Une piste m’a été présentée.
Mes hauts et mes bas, mon ascenseur perpétuel, ma difficulté à vivre avec autrui, mon hypersensibilité et mon sentiment de décalage permanent ont mis la puce à l’oreille de quelques uns d’entre vous.
L’une m’a dit « zèbre » et je me suis renseignée. J’ai trouvé que ça collait bien et j’ai choisi de prendre mon courage à deux mains pour oser creuser dans cette direction.
Mes questionnements étaient justifiés, je n’avais pas la moindre prétention derrière, si ce n’est avoir quelques réponses qui ne m’avaient encore jamais été données jusqu’à présent.
C’est pourquoi j’avais pris rendez-vous dans un centre reconnu, créé par une femme reconnue, qui avait écrit un livre reconnu dans lequel je m’étais… reconnue.
Il est évident que la décision n’a pas été facile à prendre, mais j’étais arrivée à un point où je m’étais convaincue de la nécessité de savoir, j’en ai fait mon dernier billet, je ne vais pas en remettre une couche.
Mais les tests et leur résultat m’auraient permis d’y voir plus clair, sans doute également de m’offrir un sentiment d’appartenance (ce qui m’a toujours été totalement inconnu), mais surtout de pouvoir envisager un suivi adapté à ma condition.
Si je suis adulte à haut potentiel, je vais pouvoir me prostituer pour m’offrir un psy spécialisé (j’avais imaginé retourner dans ce même centre) afin de m’aiguiller au mieux sachant quels sont les rouages précis de mon « mal ».
Je m’étais dit innocemment que j’aurais une épine en moins dans le pied, que j’aurais une voie un peu plus éclairée, un peu moins boueuse…
Pas totalement dépourvue d’obstacles, non, mais au moins pavée de panneaux indicateurs.
Si je ne suis pas adulte à haut potentiel, alors je continuerai mes errances. Encore me débrouiller seule pour essayer de composer au jour le jour, selon les évènements influant sur mes humeurs. Comme aujourd’hui, avec un psy qui fait office de meilleur ami et un autre qui soupire à chaque fois que je lui avoue ne pas comprendre où notre travail nous mène.
Je n’aurais pas eu de piste, mais j’en aurais au moins écarté une.
Alors j’y suis allée. Vaillante mais pas confiante. Un peu dubitative, plus discrète que jamais.
J’ai rempli un questionnaire et puis j’ai attendu mon tour.
Lorsque j’ai été reçue par la psychologue spécialisée, elle m’a précédé à travers un dédale impressionnant de couloirs et de virages. Métaphore singulière de ce qui se passait au même moment dans mon esprit.
Bonjour, bonjour.
Alors pour quoi venez-vous ? ben pour savoir si, éventuellement, je serais HPI
Racontez-moi un peu votre parcours…
Et me voilà en train de raconter succinctement, de tenter de creuser à ses « ah oui ? », de synthétiser sans prendre trop de temps, sans donner trop d’infos inutiles.
Et rapidement les questions ont porté sur les points qui font mal : la solitude, l’isolement, le sentiment de différence, l’auto-dépréciation.
Naïve comme un agneau nouveau-né, j’y ai répondu. Et affaiblie par mes 5 jours de sinusite à peine rétablie j’ai pleuré.
Oui, j’ai pleuré, elle m’a tendu la boite de mouchoirs et à continuer à griffonner en m’observant du coin de l’oeil. Après tout, le livre de sa patronne s’appelle « Trop intelligent pour être heureux » et pas « Trop intelligent pour éviter les affres de la dépression », alors pourquoi me serais-je retenue de lui dire ce qui me fait souffrir ?
Et là le couperet tombe. Un joli couperet super bien aiguisé mais enveloppé dans un papier de soie vaporeux comme savent si bien le faire les psys :
« Je suis désolée mais je ne pense pas qu’il faille vous faire passer les tests. Je pense que vous devriez plutôt aller consulter aux urgences psychiatriques de Sainte-Anne plutôt »
Je suis abasourdie et toutes mes précédentes émotions sont annihilées au profit d’une profonde vexation.
Il a fallu que je parte bien vite, me faufilant comme je pouvais entre ses recommandations mielleuses et ses aveux d’une inquiétude synthétique…
Si on m’avait dit que j’allais là-bas pour recevoir un jugement digne du rayon « psycho » de Monoprix, je ne l’aurais pas cru !
