L’année dernière m’a essorée jusqu’à l’os. Je partais à pas d’heures, je rentrais encore plus tard que ça, je passais des soirées, des samedis et même parfois des fériés à l’école.
Je m’y suis noyée.
L’impression d’une vie monotone dans laquelle le travail n’est jamais terminé, a été un facteur de déclenchement de cette dépression dans laquelle je me suis innocemment enfoncée.
Ça m’a valu 3 mois d’arrêt alors que j’enseignais à des élèves que j’adorais, dans une classe épatante. Ça a été aussi préjudiciable pour eux que pour moi et je le regrette amèrement.
Cette année, je refuse !
Si je n’ai pas encore réussi à identifier clairement les déclencheurs de mes périodes dépressives, je suis à présent beaucoup plus lucide quant à leur contributeurs. Le boulot en fait partie !
J’aime mon métier, je l’ai choisi et je l’assume. Même si je sais pertinemment que je ne ferai pas de vieux os à l’Éducation Nationale, je réalise chaque jour ma chance. Ce n’est pas ce qui me fait déprimer.
Je suis en contact avec des élèves très différents, certains sont très scolaires, certains autres plus dans l’affectif, certains sont brillants, d’autres vraiment sur le bord du trottoir, tous sont des cas particuliers (Oui oui, des cas ! je persiste, je signe et je t’emmerde). Je travaille avec et pour chacun d’eux. Ce n’est pas ce qui me fait déprimer.
Je dois être polyvalente, et dotée d’une grande adaptabilité, pour les réunions d’urgence, les modifications de dernière minute, toute la paperasse de fou, les relations entre collègues ou les rapports aux parents. Ce n’est pas ce qui me fait déprimer.
Alors outre le fait que je suis vieille et aigrie et que je vis seule avec un chat gâté-pourri qui me prend pour un paquet de Whiskas ambulant version XXL et que je n’ai pas baisé depuis un an, j’ai essayé de mettre le doigt sur les autres causes de la grande lassitude qui ne présage jamais rien de bon et qui me tombe dessus au petit bonheur la chance…
Ce qui s’est passé l’année dernière ne doit pas se reproduire.
Cette année je ne dois pas sombrer.
Cette année j’irai jusqu’au bout.
Je pense que le problème de l’année dernière est venu du fait que je travaillais trop. Je profitais de ma solitude habituelle pour préparer mes cours (je ne me sers d’aucun manuel, je fais tout « maison »), j’employais mon temps personnel à travailler, sans relâche, encore et toujours, le soir, les week-ends…
Bien entendu au niveau professionnel j’ai tout déchiré : mes séances étaient fabuleuses, préparées d’une période à l’autre, tout était nickel, les projets proposés aux élèves dépassaient leurs espérances (et celles de leurs parents). Cela m’apportait une grande satisfaction (avec beaucoup de fatigue aussi, mais je ne m’en rendais pas compte).
Maintenant je le sais : j’ai tendance à m’oublier dans le travail… Puisque je suis persuadée de n’avoir rien d’autre dans la vie, je mise tout là dessus et ça m’use à une vitesse incroyable, je ne pense plus à moi et finalement je coule à pic du jour au lendemain sans m’apercevoir de rien.
Forte de ce constat éclairé, cette année j’ai décidé de ne pas me laisser faire, et je commence à mettre quelques petits ajustements en place afin de voir si je me sens bien ainsi.
Pas (ou presque) de travail à la maison.
Oui oui, c’est un pari fou, je le conçois. Et après seulement deux semaines d’écoles je me rends compte que c’est sans doute un peu radical…
Je me suis dit que je ne devais bosser que dans ma classe, et j’ai essayé de m’y tenir au maximum. C’est très difficile, je ne suis pas du genre à commencer ma journée en roue libre. Je peux le faire mais ce n’est pas l’idéal.
Durant les 2 heures ce midi par exemple j’ai dû préparer ma séance d’histoire et corriger les 30 interros de vendredi. J’ai à peine eu le temps de manger et ai terminé ma ratatouille devant le regard médusé de mes élèves au moment de revenir dans la classe. Pas top.
Il va donc falloir que je corrige ça… Arriver beaucoup plus tôt le lundi et partir plus tard le mardi par exemple… Mais toujours tenter de ne rien ramener à la maison, je resterai ferme sur ce point.
Une activité pour décompresser.
