Ma vie comme une solution biphasée.


Ma vie de citadine pressée, Ma vie de hippie / mardi, janvier 13th, 2015

018Mon démaquillant pour les yeux est de ce genre-là. Au dessus y’a du bleu, en dessous du transparent (l’inverse de ma vignette en fait). Deux liquides de masses et de consistances différentes.

Pour une efficacité optimale, il faut bien mélanger avant l’emploi.

Je crois que ma vie est pareille…

Le côté bleu est celui qui flotte… Léger et plutôt joli, en secouant un peu on arrive à créer de petites bulles grasses qui se ne se désolidarisent qu’un temps.

Mon côté bleu c’est celui qui, dans ma vie, me fait suivre les conventions sociales en vigueur aujourd’hui. Il faut consommer et posséder. J’ai un smartphone parce que ma vie est dedans, je ne vis pas sans ma voiture, je suis l’heureuse propriétaire d’un appartement en dur, dans un joli immeuble, j’ai aménagé mon petit confort, ma petite vie, mes habitudes, ma routine.

Mon côté bleu c’est celui qui ne sort pas du rang et qui respecte les règles, celui qui est socialement bienveillant, qui dit merci, bonjour et qui tient la porte. Ce bleu-là me persuade que je dois être aimée et que les preuves d’affections des gens qui m’entourent sont des choses capitales, alors je dois faire attention à ce que je fais, ce que je dis, à comment je suis perçue.

Mon côté bleu est très rassuré d’avoir trouvé un emploi stable et respectable et qui me plaît. Le salaire qui tombe chaque mois assure à ce côté là une sécurité qui le tranquillise et l’apaise. Cet argent « virtuel » tombera tous les mois, quoi qu’il en soit. Je peux tomber malade et être payée quand même.

Mon côté bleu se laisse facilement tenter par tout ce qui n’est pas nécessaire. Sa devise c’est « le futile m’est essentiel »… J’ai une dizaine de palettes de maquillage, une centaine de produits Lush, un millier de sources de loisirs… Ce bleu est celui qui mate Vente-privée et qui est persuadé qu’un voyage à l’étranger par an est le minimum syndical acceptable.

 

Le fond transparent est en dessous… Car plus lourd et moins fluide. Il est utile et possède ses propres propriétés qui, couplées à celles du bleu, font un ensemble convenable.

Mon côté transparent c’est celui qui pense uniquement aux choses essentielles. Ma santé, ma vie et ma planète. On ne possède rien et tout ne nous est que prêté, à l’image de notre brève existence. Une poussière, un passage, rien qu’un claquement de doigts. Lui me pousse à voir que rien n’est important sinon l’environnement dans lequel nous vivons : la terre, les plantes, les bêtes…

Mon côté transparent ne croit plus en l’humain, et encore moins de jour en jour. Les relations sont faussées par les intérêts et les basses envies, perverties par la société de consommation et l’argent. Cet argent qui est notre drogue, le désir d’avoir plus, encore plus, plus que notre voisin, plus qu’hier et moins que demain… Ce côté-là me rappelle que ce qui compte c’est ce dont j’ai vraiment besoin : du sommeil, du bonheur, de la nourriture et de l’eau.

Mon côté transparent veut que je me responsabilise le plus possible. Il veut que j’arrête le gâchis qui mène la planète à sa perte, il sait que c’est de toutes façons irrécupérable, mais il se dit que faire à mon échelle ce sera déjà une satisfaction égoïste mais ultime. Produire l’énergie dont on a besoin, récupérer l’eau, cultiver et élever. Vivre naturellement de son travail. S’autosuffire.

Mon côté transparent vivrait hors du monde donc, en utilisant des mots comme « permaculture », « troc » et « équitable », mon côté transparent larguerait tout, mon côté transparent me promet que je serais heureuse, avec beaucoup d’efforts, mais de ceux qui produiraient concrètement quelque chose d’utile et de simple.

 

Aujourd’hui je mélange quotidiennement le flacon de ma vie, pour avoir un peu des deux de mes côtés chaque jour, à chaque moment.
J’en ai marre…

Je sens venir le moment où je vais devoir faire des choix radicaux et sacrifier les principes de l’un des deux côtés de cette solution…
C’est difficile.

Et vous, mélangez-vous toujours?

23 réponses à « Ma vie comme une solution biphasée. »

  1. J’avais jamais pensé à cette comparaison (et elle fonctionne très bien d’ailleurs), en réfléchissant, je pense que j’essaie de mélanger les deux. C’est vrai que c’est dur, un côté prend le pas sur l’autre sûrement selon les jours on va dire. Va falloir que je fasse des efforts pour obtenir un équilibre ;)

  2. Vu l’actualité, quand je lis choix « radicaux » et « sacrifier les principes » ça fait un peu peur, il vaudrait mieux que ça soit consensuel pour éviter / limiter les frustrations ou les dérapages, non ?

    Si je devais me définir, je serai dans le mélange constant, à la limite de la perte de l’identité. Ce n’est pas la solution vu qu’au final, on ne sait plus ce que l’on veut réellement ni ce qui nous fait plaisir.

    1. Parce que ma vie « ideale » est à mille lieues de celle que je vis maintenant.
      Je veux de la nature et je cis en appart de banlieue. Je veux des animaux et j’ai un chat. Je veux etre libre et je suis fonctionnaire. Je veux etre respectueuse de l’environnement et je ne trie meme pas mes dechets. C’est ca tu vois ?

  3. il faut trouver le bon équilibre pour vivre, avoir la santé c’est primordial, ensuite le reste vient et il faut savoir se contenter de ce qu’on a, ne pas en vouloir plus que le porte-monnaie peut payer

  4. On compose tous avec notre environnement social , culturel , géographique , familial …. Je trouve ta métaphore assez juste et la dualité est ce qui fait de nous des humains non ?
    Après ce morceau de psychologie de comptoir , je n’ai qu’un truc à dire , mais , vraiment , qu’est ce que tu attends pour trier tes déchets !!!!
    ;)

  5. Je ne mélange quasiment plus, ou de moins en moins, mon côté « transparent » estde plus en plus présent, surement aussi parce que le besoin de sécurité n’est pas vraiment ancré en moi, je ne sais pas, mais plus je vieillis plus je pense au monde , plus je comprends mes vraies valeurs, plus je ressemble au côté « transparent » que tu décris, le côté bleu c’est plus Mister coconuts en fait dans le fond, peut être que c’est pour ça que je ne ressens plus le besoin de mélanger je ne sais pas.

  6. Je me sens complétement comme toi, et ces deux côtés là, un peu schizophrène, partagée entre mon côté futile et léger et mon côté « lourd » et existentiel, on a besoin de futilités et d’insouciance pour alléger un peu nos angoisses et notre vision assez désespérée de l’humanité…

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