficultés à garder un homme c’est n’importe quoi. Tu es juste difficile. tu vas pas te mettre avec le premier couillon venu juste pour avoir quelqu’un. En plus les critères ca ne veut rien dire. Tu vas juste rencontrer quelqu’un avec qui cela va fonctionner.
Je ne peux pas… Je n’ai pas les moyens, tu sais bien !
Bon après, pour moi me faire des amis c’est à peu de choses près aussi compliqué que de trouver un mec parce que oui, effectivement, je suis difficile, et que me connaissant je sais très bien que je n’arriverai à mettre de l’eau dans mon vin qu’en ayant l’impression de me mentir et de me transformer pour plaire.
Et ça je l’ai fait une fois et ça c’est terminé assez apocalyptiquement…
La résignation n’est pas grave, juste un tout petit peu amère
Je suis bien d’accord il ne faut pas se mettre avec n’importe qui.
Pour les amis c’est n’importe quoi. Tu peux en trouver ou t’en faire de nouveaux. Un jour quand j’aurais plus de temps je serai plus précis.
La résignation mon cul tu dis des bêtises. tu ne dois pas te résigner à quoi que ce soit.
Enfin il existe des sorties qui ne coutent pas cher même à Paris.
Pas cher c’est quand même trop….
Tu sais que je n’ai pas de quoi faire les courses au supermarché ?
Bon, bref, je ne vais pas m’employer à faire pleurer dans les chaumières mais si mes mères n’étaient pas là je serais super mal barrée… Ok je suis propriétaire, j’ai eu ce que je voulais : des murs ! Mais putain à quel prix…
J’ai un syndic de copro qui me prend 110€ par mois pour rien (pas d’entretien, pas d’espaces verts, pas de sortie de poubelles, à ce prix-là ils ne font que relever l’eau !!!).
J’ai des impôts locaux, fonciers de malade mental alors que je suis dans une ville qui pue, 500m en dessous des avions qui décollent…
Je ne regrette pas, mais…. Les loisirs c’est économiser pour changer une ampoule concrètement !!
Après cet article, j’ai lu ton « Et si le mot était bipolaire ? », alors je réponds ici à la suite, un peu sur les deux :)
J’ai eu des épisodes terribles de bipolarité. Un jour suicidaire, un jour euphorique, parfois dans la même journée, parfois plusieurs jours avant de changer d’état..
Et puis.. j’ai avancé. Je suis sortie de ma profonde dépression (de l’état de choc permanent dans lequel j’étais, plutôt), sortie de ces crises aussi, sortie de l’anorexie, .. tout ça m’a pris du temps.
Je ne suis pas spécialement plus sociable qu’avant, mais maintenant j’ai de vrais amis (peu) et un mari. J’ai pris confiance en moi.
Je crois que faire de la photographie m’a énormément aidée : cela demande de la concentration, de la créativité, on est sur un objectif particulier.. C’est ce que j’ai trouvé pour m’accrocher aux branches ; au début, j’en faisais sans envie, c’était une manière de prouver aux gens que j’étais nulle et ne réussissais pas ce que je faisais. Forcément, j’ai raté toutes mes photos à cette époque, avec une idée pareille ^^ Et puis à force, j’ai avancé sur tous les plans :)
Ce que j’essaye de dire c’est que tu peux trouver quelque chose à faire, pas forcément avec envie là tout de suite, mais que ça peut aider malgré tout.
Douce journée à toi :)
Je te remercie pour ton commentaire-témoignage…
Je fais… des travaux… des gros dans une maison…
Ça ne me sert à rien qu’à éviter de penser pour le moment. La photo aurait pu être un bon exemple aussi si je me motivais… Mais j’ai essayé de gagner ma vie dans la photo, je n’étais pas mauvaise, mais mon caractère entier m’handicape là aussi.
Je vais y arriver hein… Je m’en doute… Mais là c’est vrai que le trou est un tout petit peu sans fond je trouve.
Merci en tous cas
C’est épuisant, les travaux ! C’est à la fois une bonne chose et en même temps, il manque ce quelque chose qui fait que tu ferais une activité pour toi, et non pour quelqu’un d’autre.
Tu connais OVS ? Un site de sortie (pas de rencontres, vraiment de sorties ^^) qui permet de voir du monde, faire des choses intéressantes, 95% gratuites (à toi de sélectionner ce que tu veux faire/voir). Je ne sais pas si tu as ça proche de chez toi (les grosses villes sont avantagées), mais ça peut être un début de piste ?
Les trous ont cette manie d’être souvent en sable, ça donne l’impression de sombrer tout le temps. Le fond finit par se trouver, promis.
Des bises.
Alors oui, je connais OVS, j’étais inscrite il y a longtemps, et puis j’ai réactivé le truc au début de mon arrêt maladie.
(je suis en banlieue parisienne alors pas de soucis pour trouver des sorties pour moi).
Mais… Il y a beaucoup d’embûches. Déjà il y a l’argent… Je n’ai aucun budget loisirs, clairement…(je n’ai déjà pas de budget bouffe, alors….).
Et ensuite il y a l’envie… Je ne suis pas d’un naturel sociable en vrai, et encore moins quand je vais mal du coup. Et je suis suffisamment entière pour détester me forcer…
Ce n’est pas évident.