Je me connais, si je n’ai pas d’impératifs une fois rentrée à la maison j’ai tendance à écouter la petite voix de la paresse et à ne plus rien foutre du tout.
Du coup, cette année je me suis inscrite à un cours de yoga. Il y a plusieurs créneaux, je choisis mon préféré d’une semaine sur l’autre. Différentes disciplines yogiques y sont proposées, je vais pouvoir essayer et adopter celle(s) qui me convient(ennent) le mieux.
Et le prix payé est un bon moteur : je ne peux pas gâcher mes séances, je me sens donc obligée d’y aller !
Plus de « désolée mais j’ai trop de boulot/je me lève tôt ».
Jusqu’ici, toute sortie était scrupuleusement étudiée, puis fréquemment rejetée pour cause de boulot. Cette année je vais y réfléchir à deux fois.
Parce que sinon je n’ai pas de vie, carrément ! Rares sont les gens qui me proposent des choses, alors si je dis non à chaque fois c’est pas comme ça que je vais pouvoir avoir une vie sociale…
Cette année YOLO : j’irai aux concerts (bon ok, ça je l’ai toujours fait), je verrai mes 2 pauvres amis qui restent (4 si on compte ceux du concert susnommé), je me foutrai de rentrer tard si je bosse le lendemain. On ne va pas se mentir je ne serai probablement pas de première fraîcheur mais je me coucherai à 16h30 le lendemain et pis c’est tout !!!
Profiter des vacances.
Et c’est la dernière résolution.
Je me connais : si je reste chez moi je bosse. Alors cette année je vais m’organiser afin de prévoir des moments de boulot (ouais parce que je pense que ce sera tout de même obligatoire, mais maximum 3 jours, pas plus), mais aussi des moments de vacances, et de vraies.
Soit je vis la nuit dans de folles épopées nocturnes à la recherche du meilleur mojito de Paris et/ou de l’homme idéal (on peut toujours rêver -pour le second car le mojito je l’ai déjà trouvé-) et je dors le jour, soit je pars, purement et simplement, profitant ainsi d’un bon bol d’air frais, d’un dépaysement salutaire m’obligeant à penser à autre chose qu’aux nouveaux programmes ou aux PPRE passerelle…
Je suis relativement confiante en ces nouvelles manières de fonctionner, je me dis que je vais ainsi pouvoir tenir psychologiquement, que cette fois je ne m’oublierai pas dans le boulot et que j’irai mieux car je me serai fait du bien et j’aurai pensé à moi.
J’ai de grandes réserves quant au budget nécessaire par contre, et je pense devoir m’asseoir sur toutes les économies que j’ai essayé de faire jusqu’à maintenant, ça et la qualité de mon travail sont les deux points qui me font le plus peur en réalité.
Et vous, comment faites-vous pour ne pas sombrer ?
Ça m’a l’air bien comme résolutions :) J’ai aussi eu tendance à me perdre dans le travail, sauf que j’ai fait tant et si bien que j’en ai grillé mes neurones au point d’arriver au stade « cerveau en grève » plus souvent qu’autre chose… Pas malin comme stratégie ;) Un équilibre, ça paraît bien mieux. +++ pour le yoga, il paraît que ça fait beaucoup de bien. Et la vie sociale bien sûr, ainsi que l’espace de décompression à la maison :)
Prends soin de toi et j’espère que ces bonnes idées te permettront de continuer du bon pied.
Oui, les neurones peuvent bien souvent morfler dans ces situations, se préserver est capital !!
Merci ;)
Bonjour,
je suis très content pour toi et je pense sans me tromper que cela fait des mois que je te dis de le faire (et je pense pas être le seul). Vu que j’approche à très grands pas de mes 40 ans (19 Jours) je me permets de te dire que tu n’es pas vieille. Pour le reste je suis confiant et je suis persuadé que tout ira bien pour toi.
Mais tu dois bien te douter que je ne suis pas le genre de personne qui fait ce qu’on lui dit de faire non ? :)
Bon, j’suis pas sûre de penser à ton anniversaire, alors si tu veux bien prendre mes vœux en avance les voilà :)
Je n’ai jamais pensé que tu m’écouterais, ou alors nous aurions du avoir une conversation sérieuse. Mais bon l’important n’est pas qui a dit quoi mais plutôt que tu prennes soin de toi.
