Je rêvais d’un autre monde – épisode 7


Ma vie de hippie / mercredi, octobre 7th, 2015

013Retour en quelques épisodes sur mon aventure en rassemblement auto-géré dans les Cévennes.

Durant 15 jours, nous avons été quelques milliers à partager une aventure humaine extrêmement intéressante.

J’ai choisi de tout vous raconter (mon vécu, mon ressenti), chaque mercredi pour les 16 semaines à venir.


 Jour 7

Nuit.

Je suis ressortie finalement, je n’arrivais pas à dormir. J’ai vu Kévin au loin mais je me suis un peu promenée seule.
Au retour à mon campement, des jeunes complètement bourrés montaient une énorme tente à trois mètres de la mienne.

Concrètement ils n’avaient rien à faire ici, ils se sont donnés le mot pour faire du camping gratos, mais ils étaient irrespectueux et ça m’a carrément choqué. J’entendais tout ce qu’ils disaient et les festivaliers en prenaient pour leur grade : « hippies » « crados », « allumés » et j’en passe.
J’ai préféré m’enfuir dans mon sommeil.

Matin.

J’ai vraiment peu dormi et il a fait très chaud tôt.
Dès ma sortie de tente, Arnaud est venu partager mon petit déjeuner et nous avons décidé de passer la matinée ensemble.

Nous tournons à la recherche d’un atelier qui n’existe pas et je trouve ça dommage, j’aurais volontiers appris à jongler moi ce matin. Pas si déçus que ça nous nous installons paresseusement dans l’espace Respire situé au milieu du camp. Nous partageons un moment câlin très agréable, j’ai toutefois senti qu’il attendait plus, je commence à me dire que je vais devoir lui parler…

Kévin nous interrompt et je le sens chamboulé. Lors de sa promenade vers le coin des artisans, il a vu un hochet fait main en vente, un bel objet qui lui a aussitôt rappelé sa fille, qu’il ne connaît que peu et que sa femme élève dans un pays lointain. Il regrette de les avoir laissées partir, il pense au temps perdu, à celui passé durant lequel il ne la verra pas grandir.

Je l’écoute, je l’aide à pleurer. Je ne peux rien faire d’autre.

Après-midi.

J’ai quitté Kévin après un frugal déjeuner et j’ai vaqué seule. Je ne sais pas comment j’ai fait pour tomber sur Sacha, mais c’est une bonne surprise, il est mon petit rayon de soleil. Nous décidons d’aller au coin Respire sur le bord de la rivière.

Le moment passé là-bas avec lui était très ressourçant, très frais. Là encore je n’ai écouté que mes envies, mon instinct, et lorsqu’il se relève du sable avec des milliers de petits cailloux incrustés dans la peau du dos, je décide de les lui enlever, avec douceur et minutie, dans le calme et avec des gestes conscients.

Plus tard, je retrouve l’organisatrice avec laquelle j’avais rangé les camions qui m’annonce qu’elle part dans les environs pour rapporter un agneau à son éleveur… En effet, la bête a dû s’égarer et quelques festivaliers l’ont recueillie pour éviter qu’elle soit trop chahutée par les chiens. Tony et son chien de berger veillent sur la bestiole en buvant un tchaï sous une tente berbère, il est évident que je choisis de me joindre à eux…
C’est ainsi que je fais la connaissance de Tony, enfant de la DDASS qui va reprendre ses études pour devenir éduc afin de suivre les traces de ceux qui l’ont le plus aidé dans son enfance. Une bien belle histoire, un personnage touchant…

Après le départ de l’agneau, je suis passée voir le tatoueur. J’ai vu sa caravane posée au centre du pôle des artisans : un fourgon noir et sa remorque assortie, ornée d’un crâne de vache et des ornements assez steampunk. Une ardoise nous dépeint la philosophie de l’artiste : guidé par ce qu’il ressent chez les personnes qu’il tatoue, il privilégie l’imaginaire plutôt que la reproduction et s’appuie sur des techniques tribales, pour un tatouage manuel.
Je suis très emballée, j’ai très envie.
Je me dis que la boucle serait bouclé, une vraie sensation d’achèvement. Je reviendrai !

Soirée.

Je retrouve certains de la bande au dîner, ainsi que Nathalie dont je fais la connaissance.
Nathalie est professeur des écoles, comme moi, avec le même niveau que le mien pour l’année prochaine mais… au Québec !!!
Je suis hyper enthousiaste à l’idée d’échanger avec elle sur le thème du boulot mais nous convenons ensemble que ce n’est pas le moment. On se recroisera, on aura forcément cette occasion une autre fois. Et sinon, eh bien ce ne sera pas grave.

Kévin souhaite me montrer sa reconnaissance quant à mon soutien de ce matin, et il commence donc à me masser après le dîner.
Ce garçon a des dons de chamanisme. Ses massages sont thérapeutiques et il absorbe les tensions et les zones du mal pour les expulser ensuite au travers de son corps. Ses pratiques sont très impressionnantes.
Je suis assez à l’aise ici et avec lui pour me laisser faire : Dos, tête, bras, mollets et pieds. Une sensation assez incroyable.

Je me sens vraiment revigorée, bien et si calme que je me décide à aller avec la petite troupe aux mantras.
Il s’agit d’une réunion de plusieurs personnes (des dizaines) assises par terre sous la grande tente berbère et chantant des phrases répétitives d’une langue qui m’est inconnue.
De mes yeux de novices, je découvre vraiment ce qui se passe… Ces gens ont l’air heureux. Ces gens ont l’air en harmonie. Ces gens sont à ce qu’ils font. A ce moment je les vois les hippies, ceux que j’ai entrevus dans les documentaires à la télé… Des sourires et des chants, des fleurs sur les jupes… Je vois tout ça, mais c’est tout !
Je suis détachée de tout jugement mais je ne comprends pas ce qu’il se passe, je ne pige pas le principe. Je pense que demain je devrais demander à quelqu’un de m’expliquer car il s’agit de quelque chose qui réunit les gens ici, et j’aimerais bien savoir ! Je suis curieuse et je ne voudrais pas passer à côté de quelque chose.

Nuit.

Un tee-shirt est accroché à ma tente. Et je ne connais pas cet habit.
Je reste un peu interdite, j’ai même un peu peur face à cet élément inattendu. Mais je décide de l’étendre à l’arbre proche et de ne pas m’en faire.
Arnaud s’est manifesté peu après, c’était le sien. Il voulait me parler et pensait que j’allais comprendre le message…
Ma sensation de ce matin était la bonne : il souhaite un autre type de relation, je le repousse assez gentiment mais nous discutons un bon moment. Après son départ c’est Kévin qui est venu gratter à la tente, il voulait me souhaiter bonne nuit, me demander pourquoi je n’étais pas restée aux mantras. C’est un vrai défilé devant chez moi !!

Ma bienveillance attire. En particulier les gens qui ne sont pas à fond dans l’esprit du festival (je pense à Arnaud mais aussi à Ayan). Moi, je commence à me dire que je ne suis vraiment pas en recherche, en tout cas pas ainsi, en tout cas pas ici… Et j’ai l’esprit un brin occupé ailleurs.

Ce fut une belle journée, pleine de rencontres, de rebondissements heureux et de contacts. Et en plus les jeunes ne sont pas dans leur tente… Hip hip hip !


À suivre mercredi prochain.

6 réponses à « Je rêvais d’un autre monde – épisode 7 »

  1. C’est long d’attendre une semaine ! Non sans blague, je me répète mais c’est vraiment dingue à quel point cette expérience semble sereine… même les troubles fête n’ont pas l’air d’être agaçants…

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