Je vois très bien le souci, je ne suis pas du tout sociable, et j’ai eu le plus grand mal à y participer ^^ (la question ne se pose plus, je suis loin d’une grande vile désormais et ça me convient bien comme ça !).
Rien n’est jamais évident non.. :/
Le temps reste le meilleur allié, même s’il est aussi frustrant ^^’
Le temps et la terre… Je vais vraiment essayer de m’y faire, oui !
J’aurai tendance à être de l’avis de Julien, sortir et essayer d’aller au travail pourrait sans doute faire du bien ? Le hic, c’est que tu n’imagines pas y aller sans un minimum de préparation (qui prend tout ton temps libre !) et pourtant, il faudrait essayer de lever le pied et d’en faire un peu moins.
Je me doute que pour moi c’est si facile à dire et si difficile à mettre en oeuvre…
Courage pour sortir de cette mauvaise passe, n’en profite pas trop longtemps pour t’évader dans les rêves ;-)
Alors… Ce n’est pas que je n’imagine pas y aller sans préparation, c’est que c’est juste impensable…
C’est un peu comme si tu allais voir ton docteur et qu’à chaque fois tu devais te re-présenter en entier, avec tes antécédents et tout, parce que lui il t’oublie d’une fois sur l’autre (enfin bon, ma comparaison est merdique en fait :))
Un prof des écoles un minimum professionnel ne PEUT PAS commencer sa journée sans l’avoir préparée, demande à qui tu veux…
Bon, après même si je voulais y retourner (ce qui n’est évidemment pas le cas pour l’instant, rapport à mon état, la honte et la culpabilité), je ne pourrais pas, ce sont les vacances, alors….
Merci de ton comm en tous cas
Je me suis mal exprimé, évidemment qu’un prof ne peut pas venir les mains vide et qu’il faut un minimum de travail !!! Je ne me permettrai pas de dire le contraire (sauf sur le ton de l’ironie, mais c’est pas le cas aujourd’hui !) Je voulais juste dire que, du peu que j’ai vu, tu ne sais pas faire dans la demi-mesure et que tu fais toujours les trucs nickel, est-ce nécessaire de recommencer s’il y a une petite rature ? le faire à la main est-il plus rapide qu’a l’ordi ? etc… C’est des pistes qui sont peut-être à creuser. J’aurai la recette miracle, je te la donnerai, ou… je m’enrichirai :-D
Pour ce qui est de la honte et de la culpabilité, faut se dire que c’est passe et qu’il y aura toujours pire. (Enfin je dis ça, mais si seulement je pouvais le croire moi aussi !!!)
Bon, je te laisse encore un petit peu de temps pour réfléchir à cette recette miracle alors (mais tu me la donne gratos hein, promis ?)
Il faut peut-être écouter tes rêves et les vivre éveillée…
Euh… comment ?
J’ai pas assez de force physique pour forcer les hommes à être avec moi :/
j’ai un spray au poivre sinon…. et/ou un bon somnifère…
Ce que je voulais dire par là c’est que ces rêves t’invitent à aller vers les autres pas que tu dois menotter un bel inconnu pour le forcer à être avec toi!
Comme tu le dis si bien, ils sont peut-être le signe que tu seras bientôt prête à « être toi en plus vivante, en moins sauvage » quand tu en éprouveras le besoin réveillée…
(je déconnais hein, n’appelle pas les RG pour me faire surveiller tout de suite hein :))
Je pense que… (mais bon forcément ça ne va pas être très positif hein, tu t’en doutes)… Je pense que j’ai très envie d’aller vers les gens, mais vers ceux que je crée, dans ma tête, ceux qui sont sûrs, ceux qui ne craignent pas, ne profitent pas et ne m’abandonneront pas…
Ma foi en l’humanité se raréfie vraiment de plus en plus et sur tous les thèmes….
Et ceux qui sont sûrs, qui ne craignent pas, ne profitent pas et ne t’abandonneront pas dans la vraie vie? Il faudra bien aller à leur rencontre pour réaliser qu’ils existent…
Je sais,je suis une insupportable optimiste (tu t’en doutais probablement!):D
Bah c’est ça le problème… Ils n’existent pas (ou alors que dans ton imagination à toi, insupportable optimiste :))
moi tout le contraire, enfin presque… je veux dormir mais ne plus rêver…ou alors ne plus m’en souvenir le lendemain et pendant des jours!
Oh oui, les mauvais rêves c’est terrible… Je touche du bois mais je n’en ai plus depuis un moment !
il nous faudrait pouvoir dormir l’esprit tranquille, ne pas avoir de rêves qui viennent nous déranger surtout s’ils se transforment en cauchemar ou à des choses qui ne veulent rien dire
Oui m’enfin là en l’occurrence je voudrais bien les garder ces rêves
Pour ma part, j’ai besoin de rêver pour me sentir bien.
C’est ce qui m’aide à me battre contre ce qui m’énerve dans la vrai vie.
Et tes rêves où tu as un simple câlin, il m’arrive aussi d’en faire.
Et ça fait du bien, on se réveille un sourire aux lèvres.
Une impression d’être apaisé
Ou alors frustrée… Moi ça me donne vraiment l’impression que mon inconscient cherche à me faire passer un message :)