Journal de confinement – Partie 6


Ma vie d'associale, Ma vie de prof des écoles / jeudi, avril 23rd, 2020

Dimanche 19 avril 2020 – Jour 33

Dimanche… Jour du seigneur.
du coup j’écris pas !

Lundi 20 avril 2020 – Jour 34

Aujourd’hui, c’est la rentrée…. M’enfin même si c’est un peu bizarre comme rentrée, je me suis bourrée de bonne résolutions comme si c’était une vraie rentrée physique, avec le matériel et tout.

Du coup hier je me suis mise au lit tôt et j’ai pris un cachet pour tenter la nuit complète (le Graal). Du coup ce matin, lorsque je me suis réveillée (nan, j’ai pas mis d’alarme, faut pas déconner quand même), eh bien j’étais encore dans la brume, mais heureusement sans les gorilles.

Check de boîte mail : les parents n’ont pas dû se réveiller non plus…
Alors je me suis dit que j’allais organiser mon temps par tranches d’une heure : 1h de boulot pour l’école, 1h d’autre chose… Ainsi je n’allais pas retomber dans les migraines ophtalmiques et autres joyeusetés consécutives à un gros temps d’écran.

J’ai donc commencé par mon heure d’autre chose (courageuse hein ?) dont le thème était : essayer de sortir du brouillard chimique de la fin de vie du somnifère.
Une douche, un thé, un jus d’orange, de l’air frais, de l’eau fraîche… C’était difficile mais je suis arrivée à avoir l’air à peu près vivante au bout du laps de temps imparti.

1h de taff : J’ai enfin quelques mails de familles. 3 ou 4 exercices à corriger mais aussi une poignée de messages inquiets me demandant si j’avais pas par hasard oublié des exercices, si c’était vraiment tout, si un poisson d’avril le 20 c’était pas un peu tard….
Je m’en doutais ! Puisqu’à présent j’ai obéit à ceux qui m’ont demandé d’en faire moins, eh bien je dois rendre des comptes aux parents et les rassurer car ils étaient au départ très satisfaits de ma manière de fonctionner.
Je cherche donc des excuses, et je me planque derrière des phrases pleines de conventions sociales pour ne pas leur répondre : « Bah ouais, moi aussi je suis inquiète et dégoûtée, mais que voulez-vous, je travaillais trop bien et je faisais travailler vos gosses trop bien alors les autres profs tiennent pas la comparaison, du coup faut que je propose la même merde qu’eux…. »
On est d’accord, je peux pas dire ça hein ?

En fin de compte, aujourd’hui je n’ai pas eu vraiment l’impression que c’était la rentrée…

Mardi 21 avril 2020 – Jour 35

Nous sommes sauvés ! Aujourd’hui est tombée la nouvelle que nous attendions tous ! Adieu confinement et bonjour au plaisir retrouvé en famille ou même tout seul. Enfin terminées les courses de merde avec un chariot tout puant de covid, adieu les achats de première nécessité, ouste les listes de courses triviales avec du sucre et de la farine dessus.

Aujourd’hui, l’Ancien Monde renaît de ses cendres et nous redonne à tous un espoir que je souhaite à chacun de connaître une fois dans sa vie. Aujourd’hui nous avons de nouveau une raison de vivre, une raison d’espérer, une raison de ne plus penser à Mamy dans son ehpad ou de tonton Roger à plat ventre à Bicêtre !
Aujourd’hui adieu la mélancolie, nos soucis vont enfin pouvoir s’envoler et les jours heureux vont assurément revenir en fanfare, et nous roulerons tous dans les champs en nous donnant la main (euh.. non, en nous tenant par un bout de ficelle plutôt, faut pas déconner non plus) et en criant et chantant car notre raison d’être n’aura pas été anéantie par ce vilain virus pas beau-méchant !!!

Aujourd’hui des centaines de familles sont sorties pour célébrer cette annonce que nous n’attendions plus, cette annonciation quasi-divine.
Non ! Le capitalisme n’est pas mort !
Oui ! On a enfin réussi à clouer le bec aux écolos fatalistes qui disaient que la nature reprenait ses droits !

Aujourd’hui nous sommes sauvés !

Aujourd’hui McDo a rouvert !

Mercredi 22 avril 2020 – Jour 36

Lorsque je me suis couchée hier soir, il y avait un truc qui me gênait, mais je n’ai pas tout de suite identifié de quoi il était question.
Je lisais tranquillement mon dernier Legardinier (pas mal… bon…. pfff) et j’étais pas bien, je tournais, me retournais, j’étais incommodée !

