On ne me croit pas quand je le dis.


Ma vie en général / mercredi, janvier 29th, 2014

IMG_6418Les gens ont besoin de justifications pour tout. C’est encore une chose qui me différencie des autres (je généralise évidemment, mais mon couplet « moi contre tout le reste du monde » est tellement bien rôdé depuis le temps que je continue à le resservir).

Le fait est que lorsque quelqu’un me dit quelque chose, généralement moi je le crois et je ne vais pas m’amuser à lancer un « Ah ouais ? Ben prouve-le… » défiant et arrogant (ou alors c’est que ça vaut le coup, genre un super beau mec qui me dirait qu’il est capable de me montrer son corps là, de suite, sans connaître mon prénom… ok, là j’le mets au défi, obligé !)

Malheureusement il est très commun que moi je sois obligée de me justifier tous les 4 matins, de prouver ce que je suis, ce que je vaux et d’où je viens et je dois dire que c’est extrêmement fatigant ! Des exemples ?

On ne me croit pas quand je dis que je n’ai pas le bac et que je suis professeur des écoles (ou alors on me toise de haut en bas pour essayer de découvrir qui j’ai bien pu sucer pour y arriver).

Alors je prends ma patience à bras le corps et j’explique que je viens de la troisième voie, que oui ça a existé, que non je ne suis pas sûre que ça existe encore, que oui j’en ai bien chié à passer le même concours que les autres, que non j’ai effectivement pas eu de formation, que oui j’y suis arrivée seule, que non je ne suis pas un imposteur et que oui je suis habilitée à enseigner à ton gamin…

On ne me croit pas quand je dis que j’ai du caractère (ou alors on se dit que comme toutes les filles mettent ça en avant pour justifier de ne pas être parfaites, alors ça ne veut finalement rien dire).

Alors je dois montrer ce putain de foutu caractère que j’essaye pourtant de dompter au quotidien afin qu’on arrête de me tester (façon Hulk, voyez ? Personne n’y croit jusqu’à ce qu’il se montre et là tout le monde est super effrayé, Hulk le premier… c’est moche…).
Hier mon Non-chevelu d’AuM m’a taquiné trop longtemps, je lui ai prévenu que ça ne me faisait pas rire, une fois. Puis je lui ai dit que j’étais sérieuse, deux fois. Puis j’ai encore mis en garde, trois fois. Il ne m’a pas cru, je l’ai taclé, puis planté sur le tchat comme un con et je ne sais pas si je me reconnecterai d’ici samedi (le moment de notre rendez-vous réel présumé)…

On ne me croit pas quand je dis que je suis insomniaque (ou alors on pense que je dis ça parce que le samedi soir je m’endors à 3h du mat au lieu des 22h30 habituelles).

Alors les gars qui partagent mon lit sont absolument effarés de ma capacité à les empêcher de dormir (alors qu’ils se disent insomniaques eux-aussi à la base : « Ben ouais mais c’est curieux, on dirait que je dors mieux chez toi ! » Ouaaaiiiis, mon cul, c’est pas ça l’insomnie Coco.)
Je parle, je ris, je fais des blagues, je tente des approches, je philosophe sur la mort, je décris notre hypothétique avenir (ou juste la journée de demain, ça dépend du mec), je me relève pour manger un truc, lire un bouquin, écouter de la musique…
Le lendemain les gars sont épuisés et généralement se cassent tôt pour faire une sieste chez eux…

On ne me croit pas quand je dis que je bosse (et c’est le lot quotidien de tous les professeurs, ça mériterait un billet entier je ne vais pas m’attarder)

Alors on me demande ce que je peux bien foutre à rester cloîtrée chez moi au lieu de sortir le soir, et le week-end, et puis « Mais pourquoi t’es tout le temps crevée, t’as des vacances toutes les deux semaines, espèce de fainéante« .
Et là j’ai juste envie de rappeler Hulk : « Ta gueule, fais mon boulot une journée, une seule… Et on en reparle. Ok gros con ? »
(Et je tiens à dire que cette année ça ne compte pas, parce que je suis remplaçante et que là c’est clair que ce n’est pas la même chanson et que je n’en branle pas une étant donné que je ne sais qu’à 8h20 où je serai affectée)

On ne me croit pas quand je dis que je suis malade (ou alors on se dit que je me plains à chaque pet de travers et que je suis une chochotte de première).

