Sexy et dans le vent #9 – Maun de Demago


Ma vie avec les stars / vendredi, mai 31st, 2019

Voilà un moment que cette rubrique n’avait pas été honorée, c’est pourquoi il me fallait un neuvième invité formidablement Sexy et incroyablement dans le Vent.
La sexitude, il suffit d’écouter quelques titres de leur dernier EP pour se la manger de plein fouet, et pour le vent, on appréciera l’air un peu différent qu’il amène sur le paysage musical actuel.

Maun de Demago s’est prêté au jeu ce mois-ci, et nous offre une interview magnifique.

Voici mes questions orbitant autour des 6 raisons (psychologiquement prouvées) de la fascination pour les peoples, et le shooting-photo décalé et printanier !!


Raison numéro 1 : Vivre par procuration.

Aujourd’hui, avec la sortie de cet EP, de quoi avez-vous envie ?

De tourner un maximum et d’essayer de faire entendre une voix et un univers différent. On cherche des thèmes relativement personnels, car je pense que le travail de l’artiste est là.

Moi j’aime beaucoup l’idée de Deleuze comme quoi l’art c’est poser des questions, s’interroger, aller chercher, sans forcément apporter de réponses d’ailleurs…
C’est pour cette raison qu’il ne faut jamais se prendre au sérieux, je pense qu’on fait de l’art par nécessité, c’est une pulsion, on ne choisit pas…
Sauf peut-être quand on fait de la merde.

En ce moment on est déjà en création, cet EP « Le cœur de l’atome » est l’antichambre d’un mouvement, comme le premier coup de pinceau sur la toile. D’autres suivront, ce sera une succession d’EP.
Le numéro deux s’appellera « Battement ».

    Moment shoot : La photo sexy !


Raison numéro 2 : Le Schadenfreude*

*Plaisir des mésaventures d’autrui

Et depuis le début de votre carrière, de quoi êtes-vous les moins fiers ?

Peut-être d’avoir mis dix ans à avoir fait un deuxième EP.
Parce qu’on a quand même pris une tarte sur le premier album, Hôpital. On a fait beaucoup de conneries, on a choisi le mauvais label, il y a eu une espèce de synergie entropique.

Il a fallu digérer ce demi échec. J’aimais beaucoup Hôpital, tout en rêvant de plus grand, de différent… On a fait plusieurs projets mort-nés, ce qui fait qu’aujourd’hui on a beaucoup de matériel.

On se dit qu’on a merdé, qu’on a manqué d’amour… On s’est fait largués par nos partenaires et comme on tenait à des choses, eh bien il a fallu digérer.

Donc dix ans ont passé, mais entre-temps on a fait des enfants quand même… Ce qui n’est pas rien dans une vie !

Moment shoot : La photo volée.


Raison numéro 3 : Avoir besoin de narration.

Alors justement, de vos prix en 2003 à cet EP en passant par Hôpital en 2008, comment ont évolué vos créations ?

Hôpital était une sphère très socio-politique, le but c’est aussi d’en sortir.
Le cœur de l’atome part sur l’idée d’Hegel « supprimer en conservant », c’est d’être dans une continuité en étant différent !

On utilise le monde extérieur, sa beauté comme sa laideur, on s’intéresse à l’autre, on pose un regard clinique sur la société.
Pour moi c’est à cela qu’on reconnaît les bons textes : dix ou vingt ans après, leur vision des choses n’aura pas changé !

Mon angle d’attaque artistique c’est l’observation de mes confrères et mes consœurs, et si parfois la narration est aussi sombre, c’est en partie la faute à mes balafres personnelles mais aussi parce que cette observation du monde ne me dirige pas vers l’optimisme.

Moment shoot : Le selfie


Raison numéro 4 : Se substituer.

Si tu devais être un(e) humaniste, qui serais-tu ?

J’ai toujours été relativement passionné par Louise Michel, qui était une figure de proue de l’anarchisme français.
Dans un moment de l’histoire où les femmes n’avaient pas le droit de vote et étaient des citoyennes de seconde zone, elle débarque et fait preuve d’un courage exceptionnel !
Elle représente une figure imbattable, avec un verbe qui irradie, une élocution incroyable.

J’aime bien ces personnages qui sont portés par une cause, qui font que quand on est à côté d’eux on se sent petits.
En fait, ils sont porteurs d’un discours qui n’est pas réductible à un « je ». Leur « je  est multiple.

C’était aussi ce que suscitait Mohammed Ali et le texte de notre chanson « Carré blanc » fait référence à la façon qu’il a eu de dire à cette population blanche suprémaciste qu’il n’était pas leur nègre. Il refuse d’aller servir au Vietnam et c’est génialissime.

Voilà ceux qui, pour moi, sont des vrais personnages !

Moment shoot : La photo Feel good


Raison numéro 5 : Avoir un lubrifiant social.

Quel est le sujet de conversation sur lequel tu as tendance à t’emporter le plus ?

Alors, clairement la politique. Là c’est le brasier.

Déjà c’est très narcissique la politique…
Alors comme disait ma psy *rires*, « il n’y a de narcissisme que par la faille », et chez moi la politique est une béance !
Et pourtant je me suis assagi !

Je pense que c’est parce que ça touche à des ressorts comme l’égoïsme, comme l’injustice et ça me rend fou.
Parce qu’il faut savoir que l’être humain est un animal sociable, on doit se rendre compte qu’on est incroyablement faible, qu’on a besoin des autres… Et en partant de là, on arrive à la politique, à la médiocrité, c’est l’atomisation en créant un collectif dilué.

Et donc finalement en ce moment c’est surtout l’absence de politique, le moi-je, la dilution du propos, la ringardisation des mouvements collectifs type syndicalisme, l’éradication totale des clivages, les propos informes et vides de sens, une politique désincarnée et un nettoyage de toute forme d’idéologie pour arriver à quelque chose qui peut vite me faire péter les plombs.

A cet égard, un mouvement comme les Gilets Jaunes a réussi à réunir des milliers de gens dans la rue, ce qu’aucun mouvement de gauche n’a réussi à faire depuis 68. Ça en dit long sur l’état de la gauche dans ce pays.

 

Moment shoot : La photo de fan (c’est moi la fan)


Raison numéro 6 : Le désir d'ascension.

Alors finalement, comment devenir vous?

Ah bah va falloir bosser !

*Rires*

Déjà apprendre à supporter le malheur
Apprendre à ne pas aimer sa gueule
Avoir une bonne dose d’autodérision
Développer une énorme complaisance à l’égard de la tristesse
Savoir rire de cette énorme complaisance à l’égard de la tristesse
Apprendre à ne pas aimer les gens pour mieux savoir les défendre
Cultiver une énorme soif de solitude
Ne pas culpabiliser quand on ouvre une bonne bouteille de vin tout seul

Et puis quand même essayer d’être heureux, il paraît que c’est bon pour la santé !

Moment shoot : La photo Harcourt


Après cette entrevue, je ne peux que vous conseiller d’aller faire un tour dans l’univers de Demago. Déjà en découvrant ce dernier EP paru en janvier, mais aussi en vous tenant au courant des prochaines scènes (car il y en aura) en restant connectés au Facebook, à l’Instagram ou au Twitter.

D’ici peu, leur chaîne youtube nous offrira deux nouveaux clips, « Je savais » et « Toujours en équilibre » avant de retrouver « Battement » en septembre 2019.

Et cette fois, on n’attendra pas dix ans !

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