Les mots ne me font pas peur (ce serait le comble pour une blogueuse quand même). J’ose même pousser la prétention jusqu’à affirmer que j’ai plutôt pas mal de vocabulaire.
Mais lorsqu’on m’a demandé de lister mes émotions, je me suis retrouvée aussi à sec que la mer d’Aral ! Quelle drôle d’idée que de mettre des mots là-dessus…
Soudainement, je me suis trouvée avec deux trucs qui me sont venus à l’esprit : « malheureuse » ou « heureuse », et pis c’est tout !
Déjà, il me faut vous expliquer le pourquoi du comment !
Revenons vite fait à mars 2016 : de « pas bien » je suis passée à « carrément mal », avec une petite phase durant laquelle je me suis sérieusement demandé si je n’allais pas aller me faire interner volontairement. Bref, pas glop.
Trois mois après, et grâce à la prise en charge psychologique d’urgence dont on m’a fait bénéficier (rire… Jaune bien sûr), j’ai pu rencontrer deux thérapeutes dont l’un m’a proposé de travailler en thérapie cognitive.
En gros, l’idée est de soigner mon cerveau malade (si si, la dépression est une maladie mentale) par une reconfiguration pure et simple. Mes pensées et schémas mentaux fonctionnent la plupart du temps sur un principe qui ne me permet pas d’être heureuse, ils ont été (mal) habitués. Comme un gamin qui s’assoit mal et qui développe une scoliose qui entraînera des maux de dos plus ou moins handicapants.
Mes pensées sont très peu subjectives, elles déforment ma vision de moi, du monde, des autres et petit à petit, à force de toujours voir le côté négatif, j’arrive très bien à me convaincre que je suis une grosse merde, évoluant dans un monde dégueulasse, corrompu par des troupeaux de gros connards…
Pas très Bisounours tout ça !
Donc me voilà aujourd’hui, en plein milieu d’un réflexion permanente sur moi, les autres, le monde…
Concrètement, je dois analyser mes pensées automatiques afin de pouvoir petit à petit les rationaliser et les dompter à un certain niveau. Du coup j’ai eu pour mission de faire un cahier (ça, c’est bon, je suis en plein dans une période créative manuellement, ça ne va pas me poser trop de problèmes). Dans ce cahier, il y a 4 colonnes :
- Situation (où j’explique un truc en particulier qui a déclenché des pensées chez moi)
- Émotions (où je dois inscrire les émotions ressenties sur le moment)
- Pensées (où je dois inscrire les pensées qui en ont découlé)
- Réponse rationnelle (où je me force à prendre du recul pour rectifier les pensées négatives ou culpabilisantes…)
Je ne vais pas vous expliquer aujourd’hui en quoi je suis moyennement convaincue par l’efficacité du dernier point (à savoir enfiler mon costume de licorne à paillettes sous ecstas pour faire mon show du « tout est merveilleux et je suis formidable » alors que je n’en crois pas un mot mais que je le fais parce qu’il faut que je le fasse et que je suis une gentille fille qui fait ce qu’on lui demande).
Aujourd’hui, je vous parle des émotions et de ma difficulté à mettre des mots dessus. Je pense que je n’ai jamais appris à faire ça !
Durant les précédentes séances, lorsque je parlais de cette colonne émotions à mon psy, celui me coupait sauvagement avec la même phrase : « Ce sont des pensées ça Madame, pas de émotions, on a dit émotions… »
Mouais… Ça ne m’aidait pas trop trop. Alors j’ai fait des recherches.
Et même après mes recherches, et avoir lu tous ces mots que pourtant je connais (humilié, déprimé, désabusé, délaissé, angoissé…), j’ai toujours un mal fou à les faire venir spontanément lorsqu’une situation se présente.
Et puis d’abord, c’est quoi une émotion ? C’est tout à fait flou cette histoire !!
J’apprends que Darwin est le premier à avoir planché sur le sujet, et que selon lui, pour comprendre la théorie de l’évolution, il devait identifier les émotions qui étaient propres aux êtres vivants.
