Les éclopées sur le tarmac d’Orly.


Ma vie de touriste / jeudi, février 6th, 2014

IMG_6462J’ai vraiment gueulé contre « Paris face cachée » cette année, j’ai fait un billet, les organisatrices m’ont répondu et la semaine suivante j’ai été notifiée que des places avait été rajoutées, et en particulier pour la visite qui me faisait le plus envie : « Sur le tarmac »…

Du coup j’ai pu y aller ! Samedi dernier. Avec Julie ! Et vu que l’une et l’autre n’étions pas dans une forme olympique, ça a été relativement folklo !

Récit :

12h27 : Je suis comme qui dirait un peu à l’agonie. Hier j’ai trop bu, j’ai passé une nuit merdique, je suis en train de me demander si par hasard je vais pas crever là-de-suite… C’est dans un demi-coma certain que le texto de Julie me parvient « Je pars ».
Merdeeeeeeee, mais on a rendez-vous à 14h30, elle est vraiment trop ponctuelle cette nana !

13h30 : Au moment où je m’apprête à vomir, Julie tape à la porte. Je l’accueille vaseusement, elle me répond tout aussi vaseusement qu’elle a trop mal aux dents, que c’est terrible et que ça résonne dans tout son crâne quand elle marche. Ça promet.

13h55 : Stressée comme une meute de louveteaux, Julie me rappelle qu’on devrait déjà être en route si on ne veut pas être en retard… Je fais preuve d’une mauvaise foi certaine en lui disant que 14h30 c’est 14h30 et que s’ils voulaient qu’on soit là un quart d’heure avant comme c’est précisé en tout petit sur les places, ben fallait qu’ils l’écrivent en plus gros !!

14h22 : Garées et prêtes à sortir de la voiture, j’essaye de me faire une petite retouche maquillage, mais Julie m’en empêche. Elle trottine, s’infligeant des souffrances dentaires énormes en espérant rattraper nos 7 minutes de retard.

14h35 : La guide a fait un long speech à Julie des partenariats proposés pour ma ville… Elle nous confond !
Nous patientons sagement en essayant de retrouver nos maisons, nos écoles, la maison de Môm sur une grande photo vue de haut. Julie trouve tout avant moi, elle a toujours été excellente géographiquement parlant. Je sauve l’honneur en pointant laborieusement le parking de Babou !
Des mannequins habillés comme les hôtesses d’antan sont disséminés partout dans le hall. So seventies !

14h40 : Notre groupe est composé de 25 personnes et nous voilà tous affublés de gilets oranges hideux qui accentuent encore plus notre teint livide à la Julie et à moi, on se moque l’une de l’autre, on se prend en photo, on ricane comme des pétasses en montant dans le bus.

14h50 : En route vers les pistes, notre guide réussit enfin à allumer son micro et le colle consciencieusement sur son menton en appuyant de telle façon que ça lui fait une petite ride sous la lèvre inférieure. Je suis fascinée par ce détail alors je ne l’écoute plus…

15h00 : Après le premier arrêt au poste de gendarmerie, on nous confie des pass d’accès et on nous distribue les photocopies de nos pièces d’identités (que nous avons laissées en arrivant).
Notre guide fait des allées et venues dans l’allée centrale du bus, parfois en appelant les gens par leur nom, parfois en supposant leur identité. Elle file ma photocopie à Julie !

15h15 : Jambes écartées et bras en croix je suis en train de me demander si par un malheureux hasard je n’aurais pas un cutter planqué dans mon col roulé ou une boulette de coke qui dépasserait de mon anus… C’est dingue comme les fouilles peuvent être flippantes même quand on a rien à se reprocher !
Pendant ce temps-là, notre bus est fouillé au miroir.

15h40 : Ni coke, ni cutter, nous avons tous repris nos places dans le bus, roulant à présent dans la zone réservée, toutes les routes autour des pistes et menant aux différents entrepôts. Notre guide nous pose tout un tas de questions et nous abreuve de toutes sortes de chiffres, le nombre d’avions qui passent ici par jour, le nombre de litres de kérosène, le nombre d’employés…
J’avoue que la ride de son menton écrasé m’empêche de tout retenir, mais je me rends compte qu’il s’agit là de chiffres impressionnants.

