Maladie nostalgie.


Ma vie d'éternelle enfant / mardi, mai 12th, 2015

moinbMalgré les moments durs, malgré la solitude, malgré le peu de fric, les disparitions d’amis et l’aliénation professionnelle, malgré tout ça je peux vous avouer que je l’aime bien ma vie.

J’aurais jamais imaginé en arriver là. Mon parcours atypique ne me prédestinait à rien de très précis. J’ai pas mal erré, j’me suis pas mal abimée mais j’ai tout de même réussi à faire un final pas trop mal.

Mais il y a des moments où les souvenirs s’imposent…

Putain que je regrette mon innocence…
Il y a des moments où je me revois, moi naïve et protégée, et tous ceux qui m’élevaient, qui m’aimaient…
Bercée en ce que je croyais je ne me posais que peu de questions, je ne me doutais de rien…
Mon monde semblait magique, mes drames étaient surmontables après une nuit de sommeil, mes journées ne se ressemblaient pas.

Aujourd’hui je suis différente et si désabusée que je me fais de la peine. Les choses ont toutes changé, les lieux ont été oubliés, les gens sont morts… Et moi je me souviens.

Pourquoi cela me fait-il autant de mal ?
Pourquoi ne pas juste se rappeler avec un sourire bienveillant ?
Pourquoi ne pas laisser le temps couler, comme ça, juste simplement… Puisque de toute façon c’est inévitable…
Alors pourquoi moi ça m’écorche ?

J’ai l’impression d’avoir eu plusieurs vies, j’ai l’impression que les deuils les ont jalonnées, j’ai l’impression de forcément devoir tout perdre, toujours.

Ou alors je me force à ne pas me rappeler. Je m’oublie dans la fuite, ou dans l’alcool, ou dans ces passions qui m’animent, cette dévotion au boulot, ce blog…
Sauf que quand ça revient, comme hier soir, à cause d’un détail lu sur Facebook, eh bien je morfle.

Comme quand je devais aller parler à mon moi de 6 ans lors de cette séance d’hypnose et que je n’ai pas pu. J’ai rompu mon état hypnotique en larmes, j’étais trop triste, c’était trop triste…
De me revoir ou de me parler ? je ne sais pas mais je n’ai pas fait, je ne peux pas le faire.

 

Et puis finalement…
Il n’y a pas beaucoup de photos où je souris…
Ai-je vraiment déjà été heureuse ?

 

 

Arrivent des jours
Où on se lève et on s’échoue piteusement
La larme d’hier encore présente,
La voix muette mais déjà blanche
A quoi ça sert d’avoir trente ans,
Si c’est pour juste manquer de vivres
A s’écorcher contre l’enfance,
A regretter amèrement
A se couper sur le fil du temps,
Ce putain de gosse est devenu grand
A quoi ça rime, tout ce qu’on s’inflige
Toutes ces béances qu’on a comblées
Pour se retrouver à moitié vide
Dans le tunnel qu’on s’est creusé

On a envie de se sentir libre
On est toujours vite rattrapés
Par des coliques ou par ses fibres
Par la famille et toutes ses plaies
Trop de déni que l’on endure
Au sein de ce corps insatisfait
Que l’on caresse comme on suture
Sans qu’aucune paix ne soit signée
Y a tellement d’ancres dans nos filets
Que tout devient trop lourd à remonter
Que ce qu’il y a en bas n’est que vertige
Et que c’est pas là d’où je veux sauter
J’ai pas mon âge mais je suis âgé
Car la trotteuse a galopé
J’ai trop couru en jouant la montre
A quoi ça sert ?
A quoi ça sert ?
A quoi ça sert ?

On a grandit beaucoup trop vite
Sans jamais pouvoir s’échapper
De cette gangue où l’on subsiste
Où faire le mort, c’est exister
On peut se dire qu’on a changé
On changera pas ce qui s’est passé
Tant de ratures indélébiles
Qui sur nos corps sont tatouées
La vérité n’est pas subtile
Et elle a pas à s’excuser
La vérité c’est comme l’exil
On est tout seul à la partager
Chercher en vain tant de réponses
A toute cette vie qu’on a tirée
Aller si loin pour découvrir
Que c’est pas là qu’il faut creuser…
Le silence est ce qui me ronge…
A quoi ça sert ?
A quoi ça sert ?
A quoi ça sert ?

L’œil – Demago

15 réponses à « Maladie nostalgie. »

  1. La nostalgie nous faire sourire ou bien pleurer. Je crois qu’un jour il faut décider de laisser le passé au passé. Parce que qui n’est plus ne sera plus jamais. Et que se faire mal en continue nous mine et nous empêche d’avancer. Tendres pensées Agoaye.
    ps – Dis toi que ceux qui sont partis sont fiers de la personne que tu es. C’est tout ce qui compte, le chemin que l’on continue, avec nos blessures sur le coeur…

  2. Tu parles souvent de ton enfance heureuse. Du fait que tu étais protégée et aimée. Tu ne peux pas tout d’un coup penser le contraire.

    La vie est comme cela, nos parents nous aiment et nous protègent et on grandit et les soucis deviennent plus importants.

    Je suis également dans une grosse remise en cause professionnelle. j’ai envie de tout envoyer balader et je me dis que je me suis trompé toutes ces années. Puis je réfléchis un peu. Même si aujourd’hui je n’éprouve plus aucun plaisir dans mes activités je ne peux pas nier qu’à une époque j’ai aimé. J’ai pris du plaisir dans tout cela.

    Je vais surement arrêter, passer à autre chose va être très difficile mais ce n’est pas pour autant que je vais tout jeter.

    Nous avons tous des moments difficiles, parfois c’est long. Mais il faut s’accrocher….

    1. Ce n’est pas réellement tout à coup le contraire.
      C’est que c’est perdu, foutu, oublié, que ça ne reviendra plus jamais, que je ne serai plus jamais heureuse comme ça…

  3. il faudrait arriver à oublier tout ce passé qui fait mal, tous ces accidents de parcours mais c’est dur, on dit tjs que le naturel revient au galop et c’est bien vrai, il faudrait avoir en tête que les bons moments

  4. si tu ne peux pas lui parler à cette petite bouille, prend la juste dans tes bras, elle, elle comprendra et elle n’a besoin que de ça.

    bon par contre j’aime pas du tout ta phrase « j’ai réussi à faire un final pas trop mal » !!! tu n’es qu’au début !!!!

    <3

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