Le principal inconvénient à refuser l’hypocrisie et les faux-semblants, c’est de se risquer à voir arriver dans son comportement un refus catégorique de toute notion de nuance. En particulier lorsqu’il s’agit de franchise !
Mais force est de constater que les gens ne sont pas réellement prêts à entendre les réponses à leurs questions, et encore moins une réponse qu’ils jugeraient négative et dans laquelle les angles ne seraient pas suffisamment arrondis.
Voilà quelque chose que j’ai beaucoup de mal à appréhender.
Tout a commencé en septembre lorsque j’ai rencontré le nouvel intervenant en EPS préposé à ma classe de CM2.
Ce jeune homme s’est présenté à moi en ayant l’air relativement à l’aise pendant que mes 30 futurs citoyens s’installaient déjà en trépignant sur la ligne jaune du gymnase pas chauffé.
« Bonjour, je m’appelle Henri, on va bosser ensemble jusqu’à la fin de l’année, du coup on va se tutoyer hein… » me dit-il.
Alors, outre le fait qu’il m’ait piqué ma réplique (oui d’habitude c’est moi qui propose d’emblée, ou alors je le fais direct sans même avertir -j’ai même tutoyé ma coordonnatrice REP, c’est dire-), j’ai trouvé que son aisance ne faisait pas très naturelle…
Cependant, il est jeune (il n’a pas l’âge de son prénom), il est blond et il a l’air de débuter dans le métier… Je lui laisse donc le bénéfice du doute et décide de faire mon possible pour m’entendre avec lui.
Le cours commence. Pédagogiquement il assure, mes élèves sont parfaitement attentifs et adorables (exemplaires presque) et il m’assigne un atelier à surveiller. Très bien !
Sauf que je suis le genre de personne à imposer le respect à cause (ou « grâce », ça dépend des fois) à mon allure un tantinet renfrogné et ma mine sérieuse et professionnelle.
Alors je ne sais pas si c’est pour cette raison qu’Henri est repassé au vouvoiement très rapidement, mais j’ai trouvé ça étrange.
Tellement étrange que je n’ai pas pu n’empêcher de lui notifier par une petite phrase innocente sortie de mon cerveau, puis de ma bouche encore plus vite que le Thalys de 16h16 :
« Ah ? on ne se tutoie plus ? »
Il a été choqué, ou bien vexé, ou bien je ne sais pas quoi encore. Il a cessé de me parler et a rapidement concentré ses efforts sur le rangement du matériel.
Depuis il ne s’adresse plus directement à moi ! Jamais !
Alors je ne sais pas encore exactement ce qui s’est passé au moment où j’ai dégainé LA phrase qui fit tout basculer, je ne me souviens plus du ton que j’ai employé et je n’ai aucun moyen de vérifier les expressions de mon visage à ce moment là, peut-être est-ce que tous ces éléments combinés donnaient une impression de critique, ou de moquerie… Je l’ignore, mais mon intention n’était pas là.
Ce petit épisode n’est malheureusement pas isolé. Celui-ci n’a aucune importance et je ne m’en soucie absolument plus aujourd’hui, mais imaginez qu’une telle chose se passe avec quelqu’un avec qui les liens affectifs sont importants. Il faut ensuite rattraper le coup, tenter de s’expliquer afin de ne pas altérer la relation à cause d’un malentendu.
Et c’est là que le bas blesse !
Je ne suis pas responsable de la façon dont les autres accueillent ma parole et je ne souhaite pas l’être. C’est en essayant en permanence d’être dans l’enrobage et la conciliation qu’on finit justement par se perdre dans les justifications.
Je ne souhaite pas justifier mes pensées, et encore moins ma franchise.
Je pars du principe (peut-être très naïvement), que quelqu’un qui va poser une question ou demander un avis est capable d’accueillir une réponse sans pour autant la prendre personnellement ou la considérer comme une insulte suprême à l’essence même de sa personne.
Le problème c’est que ce n’est pas le cas en général.