Elle nous laisse descendre une première fois afin de nous faire admirer les véhicules de déneigement en nous précisant le prix de chacun. (Info dont je me souviens : il faut 10mn pour déneiger une piste grâce à tous ces engins)

16h15 : Parfois notre route croise celle d’un avion qui décolle, c’est très impressionnant, et la façon dont le conducteur du bus accélère pour traverser la piste nous fait sentir comme des intrus au milieu de tous ces géants. (Info dont je me souviens : les petites lumières qui clignotent au dessus et en dessous de l’avion nous indiquent qu’il a reçu l’autorisation de décoller, donc il ne va pas tarder à bouger, donc on traverse pas la piste à ce moment-là)

16h40 : Nous nous arrêtons maintenant à la caserne de pompiers où l’un d’entre-eux nous accueille pour nous parler un peu de son métier. Nous sommes tous groupés autour de lui dans le froid à côté de notre bus dont les moteurs tournent encore. L’intoxication au monoxyde de carbone nous guette tous mais personne ne semble n’en avoir rien à foutre.
Notre guide interrompt le pompier en souriant niaisement pour nous donner le prix du véhicule garé dans le hangar. (Info dont je me souviens : Les pompiers d’Orly ne sont plus militaires, ils bénéficient d’un statut particulier)

17h00 : Notre trajet en bus nous a emmené près de plein d’endroits vraiment particuliers, surtout au niveau de l’architecture.

Orly bénéficie de sa propre station météo et sa propre centrale géothermique (Info dont je me souviens : Il y a une source d’eau chaude sous le site de l’aéroport et ils l’utilisent pour le système de chauffage, 30% de l’aérogare est chauffée ainsi). Il y a aussi tout un espace d’entrepôts qui servaient auparavant au fret, mais qui sont aujourd’hui inutilisés et qui vont être démolis afin de construire « Cœur d’Orly », un nouvel espace hôtelier et de services.
L’ancienne tour de contrôle va être démolie prochainement aussi, et c’est vraiment dommage (c’est celle qui est sur ma vignette), car elle est vraiment typique. Je tiens à préciser qu’à part le format et le cadre, je n’ai pas modifié ma photo : les couleurs sont celles-ci. So seventies !

17h30 : Nous cuisons dans le bus. Julie se fout en débardeur, le mec devant moi hésite à se mettre torse nu. Nous sommes sortis de la zone réservée et notre guide repart à la gendarmerie pour rechercher nos cartes d’identité.
Je dis à Julie que bon, c’est vrai que c’était intéressant mais pas transcendant, j’suis pas déçue, mais presque…
La guide nous distribue nos pièces d’identités et me rend la mienne (la bonne) en me lançant un « encore vous ! »… Je ne sais pas ce que je lui ai fait mais manifestement je ne lui reviens pas !

17h45 : Notre guide nous annonce qu’on va à présent dans un super-endroit-super-réservé-et-super-secret-que-même-elle-elle-savait-pas-qu’il-existait !
Yeahhh, voilà qui va peut-être nous faire réviser notre opinion.

Nous arrivons devant un bâtiment entouré de drapeaux et devant lequel le tapis rouge est déroulé. Il s’agit de l’endroit où arrivent tous les personnages importants.

A l’intérieur, une gigantesque pièce accueille deux coins « salon » au dessus desquels les murs blanc plastifiés sont décorés de gigantesques tentures moutarde aux motifs criards. So seventies !

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Une porte dérobée cache un autre salon plus cosy réservé aux politiques de haut rang. Enfin, à l’arrière de la salle une grande porte vitrée, avec un tapis rouge enroulé donne sur une piste isolée où attend un avion.
(Info dont je me souviens : il y a trois types de cérémonies d’accueil pour les personnalités, et la majeure différence entre ces trois cérémonies passe par la longueur du tapis déroulé. Si t’as un grand tapis, t’es super classe… Si t’as le tapis de 40m, tu peux mieux faire !)

