« Mais que fais-tu dans l’éducation nationale ? »


Ma vie de prof des écoles / mercredi, mars 11th, 2015

015C’est une phrase qui revient de façon récurrente dans la bouche d’une de mes collègues :

« Mais qu’est-ce que tu fais dans l’éducation nationale ? »

Elle me le dit en rigolant, mais je sais bien, venant d’elle, qu’au fond y’a un peu de vérité…

La plupart du temps, cette phrase arrive après l’avoir aidée sur le PC, ou lorsqu’elle voit ce que je fais, les leçons que je conçois, ou même ce que je crée hors école, ce à quoi je passe mon temps de célibataire nullipare et munie de 3 pauvres amis que je ne vois jamais.

Ah ça c’est certain, ce n’est pas ma vie sociale qui va m’étouffer, c’est sûr qu’il me reste du temps pour m’intéresser à mes passions, observer, réfléchir et créer.

Parce qu’au final ça m’est indispensable de créer (et c’est aussi pour cela que ce blog existe, ma psy m’avait encouragée à écrire, je devais produire, j’en avais besoin). Je dois exprimer mes sentiments et mes ressentis au travers de quelque chose… Comme tout le monde je pense (les tueurs en série ont juste une façon de faire un peu plus sanglante, mais ça revient au même non ?)
Si certains vont expier en suant dans la pratique de divers sports, ce n’est clairement pas la voie que j’ai choisi. Moi je crée.

Et justement au boulot ça se manifeste dans les supports que je présente aux élèves. Il est rarissime que je me serve d’un document trouvé sur internet et créé par un enseignant partageur.
Parfois bien sûr j’y trouve des idées (si vous saviez le temps que je passe à faire des recherches pour aborder telle ou telle notion, en regroupant telle ou telle méthode, en me référant aux bulletins officiels, aux livres des maîtres ou aux pratiques des autres : c’est dément.) mais tout ce qui entre dans ma classe a ma griffe, mon style ! Je ne me sers évidemment pas des manuels non plus.

C’est donc probablement pour ça que j’y passe tant de temps.
Mon collègue de même niveau que moi m’a souvent traitée de folle (quand ce n’est pas de princesse), il ne comprend pas que je ne puisse pas me satisfaire d’un exercice trouvé, hop hop, deux coups de ciseaux, une photocopie rafistolée, et allons-y, au travail et en silence.
Bah non, je trouve ça moche. Moi mes exercices ressemblent à ça :

ex

Alors je sais bien que ce n’est pas pour autant que mes élèves vont mieux intégrer, ou plus réussir. Faut pas croire, mais je suis plutôt consciente de l’inutilité latente de tous mes efforts. Mais je me dis que si moi déjà je me sens bien avec mes outils et mes documents, je pourrais être plus à même de transmettre les choses clairement.

Résultat, je bosse comme une tarée pendant une période, et puis je suis exténuée et je n’ai plus de courage en rien pendant une autre. En ce moment, par exemple, je boude les corrections… Je n’en peux plus de les corriger, ça finit par me gonfler tellement que je prends un retard phénoménal.
Si je pouvais engager des travailleurs chinois dans ma cave la nuit pour qu’ils corrigent à ma place : je le ferais sans une once d’hésitation !

Finalement ma manière de travailler est une métaphore parfaite de ma vie : de super grands hauts et de putain de sacrés bas (une fourmi dans un grand-huit)

Mais que voulez-vous, quand je fais quelque chose, je m’investis…

Et vous, vous faites aussi les choses à fond ?