Et même moi parfois, lors des périodes de grande fatigue, ou lorsque je suis malade ou bien lorsque je meurs de faim et fais du sport (hum…), je suis moins apte à accueillir les paroles des autres de façon sereine.
Donc je comprends qu’on puisse être touché ou blessé, mais ponctuellement…
Je me rends compte que la grande majorité des gens ne fonctionnent pas ainsi.
J’en ai fait les frais et je ne sais pas comment réagir autrement que parler ou me taire. La nuance consistant à amener une vérité enrobée d’une substance gluante et mielleuse pour mieux faire passer la pilule de la vérité ne fait pas partie de mes options.
Alors du coup, la plupart du temps je me tais…
c’est pas si facile d’être quelqu’un d’entier.
Et vous, comment gérez-vous la vérité ?
Et bien écoute, de mon côté, pendant trop longtemps, j’ai été la gentille de service. Celle qui mesure ses paroles, celle qui fait en sorte de ne jamais dire de choses blessantes. La dernière fois c’était envers une de mes meilleures amies, au sujet d’un mec pour qui elle a le béguin. Elle m’a demandé ce que j’en pensais et alors qu’il est clair comme le nez sur la figure que le mec n’en a rien a faire d’elle, je lui ai répondu » j’en sais rien « .
Et j’en ai marre justement. Donc c’est cool que tu abordes le sujet. Dorénavant je dirai les choses.
Après comme tu l’as écrit, nous ne sommes pas responsable des pensées des autres.
Pour ton prof de sport… peut-être qu’il s’est senti impressionné, ou inférieur à toi.. Peut-être qu’à l’occasion tu devrais le complimenté pour son professionnalisme.
Rhaaa complimenter les gens c’est aussi l’un de mes points faibles les plus tenaces. Pas facile…
Non mais après je m’en fous bien hein… Et puis les sportifs j’ai plutôt tendance à les éviter en général donc ça va :)
Oh merde ! Je suis sportive !!!! lol
« -ifs » surtout….
« -ives » ça va :)
J’ai passé le plus clair de mon temps à essayer d’enrober les choses que j’avais à dire pour les rendre moins pénibles.
J’ai aussi passé un bon moment à gueuler après ma sœur parce qu’elle fait n’importe quoi.
Bilan : quand tu dis quelque chose que l’autre ne veut pas entendre, peu importe comment tu le dis, ça ne passera pas. Du coup, j’ai arrêté d’enrober. ça fait predre du temps, en plus.
Et moi ? bah pareil ! Quand ce qu’on me dit va à l’encontre de ce que je crois, je vais écouter, calmement, mais dans ma tête je serais en boucle « nan, c’pas ça. nan, même pas vrai ! »
Et c’est comme ça que tu n’avances pas et que tu te coltines un chevelu inutile et toxique pendant 4 ans !
Un conseil les gens : si vous ne voulez pas savoir, ne demandez pas, surtout à moi, en fait ! (ce conseil s’applique aussi à moi !)
Oui, voilà c’est ça…
Ou alors il faut faire comme ce que je fais avec mes élèves quand ils me posent une question con du genre « Huuu, ma page elle est finie, je fais quoi, j’écris derrière ? » Je lève un sourcil (façon Spock) et je lance un seul mot : « Devine »
Ca pourrait marcher non ?
« Elle est belle ma robe ? » « Devine »
« Tu crois qu’il me trompe ? » « Devine »
Putain j’ai inventé un concept !
Pas mal oui le concept ! Je n’y avais pas pensé :)
Allez, je commence lundi :)
Henri est non seulement jeune mais timide surtout. Je me mets à sa place je connais ca…
Il a du apprendre ou concocté un mode opératoire pour se présenter et aborder la première rencontre dans le cadre de son travail mais après la timidité revient au galop et le mutisme devient un rempart pour ne pas faire de gaffe.
D’autant plus avec une jolie femme ce qui est ton cas.