Julie se demande si le président a son propre avion, je lui rétorque qu’on est pas aux USA et que « Air Force One » c’est pas nous. Elle demande quand même au gars qui nous a présenté le pavillon, il nous répond que oui.
Forte de sa victoire, Julie continue alors à l’interroger et lui demande où est stationné cet avion alors…
L’employé devint alors d’un coup très suspicieux, s’est probablement dit qu’on préparait un attentat et s’est sûrement demandé s’il allait nous gazer et nous faire embarquer ou non. Après un coup d’œil à notre guide qui nous attendait en souriant niaisement, il a dû se dire qu’on était pas une menace avec nos gilets fluos et a finalement lâché le morceau. On a bredouillé un timide merci, et on s’est carapatées dans le bus sans plus en demander.

18h00 : Notre guide nous annonce que nous rentrons à notre point de départ et qu’une surprise nous attend là-bas, des gens venus nous rencontrer nous attendent. Je pense à des hôtesses de l’air, Julie espère un commandant. Comme d’habitude un peu amère je conclus : « ouais, enfin on va voir trois bonasses et un PD donc ! »

18h15 : Mais en fait non, c’est la douane qui nous attend ! Ils nous annoncent qu’ils vont nous faire une petite démonstration cynophile (en clair : un chien dressé à repérer les engins explosifs).
Julie recule alors en claironnant : « Ah non, c’est les gros cons qui renvoient les immigrés chez eux, j’veux pas les voir ces e******* de f**** de p***** !!! » et moi je la supplie : « Mais moi j’veux voir le chien moi ! »

Notre guide nous regarde affreusement gênée en souriant niaisement.

J’ai regardé la démonstration (ouais, un chien qui s’assoie devant des valises en somme) avec Julie qui grommelait dans le fond « ouais, tu vas voir que le clébard il va s’arrêter près de la poussette… tiens, qu’est-ce que je disais ?…. c’est un bébé Roumain à tous les coups, hein ?… Bah voilààààà ! »
Donc nous sommes reparties avant de nous faire embarquer pour outrage…

Et nous voilà rentrées, bien tranquilou, toujours un brin malade mais avec la drôle d’impression d’avoir passé quelques heures dans un autre monde, voire même presque un autre temps. Et mine de rien, ça nous a quand même bien plu !

Et vous, ça vous aurait intéressé de faire cette visite ?
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16 réponses à « Les éclopées sur le tarmac d’Orly. »

    1. Eh bien j’osais pas, et puis tous les autres gens du groupe ont commencé à en prendre, et vu que notre guide était à peu près aussi réactive qu’une limace sous prozac, bah je l’ai fait aussi !

    1. Nan mais franchement c’était vraiment très intéressant. Sachant le gros morceau de crève que je devais être en train de couver (vu ce qui me tombe sur le coin de la gueule aujourd’hui), ben j’suis bien contente d’être arrivée au bout de la visite

  1. Je pense que je suis une sorte de « copine Julie » sauf que j’aurais dit les choses encore plus fort, du coup on m’aurait vraiment embarquée :D

  2. Hehe ça fait plaisir de revivre cette journée a travers ton article, ça m’a bien fait marrer. Et effectivement ma réaction face a la PAF était peut être un peu exagérée, ça devait être a cause de la douleur aux dents ;) en tout cas c’était sympa, encore merci !! Soigne toi bien !

  3. ça doit quand meme etre sympa de voir l’aéroport autrement.
    ça me plairai bien de visiter pour connaitre les coulisses.
    Soigne toi bien
    je compatis j’ai passer un week merdique couché au lit et mal en point, allée au taf aujourd’hui fut un enfer.

  4. L’année dernière, ma visite s’était arrêtée aux pompiers (et on n’avait même pas eu le droit de sortir du car à ce moment).
    Pas de coin vip, pas de brigade cynophile.
    Super que tu aies adoré.

    De mon coté, j’ai recroisé vite fait la route de la chef des égouts du 94 mais elle était débordée, ce n’était pas elle qui faisait la visite.
    Mon coup de coeur cette fille, ils sont chanceux ceux qui la côtoient (au boulot et surement aussi en dehors)

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