Mes petits copains


Ma vie d'éternelle enfant, Ma vie de célibataire / lundi, avril 29th, 2019

Depuis quelques années déjà, mon vrai truc à moi, ce sont les hommes aux cheveux longs, vous le savez depuis le temps que je m’étends là-dessus !
Même ceux qui ont une tête de veau mort-né, s’ils ont de la longueur aux pointes, ça va me faire fantasmer, c’est comme ça, et je n’ai aucune explication pour ce fétichisme capillaire qui m’est tombé dessus vers l’adolescence.

Dans mon enfance en revanche je m’en fichais, j’étais une romantique. A l’école élémentaire par exemple je n’ai eu qu’un seul amoureux de la maternelle jusqu’au CM2. Il était magnifique, il me faisait rire et je le trouvais grand et fort du haut de son mètre trente six.

Tous les ans, j’avais un rituel, je l’entraînais dans un coin de la cour pour lui avouer mon amour, ou plutôt pour lui rappeler que je l’aimais toujours malgré les 364 jours qui venaient de passer depuis mon dernier rappel sur le même sujet.

Je ne me souviens plus de sa réponse, je ne sais même pas si je lui en laissais le temps. Probablement pas, l’important était la déclaration, pas ce qu’il pouvait en penser, et puis j’étais timide : dire c’est facile, entendre beaucoup moins.

Au bout de ces nombreuses années, mes efforts ont payé. A la fin du CM2 il a commencé à arriver avec une fleur, puis deux ou trois et enfin des bouquets devenant de plus en plus gros et de moins en moins pratiques à garder intacts pendant toute une journée d’école.
Le matin, j’écrasais les roses au fond de mon cartable, bien calées sous mon classeur d’histoire-géo.

Et puis avec ce geste évocateur, le pauvre William avait un peu perdu de sa superbe. Je l’aimais moins. J’acceptais les fleurs, lui lançais un timide merci du bout des lèvres et retournais vaquer avec mes copines. 
Il ne s’est rien passé avec mon premier amoureux, même pas un petit baiser d’écolier… Nos chemins se sont séparés très rapidement ensuite.

Mon premier baiser a pris la forme d’un bécotage timide et agrémenté de beaucoup trop de langue et de bagues dentaires (de sa part, évidemment, moi mes dents sont parfaites) un soir en colonie de vacances.
Les conditions idéales semblaient être toutes réunies : un feu de camp dans la clairière d’une forêt, le diapason rouge pour entonner les plus beaux chants d’Hugues Auffray, une douce brise amenant avec elle les relents de la sauce tomate des raviolis que nous avions fait chauffer à même les boîtes… Le rêve !
C’est ainsi que tout naturellement, Vincent et moi avons décidé d’aller tenter cette première expérience pour tous les deux loin des regards indiscrets, planqués derrière la fosse sanitaire des toilettes à la turque.
Idéal donc !

Ma carrière de briseuse de cœur débuta presque immédiatement après, durant la boum du lendemain, lorsque j’ai voulu vérifier si c’était aussi dégueulasse avec un autre garçon.
Comme ce n’était pas le cas, j’ai largué mon premier pour lui préférer son meilleur ami. Je ne suis pas cruelle, je lui ai rendu son bracelet brésilien quand même !

Cependant, ces moments d’érotisme sauvage et débridé n’avaient lieu que durant les vacances, une fois de retour chez moi, je retournais à ma fidélité ordinaire.

Et puis au collège j’ai vécu mon premier coup de foudre, et avec lui les prémices de ma nature passionnée.
J’avais visé haut : l’objet de mon affection était en quatrième alors que je venais tout juste d’arriver en sixième. De fil en aiguille, de manigances en plans tordus, j’ai réussi à faire la connaissance de ce garçon qui, comme je l’écrivais à l’époque dans mon journal intime était « moyen, blond et beau ». Je lui ai demandé des cours particuliers d’allemand !

Encore aujourd’hui je me pose la question du choix de cette première langue, étant donné que je l’ai laborieusement étudiée durant près de neuf ans et que je n’en ai retenu qu’une vingtaine de mots, il semblerait que le karma était uniquement concentré sur cette rencontre, j’aurais fait espagnol, je l’aurais eu dans l’os.

Quoi qu’il en soit, j’ai réussi à fréquenter ce merveilleux garçon. Il était aussi adorable que ce que j’avais imaginé la première fois que je l’ai vu, dans le couloir du collège. Nous sommes rapidement devenus amis, il m’a appris à jouer aux échecs et m’a fait découvrir son film culte « Brazil », nous sommes même allés au cinéma ensemble… Rien de plus cependant.

C’était un gars bien, et je ne regrette rien.
Il y a quelques années je l’ai recherché, principalement pour savoir si mon orgueil avait eu raison de me faire penser que s’il n’avait rien tenté avec moi c’est parce qu’il était très certainement gay, mais je suis tombée sur un répondeur à son nom, ainsi qu’à celui d’une femme mais aussi à ceux de deux enfants que j’ai imaginés très beaux !

Et vous, comment étaient vos premiers petits copains ?

2 réponses à « Mes petits copains »

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