Aujourd’hui, les critères sont évidemment plus larges, et on parle également de signaux émotionnels, des réponses physiologiques, de l’universalité des éléments déclencheurs, de la rapidité du déclenchement, de leur durée et de leur caractère spontané ou non…
Bien qu’il n’y ait pas encore de réponse précise et fixe, les chercheurs semblent s’accorder pour retenir comme émotions de base : la joie, la surprise, la tristesse, la colère, la peur et le dégoût (ah ben voyez, j’étais pas si loin !!).
En revanche, il existe une infinité de sentiments (le sentiment désigne un état affectif dont la durée est plus longue que l’émotion et qui est plus complexe et plus nuancé).
Me voilà donc à me demander si j’inclus mes sentiments dans la colonne « émotion »… Je pense en tous cas que je vais me créer un répertoire que je fourrerai à la fin de mon cahier.
Et vous, arrivez-vous à les identifier ?
Je crois que c’est quelque chose que j’ai toujours su trouver et définir comme telles – mes émotions. Les laisser s’exprimer c’est autre chose.
A un moment donné on se doit de rationaliser, même si ça parait complètement loufoque à l’instant T. Ou alors on se laisse mener pas nos émotions trop longtemps – et là il y a réel danger.
Au travail ma belle!
De tout coeur avec toi. Tu avances et tu travailles sur toi. Ca ne peut apporter que du positif.
Je ne cesse pas de travailler, mais je n’ai jamais l’impression d’avancer.
C’est pas grave, au moins ça m’occupe :)
je ne sais pas pourquoi mais l’une de tes dernières phrases m’ont fait pensé à un dessin animé: vive versa/ Tu as déjà vu?
Il m’a fait réfléchir ce dessin animé… j’imagine mieux comment fonctionne mon cerveau et je me dis que des fois mon petit bonhomme « tristesse » fait un peu trop ce qu’il veut et que mon bonhomme joie se prend trop de vacances lol…
sinon pour répondre à tes questions, je crois qu’on a tous du mal à les identifier… on croit savoir le faire et non en fait…
ce que tu dois faire, c’est une chose qui m’aie aussi proposé dans un exercice lié aussi à ma thérapie.. mais c’est pas encore tout à fait pareil, et des mois après, je n’y arrive toujours pas, bien que je sens que j’arrive à m’aider à aller mieux quand je vois que je m’enfonce de nouveau ….oui bon, tu arrives à me suivre? lol
Oui je le connais. Il m’a fait pleurer (tu sais quand la créature chelou meurt dans le labyrinthe)
Non mais je comprends ce que tu dis oui… J’espère que d’ici quelques mois je sentirai comme toi :)
C’est tout à fait cela.
C’est en partie pour cela que vice versa parle si bien aux adultes. Après je veux pas chipoter mais l’ami imaginaire bing bong ne meut pas dans le labyrinthe mais dans le gouffre où meurent les souvenirs.
Pour l’objet de ton post, j’ai toujours du mal à gérer mes émotions, surtout vis à vis de mes enfants. C’est con mais j’angoisse toujours qu’il leur arrive quelque chose et j’ai souvent du mal à les laisser vivre leur vie (ce qui est très mal de ma part).
Oui m’enfin il meurt quand même, et c’est ça qui est triste :)
Comme je te comprends, parfois j’ai de grosses crises d’angoisses concernant les gens que j’aime, c’est quasiment incontrôlable… Combien de fois en quittant des gens, je me suis dit « si ça se trouve c’est la dernière fois que je les vois » !
julien, je suis comme toi concernant mes enfants… je me prends des réflexions pour ça, qui ne m’aide pas, mais en plus je le sais que j’angoisse pour rien!
je te le souhaites !!!
