Je rêvais d’un autre monde – épisode 8


Ma vie de hippie / mercredi, octobre 14th, 2015

004Retour en quelques épisodes sur mon aventure en rassemblement auto-géré dans les Cévennes.

Durant 15 jours, nous avons été quelques milliers à partager une aventure humaine extrêmement intéressante.

J’ai choisi de tout vous raconter (mon vécu, mon ressenti), chaque mercredi pour les 16 semaines à venir.


 Jour 8

Matin.

Nuit difficile. Matinée pas mieux.

Je croise Arnaud et il a un incroyable geste de recul. Je lui pose à peine une main sur le bras et il s’écarte avec dédain en me lançant un très froid « j’accuse le coup ».
Je ne comprends pas, j’ai soudain clairement l’impression de lui avoir brisé le cœur. D’instinct je prends tout sur moi alors que pourtant je n’ai rien fait : je suis juste bienveillante, tactile, souriante, heureuse, alors j’attire, mais je ne veux pas plus alors je fais souffrir…

Je revois l’ombre de ma malédiction planer au dessus de ma tête tel un vieux vautour. La revoilà !

Je pars m’isoler. Faut-il donc toujours tricher, faut-il sans cesse se protéger, même ici ? Je suis déçue, et en colère, et je m’en veux…

Je vais à la voiture, me cache sous son ombre et m’endors.

Midi.

J’ai voulu revenir, pensant que j’étais calmée, mais je me suis refermée, j’ai récupéré bien vite le masque de la ville sur moi.

En passant à l’accueil, Vincent, l’un des gars avec qui j’avais déjà travaillé à ce poste (qui a le chien le plus gentil du monde, au passage…) l’a remarqué, et a voulu que je m’asseye avec lui pour savoir ce qui n’allait pas.
J’ai vaguement raconté et c’est le moment qu’a choisi un mec en camion pour jouer son emmerdeur…

Le gars a attrapé la caisse et nous a gueulé que n’importe qui pourrait la piquer à n’importe quel moment sans que nous ne bougions. Il nous traite de drogués et de hippies.
C’est trop. Je saute de mon rocher et l’insulte assez violemment. Vincent est obligé de me retenir et est tellement surpris par ma réaction qu’il trouve même ça très drôle… Il ne s’attendait pas à ça de ma part ! Avec le recul j’arrive effectivement à en sourire.
Mais je l’aurai bouffé ce connard en camtard !

Difficile de trouver où m’adapter. Aucune société ne semble me convenir. Même là, même ici…

Il ne me reste qu’à m’isoler pour ne pas souffrir et faire souffrir, avoir une vie sociale par le métier pour l’instant et puis plus rien…

Une des responsables me ramasse en larmes au bord du chemin (encore, ça va devenir une habitude…), elle m’appelle Misanthropette et me dit d’arrêter de faire mon Aldo (en rapport avec le Grand Responsable qui l’a envoyée chier après l’épisode du parking camion).

Je l’écoute, je résiste à mon envie de fuir définitivement, je me dis que je dois m’isoler urgemment.

Après-midi.

J’ai trouvé un coin.

Près du cheval blanc.

A côté de la source fraiche, dans les sous-bois.

J’ai attaché mes bouteilles d’eau dans la source avec des tiges de menthe pour ne pas qu’elles ne dérivent, je me suis posée avec « L’homme qui voulait être heureux » de Laurent Gounelle et puis j’ai réfléchi, j’ai lu, j’ai dormi.
C’était mon moment hors du temps, ma retraite. Parfois dérangée, souvent dans les vapes.

L’homme le plus beau du monde est même venu se baigner nu dans la source en chuchotant avec son amie pour ne pas me réveiller.
J’ai observé des grenouilles.
Remarqué la course du soleil.

J’ai compris plein de choses !

J’ai compris les croyances et les réalités. J’ai compris qu’Arnaud avait cru seul à quelque chose entre nous et que c’est devenu sa réalité, mais que la mienne est différente et que je ne dois pas m’en vouloir car je n’ai rien induit.

Je l’ai croisé ce matin, je m’en rappelle. Il est venu s’allonger à côté de moi pour en parler, car il a vu que moi aussi j’encaissais le coup.
Je n’avais pas encore compris ça, je n’en étais pas arrivée là, j’ai refusé de lui parler.
Il est parti cet après-midi, je n’aurai pas l’occasion de lui expliquer comme je comptais le faire.

Soirée.

Un burger végétarien partagé avec Fred et une amie qu’il retrouvait.

J’apprécie beaucoup ce que je mange, ce burger est impressionnant ! Steak aux pois chiches, pain fait maison, beaucoup d’épices et une sauce au concombre, de l’alfalfa et p’tet même un peu d’ail (alors que normalement j’ai horreur de ça)… Je me régale.

L’ambiance en revanche est différente, ça vient sans doute de moi. Je ne voulais pas être seule, mais je n’ai pas ma place avec eux. Ils parlent de vieux souvenirs, de lieux connus ensemble. Je ne peux pas prendre part à la conversation. Surtout quand on sait que je viens de la Grande Babylone (Paris chez les hippies)…
Je ne souffre pas de cette situation, mais je décide d’aller me coucher tôt, j’ai été fatiguée aujourd’hui.

Mon après-midi de ressourcement a été bien utile mais éprouvant !


À suivre mercredi prochain.

15 réponses à « Je rêvais d’un autre monde – épisode 8 »

  1. Ahhh mon rdv préféré !
    Il y a une phrase qui circule bcp sur les réseaux sociaux : je suis responsable de ce que je dis mais pas de ce que tu comprends… c’est un peu ça avec Arnaud…
    Bisous

  2. Bonjour,

    j’ai un peu connu la même situation ou tu te demandes si tu n’es pas fautif, si tu n’as pas envoyé un mauvais signal. Après un moment ou tu te sens mal tu te rends compte que tu n’as rien fait.

    Bref je comprends le moment difficile à vivre.

    L’important c’est que l’expérience t’apporte quelque chose. Et même si c’est pas important tu as tout mon respect car je n’aurais pas tenu plus de deux jours.

  3. Rude journée…

    Tu as eu raison d’être honnête. Ta sincérité l’a peut être blessé mais en même temps tu ne pouvais le laisser espérer. La bienveillance, c’est aussi ça. Dire les choses simplement, ne pas tromper les gens, même si l’intention de départ peut paraître louable.

    Bref, la suite !!!!!!!!!!!!!!

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