26 réponses à « « Mais que fais-tu dans l’éducation nationale ? » »

  1. ça me rappelle mes stages… je bossais comme une folle pour préparer des leçons interactives et/ou à ma sauce… J’ai fait plein de trucs chouettes avec les gamins : organiser un banquet du moyen âge en costume, visiter une imprimerie, faire du tarot pour écrire des histoires, etc. Enfin bref, ça me prenais un temps de dingue !!! J’ai jeté l’éponge au moment d’en faire mon métier… Je ne me sentais pas capable de faire ça tout le temps… de me négliger moi et les miens au profit de ce boulot… je reste persuadée qu’il faut le « feu sacré » pour enseigner… (et les profs mous m’insupportent…)

    1. C’est un investissement. Autant en terme de temps qu’en terme personnel…

      Je ne suis pas sûre d’y arriver encore longtemps (en tous cas pas de cette façon, c’est certain)

  2. et quand on fait qq chose c’est un engagement à bien le faire et il faut trouver les bonnes manières pour que les élèves apprennent bien tout en ayant l’air de jouer un peu et cela prend beaucoup de tps, mon psy m’a conseillé d’écrire c’est donc une bonne thérapie

  3. envoie les copies, moi je vais corriger, j’aime bien ça et j’ai du temps à tuer!
    Tu es une super instit’… oups pardon on a plus le droit d’utiliser ce terme…
    Moi j’ai pas eu le concours… Après j’ai eu mes loulous et comme maintenant il faut un master, je ne me vois pas retourner en cours donc mon rêve est aux oubliettes.
    Mais je suis super contente de voir qu’il existe des gens comme toi qui aime vraiment ce qu’ils font et s’investissent à mort! Si mes gosses pouvaient t’avoir en maîtresse, je serais soulagée lol, entre de bonnes mains!

      1. J’ai longtemps voulu être « maîtresse » et puis clairement j’ai constaté que les études supérieures c’était pas pour moi et aujourd’hui quand je vois celle du Crapouillou je me dis que je serai incapable de faire ce job.
        Je rêve que mon petit tombe sur des profs aussi engagés que toi à l’avenir car celle de cette année j’ai un peu de mal mais c’est un ressenti personnel rien à voir avec ce qu’elle fait avec les enfants.

        Si tu paies en Ferrero je prends les copies à corriger aussi :)

  4. C’est drôle, je fonctionne pareil! (Corrections en moins mais pas mal de découpage/collage que j’abandonne avec mes PS)
    L’essentiel c’est que les enfants progressent et je me console en me disant que les périodes de faiblesse des instits doivent leur faire du vien car on les a trop fatigués avant ;)

  5. Continuer à enseigner au même niveau te permettra de réutiliser les idées mises en oeuvre cette année… Trop vieux pour performer sur la durée, j’préfère fonctionner par coup d’éclat.

    1. Ah malheureusement si ça pouvait être vrai !!!

      Alors déjà j’espère ne pas garder le même niveau (trop petits), et ensuite c’est extrêmement rare qu’on ait une classe avec les mêmes capacités que la précédente. En fonction des élèves il y a des différenciations qui se mettent en place, et au niveau du rythme également.
      Et puis les programmes vont pas tarder à changer, et puis j’ai pas envie de refaire les trucs dans lesquels je ne me suis pas sentie performante (parce que c’est bien beau de tout préparer, mais ce n’est pas toujours un gage de qualité, et les erreurs à l’application je les vois après !)

  6. je suis un peu comme toi
    quand j’y vais j’y vais a fond

    je me souviens dans les centres de loisirs je voulais vraiment avoir un modèle et mes documents écrits à la mains bien soignée à l’encre bleu

    Et finalement parfois on nous le dis pas mais c’est ce qui fait notre petit plus
    Et fait que finalement même si ca aide pas c’est plus agréable pour les enfants

  7. Punaise, j’ai eu l’impression de lire ce que je faisais en élémentaire…
    2 classes bilingues à double niveau.
    Pas beaucoup de supports, du coup je traduisais, inventais et j’y passais des heures…
    Je n’arrivais pas à me résoudre à utiliser des trucs moches… et pourtant ça m’aurai grandement facilité la tâche.
    Là je revis en maternelle, même si je continue à me compliquer la vie^^

  8. Après avoir passé toute une journée +une nuit sur la compilation de mes résultats et la préparation de ma revue de direction, je pense que je suis investie plus que ce que je ne le pensais dans mon taf.
    Si mon patron l’apprenait, il m’engueulerait !!!mais j’étais tellement satisfaite du résultat, et ça ne m’a jamais dérangé !

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