Au bout d’un certain temps, j’ai repéré que c’était un problème d’odeur… Et pour être tout à fait précise, j’ai trouvé qu’il flottait dans l’air comme des relents d’oignon (oui, je suis encore à l’ancienne orthographe, toutes mes excuses).

Me voilà donc à quatre pattes sur mon lit en train de sniffer un peu tout ce qui se trouvait autour de moi… Ce n’était pas ma lampe de chevet, ni les flacons d’huiles essentielles posés là (celle au gingembre, elle pue un peu, même flacon fermé). Ce n’était pas ma pile de bouquins en cours de lecture, ni mon sex-toy (ç’aurait été inquiétant… et crade aussi). Ce n’étaient pas mes bouchons d’oreille ni le coin supérieur droit de mon matelas (très sérieusement suspecté)… C’était pas mon corps non plus !

Et puis finalement j’ai trouvé le coupable : mon interrupteur mural !

Alors je profite de ce billet pour lancer un appel au monde :
Avez-vous déjà eu ce cas de figure ?
Avez-vous déjà croisé dans votre vie un interrupteur qui puait l’oignon ?
Et si oui, comment avez-vous fait pour y remédier ?
Car concrètement je ne peux pas déplacer la source du problème…

Du coup je l’ai badigeonné d’huile essentielle de lavande… Vu que j’en avais sous la main… et j’ai donc pu m’endormir dans des vapeurs de soupe oignon-lavande…

Ma nuit a été spéciale du coup.

Jeudi 23 avril 2020 – Jour 37

Cette nuit, mon interrupteur sentait Shalimar de Guerlain…
Franchement, je ne sais pas ce que je préfère.

Bon, sinon c’était une vraie grosse journée de boulot. Pas de préparations, mais des corrections, des entretiens téléphoniques avec les parents et (oh misère) un tout nouveau groupe WhatsApp avec les collègues.

Je le savais que j’aurais pas dû installer cette merde !!

Directrice : Je vous ai envoyé des documents super urgents à envoyer aux parents
Collègue/boulet 1 : Mais on fait comment ?
Collègue/boulet 2 : Et comment on fait ?
Directrice : Vous leur envoyez par mail dès que possible.
Collègue/boulet 1 : C’est obligé par mail ?
Collègue/boulet 2 : Et ceux qui répondent pas aux mails ?
Collègue/boulet 3 : Moi j’arrive pas à ouvrir le document.
Directrice : Il faut faire au plus vite, mais pour les familles déconnectées, vous pouvez les envoyer par courrier.
Collègue/boulet 1 : Mais j’arrive pas par mail.
Collègue/boulet 2 : Et c’est qui qui va payer les timbres hein ?
Collègue/boulet 3 : Pourquoi j’ai 16 pages blanches ?
Collègue/boulet 4 : Il est où le mot explicatif qui va avec ?

Pendant le temps de cette conversation passionnante et alors que les notifications sonores me rappelaient à quel point mes collègues étaient nigaudes ou radines (ou les deux à la fois), j’avais déjà envoyé les documents aux deux-tiers des familles de ma classe, assortis d’un mail explicatif et d’un tuto en jpg pour montrer où cliquer.

J’ai même envoyé un petit message privé à ma directrice pour lui demander si elle pensait que Collègue/boulet 2 voulait qu’on lui envoie quelqu’un pour lécher les timbres.
Résultat des courses (trop bonne, trop conne, je vous jure), je me suis vue envoyer à toute mon équipe (même les connasses que je veux pas voir) une copie de mon mail et de mon jpg pour leur servir de modèle parce qu’elles sont infoutues de communiquer avec leurs parents d’élèves.

J’imagine que ça n’empêchera pas les vipères de siffler dans mon dos dès qu’elles se reverront mais ma conscience est tranquille, et c’est déjà ça.

Bon… J’ai hâte de savoir ce que mon interrupteur me mijote pour ce soir !

Et vous, comment ça va ?

4 réponses à « Journal de confinement – Partie 6 »

  1. l’histoire de l’interrupteur est étonnante lol…. as tu résolu le problème et surtout trouver le pourquoi?
    Vive les boulets collègues, ils cherchent pas non plus à trouver des solutions tout seul comme des grands, en fait ils voulaient juste pas le faire, il leur fallait le petit plateau d’or….

    1. Écoute, même encore aujourd’hui mon interrupteur est un mystère. Il n’y a plus eu d’autres manifestations de ce genre, peut-être que c’était des odeurs de cuisine du voisin ? Je ne sais pas

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