Je rêvais d’un autre monde – épisode 3


Ma vie de hippie / mercredi, septembre 9th, 2015

003Retour en quelques épisodes sur mon aventure en rassemblement auto-géré dans les Cévennes.

Durant 15 jours, nous avons été quelques milliers à partager une aventure humaine extrêmement intéressante.

J’ai choisi de tout vous raconter (mon vécu, mon ressenti), chaque mercredi pour les 16 semaines à venir.


 Jour 3

Matin.

Le premier réveil a été pénible. Je me suis sentie malade, nauséeuse, mais surtout fatiguée et assez abattue. Heureusement j’ai pu me rendormir.

Lorsque le soleil dépasse les arbres jouxtant la rivière, il devient impossible de rester dans la tente. C’est donc mon second réveil, je me dis qu’il doit être 9h00 ou 9h30.
Je sors en me disant que je vais essayer de finir tranquillement ma nuit à l’extérieur, mais une fois dehors c’est terminé : la vie me happe, il ne me reste qu’à me réveiller totalement.

Un sentiment mesquin m’assaille ce matin lorsqu’un inconnu même pas poli est venu se servir de mon jerricane. Tout s’est passé très vite devant mes yeux médusés et endormis, je n’ai même pas relevé, mais si je le croise je lui parlerai. Un arrangement est possible, ok il se sert du bidon mais il pourrait le remplir au moins une fois, c’est ce que je souhaite lui proposer.

Après-midi.

Je retourne à l’accueil.

Je m’y sens bien. Je maîtrise et je constitue ma tribu, mes repères. C’est manifestement ce dont j’ai besoin pour me sentir sereine.
Mon travail semble reconnu et ça me plaît, le revers de la médaille c’est que je commence à me sentir irremplaçable et que la difficulté à déléguer apparaît.
C’est dommage, je dois vraiment travailler là-dessus, ici mais à l’extérieur aussi.

Je rencontre Fred et Kevin et ce dernier me fait une proposition assez directe : « ça te dirait qu’on échange tous les deux ? ».
La première chose qui m’est venue à l’esprit n’était pas la bonne (mais non j’ai pas les idées tordues…), en réalité il parlait de massages… Pourquoi pas finalement ? je lui réponds que je reviendrai probablement vers lui plus tard.

Je vous avais déjà parlé de mon rapport au tactile… Je n’aime pas forcément toucher les gens (sans compter mes amants bien sûr).
Ici, je vois énormément d’affection passer par le toucher. Les gens se touchent les bras, les mains, se prennent dans les bras à la place de la conventionnelle bise où tu embrasses l’air proche de l’oreille et qui ne sert à rien.  Je les observe du coin de l’œil et malgré moi nait une pointe d’envie : ah, si j’étais capable de me laisser autant aller, peut-être que ça me ferait du bien, me dis-je…

J’aime bien accueillir les gens, je me dis que c’est ma manière d’aller vers l’autre et qu’ainsi ils viendront vers moi à leur tour, ça fonctionne vraiment pas mal.
Et puis je suis le premier sourire que voient ceux qui arrivent, après plusieurs heures de route sous le soleil, je me dis que je fais du bien, et de faire naître le smile sur leur visage me fait tellement plaisir aussi !!
Il y a cependant des exceptions. Je pense que les gars venus livrer les panneaux solaires se sont ouvertement foutus de ma gueule. Avec le recul, je me dis que s’ils sont étonnés de voir quelqu’un de naturellement enjoué et qui aime ce qu’il fait (car c’est mon cas), alors je les plains et les trouve finalement bien tristes

Je n’ai vécu aucun malaise durant la journée, j’ai même eu le temps de m’arrêter manger avec les potes. A la cuisine sauvage (le lieu central où manger), les assiettes sont vraiment très remplies.
Nous avons des légumes crus en vinaigrette (tomate, betteraves, chou rouge), des fruits (souvent du melon) et des légumineuses (pois cassés, pois chiches ou lentilles corail). Parfois sont ajoutés des confits d’oignons ou des algues. Libre à nous de rajouter de la levure de bière et du sel.
Toute la cuisine est faite au feu de bois, dans des rocket stove. C’est excellent.

Plus tard dans le séjour, je me suis dit que je ferais un atelier pour apprendre à construire un rocket stove. Et puis j’ai laissé filé l’occasion, et puis je me suis dit qu’à Paris ce n’était pas forcément de toute première utilité. Nous verrons plus tard.
Il s’agit d’un poêle portatif (ou non), très simple et très efficace construit avec des matériaux de récup. Je vous invite à en savoir plus en cliquant sur ce lien.

Je n’ai pas vu Ayan de toute la journée, il s’est probablement tué à la tâche au fauchage du prochain parking. Il a des choses à oublier, il se sert du volontariat pour ça.

La soirée.

Je quitte l’accueil au coucher du soleil, il a été très difficile de trouver de la relève pour l’équipe dont je fais partie et pour le premier parking, les volontaires ne courent pas les rues.

Que manger parmi les stands différents de la cuisine sauvage ? Chaque emplacement propose des spécialités variées, toutes végétariennes, sinon végétaliennes. Le prix est bien souvent libre mais le coût de fabrication est parfois noté pour que l’acheteur puisse se faire une idée. A la cuisine sauvage en revanche le prix est libre et conscient.

Tandis que je me régale d’avance devant ma pomme de terre en croûte de sel et cendre, mon pâté de châtaignes, mes salicornes, mon tartare de spiruline (plus jamais de spiruline le soir d’ailleurs, je l’ai appris à mes dépens cette nuit-là -j’ai mal dormi-) et mon yaourt de riz fermenté au sirop d’érable, Sacha, Fred, Kévin et un autre joli chevelu me proposent de se joindre à eux.

La famille s’agrandit !
Une vraie belle journée, ça y est, je suis lancée !!


À suivre mercredi prochain.

20 réponses à « Je rêvais d’un autre monde – épisode 3 »

    1. En fait, ce n’est pas une communauté au sens strict, étant donné que ces gens ne vivent pas ensemble à longueur d’année, c’est plus un rassemblement, une convergence.
      Il s’agit du petit frère des festivals du genre « le rêve de l’aborigène » ou « l’arbre qui marche ».
      J’ai connu cet évènement durant sa dernière saison, il y a deux ans, parce que je suis allée y retrouver mon futur-ex…
      Je n’ai pas profité beaucoup du festoche mais j’ai su que c’était un moment qui me plaisait, alors cette année j’attendais patiemment d’y revenir !

  1. J’ai foncé voir comment on fait un rocket stove…Bon, il va falloir que je socialise en dehors des cercles artistiques, parce que j’ai besoin d’outils de vrais mecs (…non, non, je n’ai pas écrit cela, du tout…mais non…) :) Sinon, cela devait être l’éclate à l’atelier cuisine. Je pense que j’y aurais passé mon séjour, puisque je ne mange pas de produits animaux (sauf les oeufs) Les recettes que tu cites ont éveillé ma curiosité :) Vivement le prochain épisode !

      1. Je pense que tu as raison. Je vais aller voir dans les commentaires du précédent billet, où tu avais donné le lien. Après, c’est pas d’actualité dans l’agenda, mais en même, temps, ce serait génial d’aller cuisiner quelques jours là-bas. Bisous

  2. Merci de partager avec nous cette expérience.
    Tu aimes le changement, les voyages… et tu as les facultés d’adaptation et l’indépendance pour ! Tu possèdes une belle curiosité naturelle de la vie.
    Merci beaucoup la vie !!!

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