Ok, celle-là est la plupart du temps vraie. Mais je peux vous jurer que dans le passé, durant mon enfance, je ne me plaignais tellement pas que j’ai vraiment failli avoir des affections bien plus graves que ce qu’elles étaient en réalité à cause du manque de soins… Nan mais laisse tomber, j’a eu des maladies disparues depuis des lustres… J’ai eu un « pieds-mains-bouche » ! Vous connaissiez ?
Aujourd’hui je me rattrape bien étant donné que je suis un vrai mec quand je suis malade, une sinusite et je suis persuadée que je vais crever, il faut le voir pour le croire…

On ne me croit pas quand je dis que je connais les Fatals (on pense que je les connais comme tout le monde, genre j’ai écouté deux-trois fois leur album et j’me fais des films en me la racontant genre c’est mes potes).

Alors que je vois la gueule de mes amis passer par toutes les couleurs lorsque je les présente lors des séances d’autographes et qu’ils ne savent plus où se foutre quand je fais des blagues lourdes sur leur gène évidente (oui, j’avoue c’est pas très sympa, mais ça me fait marrer, et ils n’avaient qu’à me croire au début d’abord…)

On ne me croit pas quand je dis que je suis passionnée (ou alors on pense que c’est un trait de caractère tout à fait charmant qui n’amène que des perspectives roses et sucrées).

Alors que mon côte passionné me pousse à suivre mes instincts même quand ils sont stupides. Oui je peux partir au bout de monde seule et sans vaccin. Oui je peux m’enflammer pour un gars que je connais depuis 8 heures parce que je suis persuadée que ça ferait une belle histoire. Oui je peux croire à des choses même si elles ont seulement une probabilité infime de se produire.
Alors oui je fais peur parce que j’suis très souvent peu rationnelle…

On ne me croit pas quand je dis que je supporte la douleur (ou alors on imagine que l’épilation des demi-jambes à la cire est mon seuil maximum – c’est vrai que ça fait mal -)

Alors je montre mes cicatrices, celles de ces entailles volontaires destinées à expier le mal-être intérieur en pensant à autre chose, en pensant justement à cette douleur externe plus facilement gérable finalement.
Alors j’explique que si je dors du coté gauche du lit c’est parce que je ne peux respirer la nuit que dans une certaine position, à cause de ma déviation de la cloison nasale que je me suis provoquée à force de me taper dessus.
Alors je rappelle que j’ai essayé d’enlever seule mon implant une nuit au scalpel sur la table de la cuisine…

On ne me croit pas quand je dis que je ne suis pas si sûre que j’en ai l’air (ou alors on se dit que c’est une technique d’approche et d’intimidation avant l’attaque finale).

Alors je me justifie en disant qu’il faut bien « se vendre » si on ne veut pas finir vieille fille au fond d’un appart de banlieue terne.
Oui j’ai des sacrées jambes et des sacrés yeux et je mets le paquet dessus, mais c’est pas pour autant que je me kiffe ultimement.
Oui je suis formidable par certains aspects et j’ouvre ma très grande gueule pour le crier sur les toits, mais ce n’est pas pour ça que j’y crois à chaque fois…
On est tous plus attirés par un rêve à paillettes que par un ordinaire maussade, non  ?

Et vous, quand est-ce qu’on ne vous croit pas ?
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50 réponses à « On ne me croit pas quand je le dis. »

  1. Parfois quand je te lis, j’ai l’impression de me regarder dans un miroir.
    Je ne m’assume pas autant donc je dissimule. Mais je suis une écorchée vive.
    Merci pour ce joli texte qui me permet de te découvrir davantage.

  2. Quand j’affirme quelque chose, vu que je n’ai aucune mémoire alors que le Chti en a beaucoup, il me croit rarement/pas quand nos mémoires se contredisent. Mais comme je m’en fous qu’il me croit ou pas, on s’accorde sur un désaccord et basta !
    Autrement les gens en général qui ne me croient pas peuvent croire ce qu’ils veulent, ils verront en temps voulu ou pas, ça m’indiffère tant que je sais moi ce qu’il en est.