Vu notre amitié de 30 ans je suis assez déçu que tu ne penses pas à mon anniversaire. Tu n’auras qu’à boire un verre à ma santé ce soir là.
Joyyyyyeeeeeuuuuuu Anniversaire !!!!
ah non, c’est pas encore maintenant ? Pffff
Prof moi-même (de collège), j’ai eu une sombre période de creux 2 années de suite. A chaque fois j’ai tenu le premier trimestre, jusqu’aux conseils de classe, et puis en janvier, impossible d’y retourner. Deux fois 6 mois off, j’ai fait la rentrée 2016 minée par le stress (déjà) et puis ce matin, je lis ton post en pleurant, parce que mes résolutions doivent être les mêmes. Personne dans ma vie sentimentale pour me soutenir (mon mari m’a lâchement abandonnée il y a bientôt 3 ans et j’ai juste gardé la tête hors de l’eau jusqu’à présent. J’attends encore que quelqu’un me hisse sur le rivage…). Je pense très fort à toi qui t’es tant investie dans l’Education Nationale jusqu’à présent et qui mérites bien d’avoir une vie en dehors d’elle. Hauts les coeurs !
Ohhh, je ne voulais pas faire pleurer qui que ce soit…
Il faut vraiment apprendre à se protéger je pense. Dans notre métier ainsi que dans tous ceux émotionnellement impliquants (carrières sociales, médicales…etc)
Tiens bon et je referai des billets sur ce thème… Pour le moment ça marche pour moi
J’ai l’impression que tu reprends sur de bonnes bases Agoaye. Déterminer la source du problème, c’est un grand pas en avant et je te sens pleine d’énergie pour te tenir à tes résolutions.
Quand le chaos s’empare de ma vie, je file dans un premier temps chez ma voisine pour booker une séance de réflexologie. Je fais du sport (un peu plus que d’habitude), je me prends des moments pour moi entre midi et deux, je médite davantage et j’écris aussi beaucoup pour me libérer.
Grosses bises et bonne rentrée!
J’aime tes actions. Je regrette de ne pas avoir de voisine réflexologue :)
Se mettre des.limites dans son travail, c’est essentiel, ça te permettra de dire stop quand il faut. On peut aimer son boulot mais il me semble que penser d’abord à soi permet d’être en accord avec soi même et de connaître ses limites. A partir du moment où tu connais tes faiblesses, tu pourras les renforcer.
Tout d’abord penser à soi te permettra de mettre les limites entre ta vie professionnelle et privée. A partir du moment où tu fixe tes choix, tu pourras prendre les dispositions qui j’espère t’aideront, tu devriendra plus efficiente dans ton travail et tu seras moins usée.
Par ailleurs, mets toi des objectifs/occupations dans ta vie privé qui sont essentiels pour penser à soi et aborder la vie d’un autre oeil.
Personne ne peut se mettre à ta place mais perso pour être passé par deux burn out, j’ai fini par fixer des limites entre pro et vie privé et je me suis recontrer sur mon être, j’ai pu définir les priorités (le sport, la sophrologie, la famille, les amis m’ont aidé). Sincèrement ma vie est positive en tout point de vue tant que personnel que pro et j’ai même le temps de m’occuper des autres (réserviste et secouriste).
P.s: désolé pour les fautes, la journée fût longue. Pense d’abord à toi, après tout en découlera…
Bon courage.
Merci pour ton témoignage.
Je pense que pour arriver à une juste balance, il faut avoir à peu près autant d’intérêts dans les différentes facettes de nos vies (pro vs privée par exemple) ce qui n’est pas le cas pour moi. Il faut donc que j’arrive à équilibrer ça…
Pas évident mais effectivement je pense être sur la bonne voie !
Merci
garde le cap, pour moi ça a l’air pas mal !!!
Et si tu pouvais venir nous faire un topo sur le yoga, j’en serais ravie car je me pose la question de prendre des cours ou pas…
en tout cas, si tu arrives à ne pas ramener de boulot à la maison tu es trop forte, pour une instit’! les rageurs vont y aller bon train mdr
Je ne ramène presque rien (presque) :))
Quant au yoga oui, je vais vous en parler bientôt, mais j’attends de les essayer un peu tous (dans le centre où je vais il y en a 9 différents (et autant de profs), alors je voudrais une vue d’ensemble (pour le moment je n’en ai essayé que 3)
Je te souhaite d’y arriver :-*
oh putain oui moi aussi !!