Je suis rentrée chez moi aussi triste qu’en colère (et délestée de 98€ aussi, hein, au passage…) et tout à fait résignée dans mon élan de recherche de vérité.
Merci madame, grâce à votre travail je me sens à présent encore plus piteuse que d’habitude. Vous m’avez appris qu’il est présomptueux de vouloir mettre des mots sur ses maux et qu’une bonne grosse évaluation psychiatrique (avec la bonne grosse prescription médicamenteuse qui va bien avec) vaut bien mieux que toutes les recherches ou tentatives de compréhension.
Non, je n’irai pas à Saint-Anne, ni dans aucun autre service de psychiatrie d’urgence sans que je m’en sente clairement obligée. J’essaye de m’en sortir sans drogues et sans violence depuis plus de 30 ans, juste avec mon esprit, mes rencontres, mes découvertes et mes lectures…
Bien sûr que ce n’est pas de tout repos, et bien sûre qu’au quotidien je souffre. Si je vous disais que je ne me rappelle plus de la dernière fois où j’ai éclaté de rire franchement, vous m’internerez ????
J’avais le droit de savoir, j’estimais être suffisamment bien et clairvoyante, moi, pour les passer vos putains de tests merdiques. Vous en avez jugé autrement, sans me connaître, et si j’agissais de même je vous dirai que je vous trouve bien insolente d’avoir posé ce refus du haut de vos 25 ans !
Le très mauvais moment que vous m’avez fait passer hier m’a vaccinée radicalement, et votre maladresse crée en moi un refus en bloc de toute tentative de recherche dans ce sens-là.
Si je suis surdouée, je ne le saurai jamais, grâce à vous, car je n’ai pas envie d’avoir été « autorisée » à le savoir par des gens de votre trempe.
Sur ce je vous conchie (et si vous connaissez votre métier vous savez bien qu’une personne au plus profond d’une dépression n’a plus la force de conchier quoi que ce soit…) et je retourne à mes bricolages en bouts de ficelles qui me permettent d’encadrer mes humeurs pour ne pas monter trop haut au moindre chevelu ou ne pas sombrer trop bas aux annonces d’attentats.
Fin de l’histoire
C’est tellement navrant … je suis effarée et tellement triste pour toi. Je t’embrasse
Merci.
Waaaoh la descente est rude… elle y est pas allée avec des pincettes et pour ne pas te faire les tests elle aurait pu aussi ne pas te prendre ton argent. Elle m’aurait mis la rage aussi…
J’avais lu un bouquin du genre « les gens intelligents qui s’ignorent » ou un truc comme ça et je m’étais sentie en plein dedans également, mais je me méfie toujours de l’effet Barnum.
Bref bon courage pour digérer ce rendez-vous et pour ta quête
La quête s’arrêtera là du coup.
Je suis choquee par la manière dont t’a répondu la psychologue !! Même si elle pensait que tu n’étais pas surdouée, elle aurait pu le dire avec plus de tact. Je me demande comment elle peut être psychologue en sortant des phrases pareilles !
Et moi je me demande comment elle a pu s’endormir en bonne conscience ce soir-là.
Mouai … quand mon fils avait fait les tests… il était soit disant pas vraiment HP… et puis la même psychologue qui lui a fait passer les tests le reconnaît maintenant THP!!!
Le problème avec les zèbres (HP ou THP)… c’est l’ultrasensibilite qui peut faire foirer complètement les tests
Tout cela pour dire que cette personne que tu as vue est « mauvaise psychologue »… et à du faire un business des THP sans vraiment être bonne psychologue!!!
Écoute ce que tu ressens au fond de toi… un test apporterait quoi finalement???
Je sais que je suis zèbre depuis très très longtemps… et cela m’a juste permis de comprendre que je ne fonctionne pas pareil et de m’adapter à cette société qui n’est pas faite pour les personnes différentes (quelle que soit la différence d’ailleurs!)
Être différent demande de s’adapter… la société n’apportera jamais de solutions!
Courage
Le test, je comptais dessus pour apporter des réponses à mon passé et des pistes de réflexion pour mon futur.
C’était un espoir de compréhension.
Je ne comprends toujours pas, je suis encore seule. Retour à la case départ c’est tout !
En même temps, je suppose que les tests coûtent chers. Et que ces entretiens servent à ça.
Ils ne vont pas le faire passer à quiconque se sent surdoué.
Le homard coûte cher, on ne peut pas le faire manger à quiconque le commande au restaurant.
Suis-je la seule à trouver ce commentaire à la fois stupide et vexant ?