    (les gens les plus grandes gueules et assurées sont souvent des gens à l’intérieur beaucoup moins surs d’eux, ceux grandes gueules et surs d’eux extérieurement comme intérieurement sont des connards impossibles à supporter pour moi :P )

  3. Et t’as raison de te payer de la tronche de tes amis quand ça arrive pour les Fatals, des amis c’est pas sensé te remettre en doute, c’est sensé avoir confiance oh !

  4. Je n’ai pas trop ce problème là, le mien est en amont et j’ai plutôt de mal à faire entendre mon opinion. Ce qui limite en général le fait de douter de ce que je dis ;-)

  5. Ben, j’avoue que je me pose rarement la question de savoir si on me croit ou pas. Peut-être que je devrais, waha ! Ça fait deux ans que je dis que ma thèse est bientôt finie, et je suppute que plus personne n’accorde de valeur à mes propos sur ce sujet en particulier — à juste titre !… mais bon, l’important est le sens que j’attribue à mes actes et non pas le jugement que porte autrui, non ?

    1. C’est vrai, mais je me suis rendue compte déjà le mois dernier que je suis dans une période où j’ai énormément besoin de reconnaissance (Cf mon billet « aime-moi bordel »), alors forcément dans ce cas, je me sens obligée de me justifier… souvent…

  6. moi j’ai tellement rien d’extraordinaire (parce que bon, tous tes trucs-là ce sont des trucs qu’on ne voit pas à tous les coins de rue alors pour moi ça parait normal que tu doives justifier) que je n’ai pas besoin de me justifier.

    1. Ohhhh, tu sais que maintenant tu pourrais très bien tomber sur quelqu’un qui te demande de justifier en quoi tu n’as rien d’extraordinaire (genre moi, parce que je suis persuadée que c’est pas vrai :))

  7. Oublié de dire : je vous comprends 5/5 pour le coup de l’insomnie. C’est peut-être un préjugé de ma part, mais il m’a semblé que certains mecs ont parfois du mal à imaginer qu’une nana puisse être davantage résistante à l’absence de sommeil qu’eux.

  8. On ne me crois pas quand je dis que parfois j’ai des hallucinations morbides (cela dit, est-ce que je croirais quelqu’un qui me dit ça). On ne me croit pas quand je dis que l’océan me manque à un point tel que je le ressens dans mes tripes et dans mon coeur dès que j’y pense (on prend ça pour un caprice). On ne me croit pas quand je dis que malgré ma tendance à « la tristesse », je suis également une passionnée voire une geek (au vrai sens du terme s’il y en a un…). On ne me croit pas sur plein de choses mais après tout, est-ce si important ? Soit dit en passant, j’aime beaucoup ton billet :-)

  9. Ne pas croire en Agoaye, c’est encore pire que de ne pas croire en dieu (cirage de pompes du mercredi). J’n’ai pas trop ce problème personnellement dans le sens où je ne suis déjà pas très expansif aux premiers abords. Je me surprends parfois à adopter un comportement à la Hulk même si c’est volontaire dans le monde professionnel. Le discret et l’anti m’as-tu-vu par excellence qui en sort une belle de temps en temps, c’est déstabilisant pour les autres même si ce comportement m’a toujours permis d’être respecté et apprécié au final. Ah oui, j’allais oublier, je ne me souviens absolument pas t’avoir donné RDV samedi.

    1. ohohohhhhh :) Il est très intelligent, subtil et amusant ton commentaire :)

      Déstabiliser c’est la clé pour en imposer, c’est pas faux.
      Et pour samedi, c’est pas grave que tu ne te souviennes pas parce que c’est mal barré pour que j’y aille :)

  10. on me croît pas quand je dis :
    – que j’aime les jeux vidéos les gens se disent que c’est mignon mais en vrai je peux jouer 8h d’affilée sans problème, c’est par période et je tiens à la vraie vie
    – que je suis pas aussi sage que j’en ai l’air (et quand je commence à le montrer les gens me croient) mais ça j’en joue c’est pratique de passer pour plus sage que ce que l’on est
    – que je suis sportive (6h de rando sur la grande muraille plus tard ils se la ramènent moins)
    – que j’aime pas faire la vaisselle (puis les gens débarquent chez moi à l’improviste et voient l’étendue des dégâts)
    – que j’ai vécu des choses difficiles parce que je vis comme si de rien n’était mais que ça définit ce que je suis
    – que je suis une dingue de boulot mais que ça définit pas ma vie et que je pourrais tout plaquer

    En tout cas un très joli article qui me fait découvrir ton blog.