Il faut parfois laisser ses enfants vivre leurs vies (même si c’est très difficile).
ses enfants ou son chat !!! (enfin surtout pour moi le chat :))
<3
Je crois bien que j’arrive à faire la différence… là par exemple, je ne suis pas malheureuse… je dirais même que je suis globalement heureuse (et même très heureuse) mais que je suis assaillie d’émotions négatives, mélancoliques qui m’amènent à un sentiment latent de tristesse… bon, sur cette note hyper joyeuse (je suis la bonne humeur incarnée), je m’en vais touiller dans ma soupe au potiron…
Bizzz Madame Agoaye <3
Alors vois-tu, c’est vraiment ce genre de chose dont je suis incapable (pas de remuer la soupe hein, mais de faire ce genre d’analyse)
Quand j’y réfléchis… pas tellement. Enfin, je sais quand je suis contente, stressée ou énervée, mais le reste… pas très douée non plus pour exprimer tout ça. Ça se mêle plutôt en une sorte « d’état général » rarement super positif…
J’ai lu des livres intéressants sur le travail de la cognition pour lutter contre le stress et les pensées négatives, mais je ne connaissais pas plus que ça les vraies thérapies basées là-dessus. Ça paraît très intéressant en théorie, mais difficile à mettre en pratique car justement, on est souvent coincées dans nos mécanismes et il est très difficile de prendre de la distance, de corriger nos approches. J’ai souvent l’impression que ce travail nécessite déjà d’avoir fait quelques progrès, mais la thérapie doit être vraiment structurée et pensée pour ça. J’imagine qu’il doit falloir du temps. En tout cas, j’espère de tout cœur que ça fonctionnera pour toi. A priori, le thérapeute doit pouvoir t’aider sur ce chemin (deux thérapeutes, ça peut peut-être permettre deux approches un peu différentes ?) mais le côté « coupée sauvagement » ne me dit rien qui vaille…
Prends soin de toi. ♥
Oui c’est effectivement très difficile, et pour le moment, je suis hyper convaincue quand je sors de ma séance et plus le temps passe et plus mon enthousiasme s’émousse et je finis par trouver ça totalement vain.
Bon du coup je m’accroche quand même (un seul psy sur les deux me fait travailler cognitivement)… quant à « coupée sauvagement », c’est probablement pour couper l’herbe sous le pied à mes mauvaises habitudes de confondre pensées et émotions…
Je comprends ça, mais en même temps c’est normal que le processus soit lent et difficile… Comme tu l’as dit, tu as des habitudes ancrées (je connais ça aussi) et ça ne se déracine pas du jour au lendemain. Mais tu as raison de t’accrocher et j’espère que tu auras bientôt quelques petits signes positifs pour t’encourager :)
♥
Merci de tes encouragements… Je m’accroche, je m’accroche
Tant mieux ♥
;)
Ce qui me frappe c’est que sur 6 émotions de base, il y en a 4 négatives, et une qui peut être positive ou négative (la surprise). Et après on nous demande d’aller bien ;-)
Je trouve quand même qu’il manque l’attendrissement dans les émotions de base, ça équilibrerait un peu la balance, déjà, et puis je passe mes journées à faire « oooooh, c’est trop mignon » devant tout un tas de trucs, il faut bien un mot pour ça (qui a dit « cucul », hmm ? ;-)
J’aime bien l’idée du cahier de ton thérapeute, je pense que ça ne suffit pas à débloquer des mécanismes ancrés de longue date, mais c’est un outil intéressant, notamment à consulter à froid.
C’est vrai, tu as raison (et ça me convient plutôt bien du coup parce que j’ai l’embarras du choix, moi qui suis plutôt très souvent dans le négatif) :))
L’attendrissement, l’émerveillement, la contemplation, c’est compris dans la surprise ça il me semble !!
Les émotions et sentiments sont très dure à identifier.
Déjà parce qu’on est trop proche de nous même et surtout parce qu’on ne nous habitue pas à les exprimer étant petit.
De plus, la palette est tellement large.
La preuve : je me suis carrément fait un répertoire des émotions à la fin de mon carnet cognitif !!
Quand je lis tes articles sur tes « aléas psychiques », aucun psy n’a soulevé le fait que tu pouvais relever du HPI ?
Qu’est ce que c’est HPI ?
haut potentiel intellectuel. ce n’est pas ce qu’on croit au premier abord, peut être que si tu lis quelques articles tu pourraient te reconnaître un peu!
Merci, effectivement je retrouve beaucoup de schémas assez familiers. Je vais en parler à mon psy