Faut pas tout prendre mal. Mais tu pars d’un auto diagnostic.
L’entretien préliminaire sert à déterminer si oui ou non tu aurais besoin de passer des tests qui peuvent être onéreux et ne peuvent sans doute pas se faire « à la demande ».
Ce sont des professionnels de la santé avant tout;
Je trouve effectivement qu’elle a manqué de tact en te disant ça comme ça mais cela peut aussi être un gain de temps pour toi pour explorer d’autres pistes.
Je pars de 36 ans d’errances… de quelques dizaines de questionnements et d’analyses… et la possibilité m’a été suggérée.
Quant à la question du prix, ça aurait effectivement été onéreux pour moi : entre 300 et 500€ pour deux heures de tests…
Si j’avais voulu aller les claquer chez Desigual personne ne m’aurait rien demandé et j’aurais pu assouvir ma soif de fashion victim.
Là je demandais juste un éclairage sur un questionnement qui commence sérieusement à devenir urgent et pas d’un caprice de fillette qui tout a coup veut s’improviser une nouvelle vie.
Sinon j’ai écrit d’autres billets aussi…
ne renonce pas. je sais, c’est hyper mal venu de ma part à moi de dire ça, mais c’est juste que tu peux pas rester sur un échec, sinon tu aurais une raison de t’en vouloir alors qu’au fond, c’est pas de ta faute. Recommence, ailleurs, et au moins tu auras la satisfaction de lui balancer des résultats à la tronche. peu importe les résultats d’ailleurs.
Et tu sais quand j’avais pas pris la fièvre en compte et la fatigue des quelques jours précédents… je crois qu’elle les a trop pris en compte. C’était clairement pas le bon moment d’y aller. Plus à tête reposée, enfin, tu me comprends. quand à l’argent, c’était au CMP? t’as pas une partie remboursée ou quelque chose du même goût ?
Allez, courage !!!!! Et reste pas dans ton coin, parce que très égoïstement, ça fait peur et ça fait mal ( de pas savoir et de pas pouvoir aider et je voulais te MP mais j’ai pas osé) et pas égoïstement, c’est ce qu’il y a de plus mauvais pendant les fêtes (pleines d’attentats) à faire même si c’est sûrement le seul truc dont tu ais envie…
<3 bisous
Je m’en suis voulu d’y avoir cru, voilà tout !
Je ne recommencerai pas, non. Pour la simple et bonne raison que je n’ai pas les moyens (parce que n’en déplaise au commentaire précédent le tien, si l’entretien préparatoire coûte 98€, les tests eux sont facturés entre 300 et 500€). Mais aussi parce qu’elle m’a vaccinée.
Bah, je me sens souvent pareille, mais n’ai plus la force d’y aller, de me prendre des gamelles, et en plus je ne crois plus en tout ce qui est psy. Je fais ma maligne sur Fb pour me divertir, mais j’ai trop peur des échecs. Et ton expérience me donne raison
Je suis désolée que mon expérience te conforte négativement. D’ici quelques années (le temps que je digère l’offense), je reviendrai p’tet pour te dire que finalement j’ai fait les tests et que tu devrais y aller aussi… qui sait ?
Euh, c’est quoi ce truc ?
Elle t’as même pas fait passer un WISC ?
De plus le test complet dure une journée entière avec plusieurs tests différents.
Et après pas mal de devis, ça vas entre 400€ et 1300€ (car non conventionné).
Elle ne m’a rien fait passer, à part un gros sentiment d’inutilité !
Elle était pas Psy sinon il faut qu’elle change de taf.
Ouais, je crois qu’il y a de ça :/
Écoute tes intuitions :-) prends soins de toi, tu es une belle personne bisous
Merci.
Parfois ce n’est plus suffisant, mais merci <3
Alors là, j’ai beaucoup d’adjectifs qui me viennent en tête et aucun n’est correct. Pour une psychologue spécialisée, cette personne semble singulièrement manquer de… psychologie. Ou peut-être le terme juste serait-il plutôt « humanité ». C’est quand même drôle de s’orienter dans cette filière pour agir ensuite de façon pareille.
Peut-être ton mal-être a-t-il pris le premier plan en rendant difficile d’évaluer l’aspect purement intellectuel, peut-être croise-t-elle beaucoup de personnes menées là par des difficultés de vie mais sans bases solides pour soutenir leur idée, et qu’elle est forcée « d’élaguer » et de rediriger. Ça n’excuse en rien de traiter les gens comme cela. Il y a une manière de formuler les choses, ça s’appelle le tact, ça sert à ne pas donner l’impression de juger les gens avec une brutalité pareille.