Certaines femmes font peur et intimident avec certains hommes c’est comme ca et c’est heureux finalement.
Tu sais quand même que je ne suis jolie que dans tes fantasmes non ? :)
Cela me semble assez « fou » comme réaction de ne plus du tout t’adresser la parole pour une phrase relativement anodine… même si elle pouvait contenir un certain sarcasme. D’un autre côté, en arrivant « à la cool », il doit bien se dire aussi que ça pourrait heurter… Enfin moi, quand je bossais encore, les stagiaires qui arrivaient hyper décontracté et tutoyant, je devais souvent les « recadrer »… parce que je trouve qu’on mélange un peu tout (boulot/potes, etc) et que ça crée de drôles de situations (parfois très inconfortables). Mais ce n’était pas le propos.
Comment je gère ? Bon ben, quand j’ai le temps de réfléchir je pense y mettre les formes et arriver à ne pas vexer… Maintenant, parfois ça sort tout seul aussi… et puis ça dépend de tellement de facteurs. Y compris l’humeur de la personne en face. Moi, ce qui me gonfle gravement ce sont les personnes qui disent qu’elles sont franches et qui en fait te balance à la tronche un tas d’horreurs et de jugements sous couvert de cette foutue franchise… je connais des spécialistes qui, après, ne comprennent pas et blablablabla… (je ne parle pas du tout de toi hein… je précise ^^)
T’as essayé d’en causer avec Henri ?
Alors je ne me sentais pas trop visée, ça va…. J’essaye la plupart du temps de faire hyper gaffe et de Toltèquiser un max mes paroles (et mes pensée du coup aussi, ça va avec). Il est donc de plus en plus rare que je sois dans le jugement.
Bref
Après, il m’adresse toujours la parole, mais il s’arrange pour ne jamais m’appeler ni n’utiliser de pronoms personnels… Ça donne un dialogue assez étrange (un peu comme les médecins qui te disent « allez, on va s’allonger » et à qui j’ai envie de demander « Ah ? tous les deux ? »), sauf qu’il évite le « on » aussi, c’est bizarre :)
Cool, j’allais justement te parler des accords toltèques qui m’aident bien :)
Je suis d’accord avec Laurent, ce mec (jeune) a dû apprendre un script pour paraître à l’aise. Il a merdé à un moment (perso, j’utilise aussi des tournures de phrases sans pronom pour parler à mon chef, que je ne sais ni vouvoyer, ni tutoyer). Tu lui as bien mis en évidence qu’il avait merdé dans son script, résultat il est perdu ^^ j’ai presque pitié de lui, tiens !
Oui, présenté comme ça moi aussi.
Bon, ce n’est pas bien grave, je ne l’ai pas frappé au visage non plus :) Il s’en remettra !
J’en connais aussi des comme ça ! Je reste, dans la mesure du possible, loin d’eux. Je suis trop sensible et après ça me bouffe !
Bah, en somme ça ne me touche pas plus que ça… C’est pas comme si c’était quelqu’un d’important pour moi…
je me retrouve dans ce que tu dis. et en ce que dis nina en comm’ sur facebook aussi. ma mère me reproche très souvent de ne pas être diplomate, d’avoir la critique trop facile et d’être trop passionnée dans les débats. Puis elle me balance » ah bah c’est tout l’un ou tout l’autre, maintenant tu tires la tronche et tu ne parles plus du tout » !
bah de toute façon, quoi que je pense, quoi que je dise, c’est jamais ce qu’il faut à qui que ce soit donc…
et p’is je ne sais pas mentir. alors dans notre société ça pause pas mal de problème !
Moi je sais mais ça se voit sur ma gueule alors :)
Et oui dans tous les cas les gens ne sont jamais contents d’façons..
pfff, c’est des cons ! *mode asociale on*
héhé
Je connais bien la situation.
Par pour moi directement car je suis quelqu’un de génial qui comprend tout et sait s’exprimer avec tout le monde (dans mes rêves du moins).
