Je sais bien que mon absence de la blogosphère a causé chez vous un vide immense, que vous n’aviez plus cette joie de lire mes péripéties (Agoaye chez le coiffeur, Agoaye en concert, Agoaye au boulot… Pfff, en fait Martine n’est qu’une sale plagiaire), que vous vous languissiez de me retrouver… Oui, je sais… (Non mais sinon mes chevilles vont bien, merci.)
Donc cet article là c’est comme une forme d’excuse, un « pardon de ne rien vous avoir écrit » mais aussi un « désolée pour ne pas vous avoir lus dans les temps… »
Mais mes journées passent plus vite qu’une plume dans la tornade. Exemple :
7h02 : « Mais… déjà ? je viens de m’endormir là ! »
Ma playlist de réveil est la première à tenter de m’extirper du sommeil, mais je dois avouer que le live de Coeur de Pirate (téléchargé gratos lors des 12 jours d’itunes à Noël -remarquez que c’est pour me justifier que je précise hein… -) ne suffit généralement pas, donc :
7h16 : C’est le bruit d’un réveil old-school qui prend le relais. Et là soit tu te réveilles, soit tu fais une crise cardiaque, au choix. C’est la sonnerie la plus épouvantable que le monde ait porté, mais bon… Faut ce qui faut !
7h30 : En retard. Évidemment. Frigo. Gamelle. Clés. Voiture. Départ !
7h44 : Coincée devant la gare à deux kilomètres de la maison je peste contre les gars qui n’arrivent pas à imposer leur priorité à ceux qui viennent de la gauche et qui ne veulent pas nous laisser passer.
Bon, là j’en profite pour manger, me maquiller et tout ce dont je vous avais déjà parlé.
8h00 : Viiiiiiite, je dois être la première à la photocopieuse, sinon je vais attendre mon tour une éternité et me farcir les papotages sans intérêt des collègues que j’ai déjà du mal à supporter en journée, alors le matin t’imagine ?
Hop, je fais mes photocop’s, je choppe mon cahier d’étude, ma feuille de cantine et je cours m’enfermer dans ma classe.
8h20 : Collègue néo-divorcé (qui n’apprécie pas non plus l’équipe) vient me taper la discut’ rapidement… Sujet préférés ? La fatigue, les élèves en difficultés, notre future sortie (scolaire of course) et ses problèmes de fric/d’enfant malade/de voiture.
Je ne m’en plains pas, je l’aime bien ce garçon… Ça fait parfois du bien de parler à quelqu’un de plus de 11 ans :)
8h30 : Le matin, pour monter les trois étages, je ne demande pas aux enfants de se ranger aussi catégoriquement que je le fais d’habitude, ils sont tous mous du matin et ils ne sont pas encore trop pénible, mon rang du matin est donc relativement woodstockien (= à la cool).
Je ne commence à crier que quelques minutes plus tard quand je me rends compte que 75% d’entre eux n’ont pas ouvert leur cartable du week-end !
11h20 : Je vous épargne les détails de la matinée… Entre Laure qui ne comprend rien à la leçon sur laquelle on stagne depuis une semaine (faut dire que le présent du verbe avoir en CM1 c’est TERRIBLEMENT DIFFICILE hein ?), entre Yanis qui prend sa table pour un étal de brocante, entre William qui demande 8 fois s’il faut écrire au stylo ou au crayon et s’il faut coller la feuille ou pas (« ben bien sûr que non, la feuille tu la bouffes !!!! ») entre Ali qui se coupe les ongles et tout ça couronné de Sila qui rigole à chaque fois qu’on prononce le mot « saint » (ben ouais, parce que ça fait « sein » dans sa tête…), faut dire que j’suis pas aidée !
Donc pour oublier, à 11h20 je souris bêtement en matant le remplaçant dans la cour du bas tout en prononçant machinalement le gimmick habituel : « Table nette et j’attends le calme pour vous faire sortir »
11h30 : Je tente de faire un beau rang et de rouler un peu plus des hanches en passant devant le remplaçant. Tout l’esprit bonne prof, stricte, responsable mais néanmoins débordante de féminité et de tendresse doit émaner de moi à ce moment là…
Ça demande une sacrée quantité d’énergie, je vous assure (surtout avec 20 gamins affamés aux trousses et qui ne pensent qu’à être les premiers au portail)
12h10 : J’ai eu le temps de faire quelques corrections avant que le remplaçant n’arrive pour manger. Là c’est le moment où je prie pour que l’un de mes collègues n’ait pas eu l’idée de s’asseoir à coté de moi (auquel cas je sors un truc bien puant de mon sac, genre chou-fleur ou brandade de morue, histoire de l’inciter à se barrer… Truc que je mange évidemment en triple vitesse avant que le remplaçant n’arrive pour occuper donc cette place vacante à mes côtés).
Donc au moment où il se pointe, je suis rassasiée, pimpante et libre comme l’air pour fouiller dans son assiette l’air suspicieux sur ce qu’ils osent servir à la cantine… C’est nul mais ça a au moins le mérite d’engager la conversation !
12h40 : Je dois remonter en classe pour aider les 4 petits élèves choisis par mes soins pour une aide plus approfondie. Ce moment est terrible… Je repousse l’échéance au maximum à grand renforts de « ohhhh non, c’est déjà l’heure, je dois y aller, j’ai pas envie »… Et il rit, avec plein d’étoiles dans ses p’tits yeux et il susurre : « tu dis ça tous les jours… »
J’en profite au passage pour aller fouiller les poubelles à la recherche de cartons en bon état et remonte tout ça dans mon antre.
