Vous vous doutez bien que quand même à la base je ne me trouvais pas super hypra giga enthousiaste quant à ma sortie de fin d’année avec mes embryons d’élèves…
Je redoutais, je me faisais des films et j’en étais malade rien que d’y penser. J’ai exploré environ tous les mauvais scénarii possibles… Eh ben en vrai ça a été vachement pire !
Il n’y avait aucune probabilité pour que cette journée se passe de cette façon… Et pourtant !
Déjà à la base, le réveil n’en fut pas un… Ce fut plutôt un espèce de déchirement violent entre un état de sommeil « à peu près pas trop mal » à un état de veille « limite tenable voire ingérable »…
Déjà j’ai vomi ! De la bile principalement, de la mousse après quand j’ai plus eu trop de bile… Évidemment je ne pouvais rien avaler, forcément je ne pouvais pas me traîner… J’avais dormi trois heures (consécutivement à la nuit où je n’ai cessé de chercher le sommeil en me tournant et en me retournant encore, angoissant pour cette journée à venir) et c’était un de ces matins dont je vous ai déjà parlé, un de ces matins où j’ai juste envie de crever.
Mais j’ai pris sur moi, j’ai encore un peu vomi et je suis partie, la gueule livide et les cernes aux genoux, attendre la horde de petits humains prêts à me piétiner ou à me cracher dans les yeux… Ce qui m’a un peu rassuré (mais finalement pas tellement du coup) c’était de voir que mon atsem était dans le même état anxieux que moi : « Pourvu qu’on ait pas de pipi-culotte, une journée entière ça va être long pour les trois ans »… Mais tu m’étonnes !!!
Ils sont venus, ils sont tous là… Quelques parents ont évidement oublié de préparer des pique-nique malgré le panneau en 5mx3m à la porte de la classe depuis 2 semaines et les 75 mots dans le cahier de liaison… Je leur notifie exténuée que oui ils ont le temps de rentrer foutre une tranche de dinde dans un pitch pour créer l’illusion ! Et je soupire bruyamment.
Le bus est là lui aussi. Nous laissons les enfants s’y engouffrer comme ils peuvent, en essayant de monter des marches plus hautes qu’eux et en se hissant sur des sièges sans ceinture (oui, j’ai aussi imaginé l’accident de bus… Lequel sauverais-je en premier ? Quel parent me ferait le plus beau cadeau à la fin ?)… On enlève les manteaux, on essuie les larmes et on se demande si on ne devrait pas laisser Boubacar à l’école avec ses 38,1° de fièvre…
Finalement non, on embarque tout le monde et je me mets à tomber follement amoureuse du chauffeur de bus qui a complètement ouvert l’aération du toit ainsi que toutes les vitres et qui a placé stratégiquement des petites tas de sacs à vomi toutes les 5 rangées. J’ai supputé qu’il ne devait pas avoir très très envie de nettoyer son véhicule !
10h00 : Pile à l’heure ! Non seulement on s’est perdus dans des petites rues où même ma Citroën ne passerait pas, mais on s’est aussi retrouvés bloqués en plein milieu d’un marché maraîcher ! Qu’importe finalement car je soupçonne le chauffeur d’être un super-héros qui nous fait arriver pile pour l’ouverture du parc… Sauf qu’il n’y a personne… Sauf que c’est fermé… Sauf que c’est marqué partout que ça ouvre à 10h30… Je maudis ma collègue qui me jure qu’au téléphone on lui a dit 10h00. Je fais tellement la gueule qu’elle hésite même à cracher je crois. Bref nous devons tenir nos gamins à peu près calmes, debout pendant 30mn… (oui car le bus a disparu, un super-héros je vous dis !!)
(Je vous passe l’épisode où je décide de rentrer pour les faire asseoir sur l’herbe et que le personnel du parc me demande de ressortir avec mon troupeau de 50 et que je leur vole dans les plumes et que j’ai l’air d’une hystérique aigrie mais que j’en ai rien à foutre tellement c’est des gros cons hein…) Je me dis que ça commence bien !
