Samedi dans la banlieue. J’avais prévu de ne pas bosser toute la journée.
Cette année, je me suis décidée à faire aussi des choses pour moi genre les week-ends au moins, et pis la nuit aussi.
Mais de toutes façons, comme je ne suis qu’une grosse faignasse de prof, eh bien on sait tous que ce n’est pas un problème.
Bref, samedi donc. Je décide de convaincre une copine d’aller en forêt. Ouais, j’avoue que c’est une idée qui ne me ressemble pas trop, généralement je convaincs mes copines de montrer leurs seins dans les bars, de reprendre un 16ème verre ou de rater le dernier RER pour prendre le noctilien.
Oui mais il faut dire que depuis mon retour à la terre estival je ne bois plus, je ne mange plus de viande et j’aimerais bien cueillir des trucs à manger (là en l’occurrence l’objet de mon désir c’était des noisettes)
C’est ainsi que l’Agoaye et sa copine allèrent crapahuter dans les bois.
Pour vous la faire courte, de noisettes il n’y en a eu guère.
Il y a eu des récits d’histoire de cul, il y a eu une géolocalisation prudente (histoire de retrouver la civilisation un jour quand même), il y a eu moult cadavres de bouteilles (pas les nôtres), il y a eu une cabane de chasseur, il y a eu une jolie gamelle (par moi évidemment, direct sur le cul) et il y a eu un champignon !
Je connais un peu les champignons.
Enfin non, on va plutôt dire que je ne suis pas complètement ignare en champignons.
Je m’y connais vachement plus en champignons qu’en biographie de Coco Chanel par exemple.
Mais je m’y connais carrément mieux en modèles de 2CV qu’en champignons aussi…
Quoi qu’il en soit, celui-là je le sens curieusement bien !
Je lui ai associé quasiment immédiatement des noms repêchés dans mes vieux souvenirs d’enfance quand il m’arrivait d’aller en cueillette avec Môm… J’ai reconnu immédiatement le bolet en lui, en revanche pour la variété, le doute subsistait… « Pied rouge » m’est passé dans le cortex, mais j’me suis dit que ce n’était pas la peine de me fier autant à de super vagues souvenirs, j’ai donc décidé de l’adopter sur-le-champ (ignon) et de réfléchir ensuite.
J’ignorais donc ostensiblement les cris suraigus de ma copine « hiiiiiiiiiii, mais pourquoi tu le touuuuuuuuches ????? » qui associait mon geste à un suicide pur et simple.
Notre promenade en forêt se termina donc les yeux rivés sur l’iphone, essayant de capter un réseau autre que l’edge afin de :
1- retrouver la voiture
2- identifier l’organisme eucaryote pluricellulaire
Peine perdue pour le 2, je décidais sagement de consacrer mes pauvres 12% de batterie restante sur le premier point (au grand soulagement de ma pote).
C’est une fois rentrée chez moi que je pus vaquer à mes recherches en toute tranquillité. Je parcours tous les sites de mycologues possibles et imaginables, je mets même la photo du spécimen sur Facebook au cas où parmi vous se cacherait un spécialiste mondial es champignologie…
Il m’apparaît assez rapidement que mon trésor peut prêter à confusion : Il s’agit soit d’un bolet à pied rouge (rho putain mais c’est exactement ce que j’avais pensé en le voyant, c’est un signe !!!), soit d’un bolet de Satan.
Hummmmppph…
Dans le premier cas il s’agirait d’un champignon super sympa à manger, un tout petit peu en dessous du cèpe gustativement mais quand même d’excellente facture.
Dans le second cas et comme son nom l’indique (bolet de Satan), il s’agirait d’un truc qui pue un tout petit peu du cul… Enfin il ne serait pas mortel (chouette alors), mais il pourrait m’assurer 1 à 3 jours d’épisodes nausées-diarhée-vomissements fulgurants (youpi hein).
Alors je sais ce que vous pensez (et que vous m’avez répété 14 fois sur mon profil facebook) : « Bah, va donc en pharmacie, ils sauront te dire euh, c’est aussi leur boulot » !
Ben oui mais non en fait :)
Vous croyiez que je n’y avais pas pensé ? Bien sûr que si, c’était même la première chose que j’avais imaginé faire…
Mais là où j’habite c’est particulier. Le pharmacien est moins cultivé que le dealer d’au dessus de chez le coiffeur. Le pharmacien me demande de répéter 3 fois les noms des remèdes homéopathiques quand j’y vais. Le pharmacien me dit que l’Alève n’existe plus, et deux jours après il me dit que si en fait. Le pharmacien me marque mes commandes sur un vieux bout de papier déchiré. Le pharmacien ne connait pas l’existence de l’Humex.