Je comprends absolument que cela te bloque pour la suite mais je trouve cela dommage, sachant que le livre te correspond autant… Peut-être pourrais-tu te passer de diagnostic mais continuer à creuser sur cette voie en parlant plutôt à d’autres personnes dans le même cas ? Il doit bien y avoir des sites et des communautés, des témoignages, et c’est certain, une multitude de livres.
Personnellement je sais depuis mon plus jeune âge que j’étais une enfant dite « précoce »/ »surdouée », même si j’ai un peu l’impression d’avoir laissé ces capacités sur le bord de la route en grandissant… C’est peut-être subjectif, l’estime de soi aidant ;) Au moins il n’y avait pas de doute, mais les « professionnels » de toutes sortes manquent parfois singulièrement de préparation pour gérer ce genre de chose, voire de bon sens ou d’humanité, comme je le disais plus haut. Ma prof de maternelle par exemple me jugeait tout à fait anormale et problématique et ne s’est pas privée pour le dire à ma mère en ma présence, il paraît que j’ai ressorti ses mots exacts une dizaine d’années plus tard alors que je n’en ai aucun souvenir conscient… Mais au moins, son excuse est de n’avoir pas été formée à faire face à la différence. Une psy spécialisée là-dedans… C’est franchement aberrant.
Bon courage, essaie de ne pas laisser cette vilaine claque et la colère et la déception qui en découlent de tirer vers le fond ♥ Je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Tu es très mal tombée avec cette psy, la vie nous joue parfois des tours cruels dans ce genre…
Love ♥
Si à ce moment précis elle a jugé que mon mal-être allait influer négativement sur le passage des tests, alors je ne serai jamais capable de les passer, c’est évident. Je ne pète certes pas la forme mais je ne suis pas non plus au troisième sous-sol, on dira que j’étais dans ma phase de plateau.
Je suis découragée et en colère et ces sentiments vont perdurer encore longtemps, je me connais. Pour l’instant, et les semaines/mois à venir, je ne veux plus en entendre parler, ni de douance, ni de zèbre, ni de rien du tout d’approchant.
Quelqu’un d’adorable s’est déjà rapproché de moi afin d’essayer de me faire rebondir, me donner un autre rendez-vous, ne pas rester sur cette impression, mais mon refus est catégorique.
C’est ainsi qu’on me braque, je n’y peux rien.
OK, je comprends. C’est assez normal vu la violence du choc…
Accroche-toi ♥ Love.
Merci <3
je suis choquée par ce que je découvre (en retard)
carrément les urgences? non mais sérieux, un coup dur et pour moi non justifiée… comme ça en cinq minutes elle dit ça… non mais… non mais… grrr je suis en colère pour toi !!
Depuis, la colère passe… Goutte à goutte, pas à pas…
Mais pour le moment il est encore hors de question d’entendre parler de ça
Bonjour Agoaye,
Après avoir lu le commentaire que tu avais laissé sur mon blog, je suis profondément désolée pour toi pour l’issue qu’a pris ton RDV ! Comme tu dis, cela demande déjà tant de courage de prendre RDV, puis de tout raconter à un psychologue, se voir refuser comme ça sa requête c’est absolument effrayant !
Je te souhaite de te réconcilier avec cette question et d’avancer encore dans ton cheminement. Peut-être au fond, n’as-tu pas besoin de psychologue ?
Je te remercie de t’être tenue au courant de la suite de l’histoire.
Je ne t’ai pas répondue sur ton blog car j’attendais de le faire ce fichu test, et une fois le couperet tombé (oui, pour moi c’en fut un) je n’ai plus voulu entendre parler de tout ce qui y était lié.
Je discutais même sur un forum, j’y nouais des micro-liens, je m’en suis enfuie.
La réconciliation n’est pas vraiment à l’ordre du jour, peut-être en attendais-je trop ? Mais pour le moment c’est le destin du chat échaudé qui m’attend… Refuser même d’y penser rend la blessure moins piquante.
J’aimerais tellement ne pas avoir besoin de me sentir répertoriée quelque part, si tu savais… Mais je n’ai jamais eu de case à moi, et si depuis toutes ces années j’ai pensé que cultiver mes différences était ma force, je pense arriver à un stade où j’en suis fatiguée…
Quoi qu’il en soit, merci beaucoup pour ton commentaire.