Plus tard nous avons fait les groupes et nous nous dispatchons dans un parc aussi intéressant pour moi qu’une conférence sur les affections nosocomiales en milieu carcéral au cours du XIXème siècle en Pologne (et encore, en l’écrivant j’suis persuadée que ça me passionnerait finalement)
Là encore je vous passe les détails. Ils courent, je leur dis de pas courir. Ils crient, je leur dit que je les entends. Ils veulent savoir ce qu’on fait après alors qu’ils ne sont même pas montés dans le manège qu’ils font maintenant, je leur dis de profiter du moment présent (Peace Love Marijuana et Cold Water). Nan mais y’a même une maman qui vient me tenir la jambe devant la structure gonflable quoi ! Mais même pas une maman de mon école, non non, une autre…. Elle doute de rien la nana, elle croit que je vais être disposée à écouter sa vie (bon OK, je l’ai fait) mais j’ai vite changé d’attraction.
Et puis j’vous épargne le regard des gens… Forcément 50 gamins noirs et arabes au fin fond d’une campagne bourgeoise ça fait juste hypra mauvais genre, alors y’a ça aussi… Comme les parents supposent que les gamins vont forcément être violents envers les leurs, alors nous devons redoubler d’attention. « Vous pourriez faire attention » m’a lancé un papa. Genre c’est ma faute si le talon de mon Abdoul a écrasé la natte de sa Marie-Charlotte ! Épuisant !
Ensuite on a mangé… Enfin que dis-je… Ils ont mangé, moi j’ai essuyé leurs bouches et ramassé les bouts d’œufs qui tombaient des sandwichs à la margarine ! Donc j’ai pas forcément beaucoup mangé… de toutes façons cette odeur d’œuf m’a vite fait me souvenir que p’tet que j’avais produit une nouvelle bile alors il faudrait rester prudente !
On a refait les groupes après le repas (ouais parce que vu qu’il y avait un papa qui en avait déjà perdu 3 sur son groupe de 4, on s’est dit qu’on lui en demandait trop alors on les a re-répartis) et là j’me suis retrouvé avec 5 agités qui voulaient à tout prix aller à la géante balançoire… Ok soit, allons à la géante balançoire, ne faisons même pas de digestive pause… Moi j’en ai rien à foutre, si je suis occupée la journée semble passer plus vite (quoi ? ça fait pas déjà 6 ans que je suis là ?)
Et là c’est le drame…
Vous vous rappelez quand même que j’suis pas en forme.
Vous vous rappelez aussi que j’ai la gueule de celle qui vomit au lieu de se maquiller le matin.
Vous vous rappelez que depuis peu je sens l’œuf.
Eh bien c’est cumulant tous ces handicaps que c’est ici, au pied de la géante balançoire que je tombe nez à nez avec l’un de mes anciens plans cul. Oui oui…
Le gars mignon comme un ciel d’été sans nuage, coqueluche du lycée intouchable durant nos jeunes années que j’ai pu serrer quelques temps après grâce à ma liberté, ma fraîcheur, ma joie de vivre, mon amour du sexe !
LUI ! LÀ !
Je ne sais pas s’il me remet (en même temps je suis une autre personne -rapport au vomi, à la gueule, à l’œuf, tout ça…-) mais je ne cherche pas à savoir. Je récupère immédiatement ma troupe au balancier suivant et je décide de les emmener dans les manèges strictement à l’opposé géographiquement de l’objet de mon désarroi.
Je fais même une halte à l’endroit où nous avons posé tous nos sacs.
» Mais on fait quoi là maîtresse ?
– On va boire.
– Oui mais on vient de boire avant la géante balançoire…
– Oui mais on a encore soif ! »
Et je sors un pauvre crayon Khôl de mon sac à main de folie…
» Mais tu fais quoi là maîtresse ?