Du coup je suppute que le pharmacien me regarderait avec les yeux globuleux d’un mérou sous amphèt’s si je me pointais chez lui avec un truc qui vient d’une forêt !!! Je n’ai pas tenté !
J’ai plutôt décidé d’attendre le lendemain, rejoindre ma mère à la brocante où elle tient un stand qu’elle partage avec l’une de ses amies, Ginette qui est une toute récente veuve d’un cueilleur-de-champignons/tireur-de-sangliers hors pair.
Et je laisse mon champi sur la fenêtre à l’abri des assauts de Blogo qui soit meurt de faim, soit adore les champignons…
Lorsque Ginette m’a vue arriver avec mon mystère dans un sac plastique, déjà elle m’a engueulé. « Ahhhhhh, mais qu’est-ce que c’est que ce champignon dans du plastique, c’est mal ! Ça le fait fermenter ! Il faut le mettre dans du papier ! Non mais je rêve : du plastique….. »
Bon, elle a l’air de s’y connaitre Ginette.
Et puis la voilà qui le tourne, le tripote, le tord, le sent, le frotte, le coupe et le fait virer au bleu-roi… Pour finalement me sortir un nom en latin comme s’il s’agissait d’une évidente évidence. Bon, ok… Oserai-je lui demander si l’erythropus ça se mange ? Je n’en ai pas le temps puisque là, Ginette lève la tête, distingue une silhouette dans la foule de la brocante, me lance un « Tiens, y’a Jojo, il va savoir ça, il était dans le club avec nous, il saura lui ! » et file.
Quand elle revient une seconde plus tard et que je m’enquiers de ce que ce Jojo a dit de mon champignon, elle me répond « non mais en fait c’était pas Jojo, c’était ce monsieur-là, il lui ressemble un peu mais c’est pas lui. »
Ouaissss, alors comment te dire Ginette que si déjà tu confonds un bonhomme avec un autre, toute la crédibilité quant à ta connaissance de mon champignon va me sembler un peu dérisoire d’un coup…
Je décide toutefois de lui faire confiance… Elle dit qu’il se mange (« mais seulement s’il ne reste pas bleu une fois cuit »… ouais, je m’en serais doutée)
C’est ainsi que je décidais vaillamment, en ce dimanche soir (parfait pour commencer la semaine s’il s’agit du bolet de Satan), de cuire mon beau champignon dans de l’huile d’olive avec des échalotes et du persil.
Et je l’ai mangé !
Et il était super bon !
(Et plus bleu)
Et j’ai même pas eu mal !
Ni même une chtite diarrhée !!!
Et j’suis super fière car j’ai mangé le fruit de ma cueillette et j’aime ça !
*** Ce billet a été écrit grâce à Marceline qui m’a donné l’idée sur Facebook.
Merci à tous ceux qui interagissent avec moi ici ou là-bas. Mon inspiration c’est aussi vous :)) ***
Bravo,je suis mycophage moi aussi, ceux que je ramasse moi-même s’entend. C’est un plaisir indescriptible de ramasser et manger ensuite le fruit de sa cueillette ! Beaux prochains WE c’est la saison !
Mireille de Mireo-Créations
C’est vrai que c’est très valorisant je trouve…. Un beau plaisir. Je vais y retourner si je peux du coup
;-) sacré récit en tout cas !
C’est pour ça qu’on m’a encouragé à en faire un billet :)
Ahahah !! J’ai bien pensé aussi aller ceuillir pendant mes vacances berricho-charentaises mais j’avoue que ma belle famille s’est largement chargée de l’approvisionnement en cèpes, et du coup j’ai préféré ne prendre aucun risque (oh comme il est joli celui ci tout rouge avec des pois blancs !!)
Héhéhé. Je le connais celui-là, mais je n’en ai jamais vu (c’est plutôt rare il parait)
Je suis nulle pour trouver des champignons. Petite on y allais avec ma mère et ma soeur,elles en trouvaient et moi juste les pas comestibles.
du coup c’est pas un truc que je fait vue que je tombe tjrs sur les pas bons.
J’ai suivit tes péripéties sur facebook et bien contente que tu soie pas malade.
Oh tu es gentille (mais moi aussi j’étais bien contente) :)
je ne pense pas que j’aurai osé manger ce champignon
J’ai pris mes précautions, mais je l’ai fait !