Mais j’ai une femme et une fille qui disent les chosent tel qu’elles viennent et ne les reçoivent pas obligatoirement comme c’était pensé.
Donc je dois faire le traducteur pour que ça ne parte pas en cacahuète (même si c’est bon les cacahuètes)
Putain mais voilà ce qu’il me faut : Un mec interprète !!!!!
Comme quoi, je suis vraiment génial, je t’ai trouvé une solution ;)
On va dire ça ;)
? J’vois rien !
Ma mère m’a dit récemment que j’étais un peu rude dans mes propos . J’ai l’habitude de dire les choses comme je les pense sans trop d’enrobage quand il s’agit de mes proches . En revanche au boulot , si mon propos est du même ordre quand je parle à mon chef , je suis beaucoup plus diplomate voire consensuelle avec mon équipe . Là j’essaie d’adapter mon discours à ce que je pense que le collaborateur en question est capable d’entendre et de digérer .
Ben voui, voilà. J’ai failli le mettre dans mon billet mais je ne l’ai pas fait.
Évidemment j’enrobe quand je suis payée pour (= au boulot)
C’est clair que je ne vais pas dire aux mômes qui me demandent pourquoi je refuse qu’ils me touchent « parce que tu es plein de microbes et que je n’ai pas envie de chopper tes miasmes »
Bon ok, si, des fois je leur dis…
L’humour ! Je m’en sers beaucoup pour faire passer des petits messages aux gens qui m’agacent à faire semblant de pas me comprendre, avec un grand sourire désarmant. Et… ça marche… souvent ;)
Le décalage discours/posture change la donne et peut retenir davantage l’attention de l’interlocuteur, voire même lui faire entendre ce qu’on a à lui dire.
Exemple : un type arrivé à mon comptoir qui voulait pas faire la queue pour acheter des tickets-boissons et payer en espèces sa consommation, qui me sourit et part attendre son tour après un « C’est le jeu ma pauvre Lucette! »
Le problème : ça marche pas avec les gens qui n’ont pas de second degré… Rien n’est parfait !
Ben, je pensais être drôle en lançant le fameux « ah on ne se tutoie plus ? »
Mais effectivement Henri doit manqué de degrés…. Ou bien j’ai mal géré ma vanne (c’est possible aussi :))
Le paramètre non maîtrisé de la sensibilité / susceptibilité / andouillerité (rayons les mentions inutiles) est peut être la seule explication. D’une manière générale, si la forme est respectée mais que le résultat est épidermique, la seule personne qui doit se poser la question est celui ou celle qui se sent agressé.e. Le fait de suréagir à un propos est bien souvent l’expression de son propre mal-être plus que le propos en lui même ! Me concernant, je peux réagir de manière scorpionnesque, mais il me faut juste le temps de la réflexion pour me demander pourquoi. Et souvent, la problématique vient de … moi :-D
Tu as sans doute raison, mais au moins tu as la présence d’esprit de t’interroger sur toi-même.
Et ce n’est pas le cas de tout le monde !
Pas facile ! Pour ce qui est de faire face à la vérité, personnellement, je dirais comme toi que quelqu’un qui pose une question ou demande un avis devrait être préparé à entendre la réponse. Après, dans la pratique, c’est souvent plus compliqué… Plus facile quand on connaît assez la personne et qu’on est habitué au fonctionnement l’un de l’autre, j’imagine. Avec les gens qu’on côtoie juste tous les jours, les différences de caractère peuvent être un problème.
Pour ton collègue, euh… j’avoue que je ne saisis pas trop sa réaction non plus :/
Effectivement je pense que connaître la façon de réagir de l’autre simplifie grandement les choses.
pareil je me tais, car la dernière fois que j’ai été franche, je l’ai payé cher, très très très très cher !!!!!
A ce point là ?
Oh que oui !!! Et par ricoché ma pauvre maman en a fait les frais aussi… Donc maintenant je la ferme
Voilà…. On apprend dans la douleur