– Je me maquille.
– Bah…. Pourquoi ?
– Parce que j’ai envie ! Tais toi et bois ! »
Les heures suivantes s’écoulèrent comme des décennies… Il fallait que je surveille mes petits monstres, mais il fallait aussi que je surveille mon ex… Et puis avec les lunettes noires alors que ça se couvrait et qu’il commençait à pleuvoir c’était pas évident, les détails m’échappaient… ce fut horrible !
Enfin l’heure de partir arriva… Mon repli fut stratégique et je laissai deux ou trois mamans en plan. Oui j’aurais dû fermer la marche (histoire de bien tout compter) mais c’était trop dangereux, je ne cherchais qu’à fuir le plus vite possible… En courant vers la grille du parc (« Mais maitresse t’as dit il faut pas courir »), je voyais ma liberté, un peu comme Léon quand il sort de l’immeuble déguisé en flic blessé !
Une fois dans le bus je me suis posée, la pression est retombée, le stress s’est envolé (j’ai même pas revomi) et je ne l’ai pas recroisé… Bon, combien d’enfants j’ai ramené à leurs parents, ça je ne sais pas… Probablement tous vu que je n’ai pas eu de plaintes depuis…
Mais sérieusement on peut dire que sur ce coup-là j’ai été bien poissarde non ?
je crois que t’es ma nouvelle héroïne, là, tout de suite… 50 gamins quoi… déjà une parfois… pffff 50…
Bon…. Après on était 12 adultes aussi tu sais :))
J’ai pas de ex donc je ne peux pas comprendre peut-être cette volonté de te planquer pour pas qu’il te voit, mais je maintiens que tu n’avais pas à te planquer et avoir honte de ce à quoi tu ressembles, même après une mauvaise nuit, du vomi au bord des lèvres, et des gosses partout autour en train de courir. Nah.
Je voulais rester la déesse du sexe que j’ai été pour lui durant le passé…
j’en ai justement parlé hier :-)
J’ai un retard de dingue dans mes lectures :/
L’angoisse ! déjà 50 gamins (même avec 50 adultes, c’est beaucoup !)
mais tomber sur un ex… dis-toi qu’aujourd’hui ne pourra pas être pire ;-)
Ah ben là forcément pire n’est pas humain :)
Quand les réactions instinctives nous tiennent… Non pas lui, j’vais tout faire pour l’éviter mais j’vais quand même me remaquiller un peu pour être un minimum présentable au cas où… T’as anticipé une journée merdique, tes prévisions se sont réalisées (en mieux qui plus est)… T’es trop forte quand même…
Tu as vu ???? Karma, quand tu nous tiens :)
J’adore ta vie :)
(Ça me permet de me dire que la mienne est plutôt pas mal :p)
Bon en tout cas, j’espère que ça vas mieux :-*
Hehe :) voui ça va, je te remercie. Tu sais le « pas bien » dû au stress disparaît général m’en quand y’a plus de stress !
T’as cumulé pour 1 an là non?
Ouais, c’est ça en fait…. Maintenant je suis tranquille :)))
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Ah oui, big poissarde!
Alors mes ex, je les ai souvent recroiser en voiture… A des ronds points. Heureusement : moi j’étais au céder le passage. Si j’avais été dans l’anneau, je pense que mon assurance ne voudrait plus entendre parler de moi…
Un autre (le pire!!), je l’ai croisé une fois à la gare. Putinle con, il va prendre le même train que moi. J’ai joué à cache cache dans le TER pendant 1h30… Arrivé à destination, je n’ai jamais marché aussi lentement que ce jour là pour aller chercher mon bus… Je pense sincérement qu’il m’a vu, et heureusement il ne lui est pas venu à l’idée de venir me voir… Ouf!
Oh ben dans le train c’est pas de chance non plus !!!