Des fois, ça me prend comme ça.
Des fois j’ai un coup de chaud qui dure 5 secondes 32 que je regrette juste après.
Des fois je propose un verre à un illustre inconnu juste parce que je sens que ma routine me pèse.

Le plus souvent, l’inconnu ne peut pas.
Le plus souvent, ma demande est trop rapide, trop cash.
Le plus souvent, un refus à cette proposition m’arrange et m’agace à la fois.

Celui-là il a dit oui sans hésiter.

Je ne sais rien de lui, sinon qu’il est plus jeune, sinon qu’il est parisien, sinon qu’il est chevelu. Dans ma molle quête (qui n’en est même plus une tant la motivation est allée se planquer bien ailleurs), j’ai envoyé un mail par soir depuis la rentrée à des gens croisés sur AuM.
Peu ont répondu (je crois que mes premiers messages étaient aussi réussis que ceux que je vous présente le samedi), mais quelques jolies conversations ont tout de même été commencées. Toutes avec des gars trèèèèèèèèès loin de mon lieu de résidence (peu du coin me plaisent, ou alors je les ai déjà baisés rencontrés)

Lassitude donc.

Mais j’accomplis ma tâche consciencieusement : chaque soir j’essaye d’en trouver un qui ne me déplaît pas, ou un nouveau, ou un qui serait passé entre les mailles de mon filet depuis le temps.
Et hier je suis tombée sur lui.

Blond (pas fan des blonds), yeux bleus (encore moins fan des yeux bleus), avec des lunettes (argh, beurk, j’aime pas les hommes à lunettes, je crois qu’aucun de mes ex n’en avaient) mais chevelu (on sauve les meubles) et avec une annonce assez intéressante et qui me ressemble quand même pas mal.

Il répond à mon premier message fadasse d’une manière très rapide et relevant le niveau d’un cran. J’aime bien. Il semble avoir du caractère et une certaine forme de cynisme. Il ne veut pas échanger sur le site (il dit qu’il en partira sous peu), je ne veux pas échanger par mail (je dis que ça me rappelle trop le boulot), nous nous filons donc nos numéros.

4 textos plus tard je lance ma perche des soirs de solitude : boire un verre ?
Il me répond vendredi
Je lui répond Châtelet
Il me répond 20h00

(informations erronées hein, par respect pour le blond et moi-même, je ne permettrai pas que vous interrompiez notre rendez-vous pour découvrir qui se cache derrière mon incroyable anonymat)

Et évidemment aujourd’hui je regrette presque déjà !

Un côté de moi se dit que ça peut être une bonne soirée, parler avec quelqu’un de nouveau, sortir de ma routine.
L’autre peste sur la fatigue que je vais devoir surmonter et l’argent que je n’ai pas mais que je vais dépenser bêtement dans un cocktail à 12€.

Mais absolument aucun côté ne voit ça comme un potentiel espoir de peut-être rencontrer quelqu’un… Et je trouve ça triste.

Alors je ne sais pas si c’est parce que je cultive les désillusions, ou parce que j’ai armé ma carapace au niveau max, ou parce qu’il ne m’aide pas à l’oublier, ou parce que je sais tout simplement que comme ça, de visu, ce gars-là ne me plaira pas plus que ça…

Ou tout simplement parce que des soirs comme ça, j’en ai vécu des centaines (oui, des centaines) et que je sais très bien que je suis à la fin de ce voyage-là.

Seule.