13h20 : Je libère mes 5 détenus et retrouve le néo-divorcé pour maudire notre matinée : « Je t’ai entendu gueuler du bout du couloir » « Et toi, t’as vu la tête que tu tirais dans le rang, tu faisais même presque peur à Mike-le-relou !! ».
Le temps de ranger l’aide et de préparer les docs pour l’après-midi et les gamins nous attendent déjà en trépignant dans la cour.
14h30 : J’ai perdu 8 kilos… De sueur évidemment !
En ce moment il fait 30°c dans les classes (je vous le jure, ce n’est pas une façon de parler, c’est la vraie vérité…) car le soleil tape toute la journée.
Résultats (autres que élèves dissipés) : coiffure aplatie, maquillage de pupute tout coulant, odeur de sueur permanente, auréoles de toute beauté et sensation poisseuse généralisée…
Donc là c’est le moment où je tente de terminer mon programme tant bien que mal avec le peu de dignité qui me reste.
Je me rassure en me disant que je voulais bosser en école de brousse, ben j’y suis presque !
16h30 : Forcément j’ai pas fait tout ce que je devais faire de la journée. Et je dois me dépêcher de filer dans l’école d’à côté pour la suite des festivités…
Là c’est le moment où les gamins m’énervent au plus haut point : ils traînassent comme des larves obèses, Kamélia fait tomber sa boîte de 54 crayons de couleurs, Luis a oublié la feuille à faire signer au fond de sa case, Dounia essaye de fermer son sac dont la fermeture a pété à la récré de 10h et Stan fait son lacet au milieu du couloir !!
16h40 : Forcément j’suis en retard de 10mn et c’est le moment qu’à choisi le papa de Mahdou pour venir me demander comment ça se passe pour son fils en classe. Vu que le père de Mahdou ne parle pas ou peu français, ça prend un temps fou pour communiquer…
Le remplaçant s’en va et me regarde. Je le regarde et j’essaye de m’imaginer à quoi je ressemble après toutes ses péripéties, je me dis finalement que je ne préfère même pas savoir. Je ne sais plus où j’en suis avec Monsieur papa-Mahdou et je subis un curieux mélange de stress, de tristesse, d’agacement et d’affection…
16h45 : Je retrouve 5 CP pour un atelier « coup de pouce » destiné à accompagner les enfants dans la familiarisation de la lecture et de l’écriture.
C’est vraiment un moment génial et très enrichissant pour nous tous, mais tout est très minuté et là encore le temps passe à une vitesse folle (et puis 3mn pour un jeu de sons, explications comprises, c’est dur à tenir comme timing !!) surtout quand il s’agit d’expliquer à un gamin borné que non, les girafes ne sont pas des animaux préhistoriques, que oui elles existent encore et que non ce n’est pas parce que j’en ai déjà vu que j’ai 1000 ans !
18h00 : La journée est enfin terminée et je m’accorde une petite pause avec la directrice pour échanger un peu entre adultes (bon, ok, en fait je lui parle de mes amours malheureuses et lui demande des conseils didactiques sur l’apprentissage de la division, parce que je sens que sur ce coup-là les miens n’ont pas fini de galérer…)
18h42 : A la maison, qui dit nouveau carton dit avancée dans l’emballage. Je me rue donc sur cette étagère de livres que je n’ai pas touché depuis un siècle et trois mois afin de les préparer au grand jour du déménagement.
Forcément je tombe sur LE livre que je vais irrésistiblement avoir envie de relire le soir même et entame un long combat avec moi même pour me rendre à l’évidence que si je réagis comme ça à tout, c’est pas la peine de continuer d’emballer des trucs… J’enferme donc le livre avec moult frustrations.
19h00 : Môm m’attend pour manger. Alors généralement à cette heure là j’ai pas faim, et puis je pense à tout ce qui me reste à faire comme boulot pour le lendemain. Du coup le moment du repas est peu convivial…
19h30 : Je me laisse attendrir par Tiltshift qui arriverait presque à faire le poirier dans la cage afin que je daigne le laisser sortir…
La bestiole court donc d’un bout à l’autre de mon bureau tandis que je prépare mes cours du lendemain.
De sa corbeille à papiers à l’imprimante en passant par le dévidoir du scotch et grignotant de-ci de-là quelques capuchons de stylos, le rat s’éclate et moi j’éternue… Pas facile de travailler dans de bonnes conditions :)
22h30 : Voilà l’heure moyenne à laquelle je finis mes preps. Le rat est rangé, la célestamine est avalée et je me dirige mollement vers une pauvre douche.
Alors pourquoi « pauvre » douche ? Parce qu’elle ne sert à rien sinon à me laver… 1- j’y suis seule… c’est pas fun. 2- mes produits Lush sont dans un carton… c’est encore moins fun !
23h30 : C’est « How I met your mother » qui tentera de me réconforter de cette si banale journée. Ben ouais, c’est terrible mais il ne se passe rien d’autre dans ma vie (ah si, parfois je trouve un carton plus grand ou plus pratique que les autres, et là c’est whoooooow, c’est la folieeeeee !!).
Je sombre mollement dans un sommeil sans rêves (mais bon déjà je dors, alors j’vais pas me plaindre).
Et le lendemain, ça recommence…
Du coup j’ai pas eu beaucoup de temps pour me poser et attirer l’envie d’écrire…
Mais j’y travaille… Faut pas que je sacrifie ma créativité m’a dit ma psy ! (elle a raison, il me resterait quoi sinon ?)
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