    1. Merci pour ton commentaire. Curieusement je n’ai pas de mal à croire que tu n’aimes pas faire la vaisselle (vu que je suis pareil mais que c’est de notoriété publique !)

      J’adore ta liste en tous cas :)

  11. on ne me croit pas souvent… j’ai longtemps eu le sentiment qu’on pensait que j’exagérais tout le temps… et en fait, je me suis rendue compte que ce n’était pas qu’un ressenti… mais une réalité. Parfois je le gère encore mal, parfois je m’en fiche, parfois je ne raconte plus rien parce que c’est inutile… mais surtout j’essaye de virer ces gens là de mon entourage. Oui je sui excessive… mais non, je n’exagère pas.

    1. C’est vrai qu’on peut partir du principe que les « vrais amis » vont te croire, car eux n’auront pas besoin de preuves pour ça car ils te connaissent…
      Après je te rejoins sur le fait de virer les gens néfastes qui te poussent à te justifier alors que tu n’en as pas envie… Parfois c’est de la famille, alors c’est plus délicat !

  12. Alors moi je suis bluffer, je crois surtout que t’as rien à prouver pour écrire un joli texte. Ensuite et malheureusement, je travaille avec beaucoup de plus jeunes que moi qui veulent toujours des preuves parce que un ils sont trop arrogants pour croire qu’à 42 ans t’as encore quelque chose à leur apprendre et deux trop sensibles pour que tu doives faire toujours attention à ce que tu leur dis. Epuisant, normal que tu dormes mal… et moi aussi.

  13. J’ai eu envie de sortir des conneries, mais je vais éviter je crois ;)
    C’est pas le billet pour.

    En fait, moi, je part du principe que j’ai rien à prouver.
    Je suis juste beau, intelligent, drôles, sympa, gentil, très bon cuisinier et un coup du tonnerre.
    Et si vous me croyez, ben tant pis ;)

  14. (je veux pas déranger hein, normalement je commente pas, mais je voudrais juste dire que le « pieds-mains-bouche » ca existe encore, du moins en Allemagne, on s’est payés ca à la crèche du fiston l’année dernière, c’est pas glop du tout!!!)
    Voilà, c’est tout :-). Bon week-end!
    Une fille qui comme toi aime bien ses yeux et ses jambes

  15. Moi et ma manie de googler tout ce que je ne connais pas… pieds-mains-bouche j’aurais du éviter aussi tot après le ptit dej’…

    Suis pas une chochotte pourtant… Enfin pour un mec j’entends…

      1. Alors déjà je ne t’imagine pas t’auto-censurer à cause de moi, et ensuite si tu le faisais je le prendrais mal! ;)
        (double psychologie inversée!!! Pan dans les dents! ;) )

  16. Très beau billet !
    On ne me croit pas quand je dis que je ne veux qu’un enfant. Ça paraît absurde et égoïste. Ma foi, j’offre déjà un monde bien pourri à ma fille, un avenir incertain, alors pourquoi me forcer à en faire un second?

  17. C’est peut-être parce que les autres sentent que tu veux les épater ou les surpasser ou les convaincre de quelque chose. Au fond, tu manques peut-être de confiance en toi de sentir le besoin de te justifier et te préoccuper de ce que les autres pensent. Mais retiens que les réponses et non-dits des autres dépendant de ton attitude, surtout si plusieurs personnes sont ainsi avec toi.

    1. Je pense que le fait d’être zèbre y est pour beaucoup dans cet état de faits.
      Après, il s’agissait d’un billet majoritairement humoristique, dans la veine des 1200 autres publiés sur ce blog :)

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